Aujourd'hui, j'ai ce stupide shooting SM avec Patrick. J'aurais largement préféré rester avec Jake évidemment. Mais quand il faut y aller, faut y aller !
Je commence à avoir de plus en plus de mal à me passer de lui. Je suis devenue complètement accro à ce mec ! J'ai l'impression que plus rien n'existe quand il est là. Je n'ai pas peur, je me sens bien, je ne pense plus. Mais dès lors que je le quitte, une multitude de questions et de doutes m'envahissent la tête. Comment vais-je faire quand il ne sera plus là ? Je me suis habituée à sa présence et à le voir maintenant tous les jours. C'est clair qu'on est loin d'être juste amis maintenant. Des potes de coucherie ? Ça n'existe pas. Enfin, d'après Moi, pas sûr le long terme. Une aubaine qu'il ne reste pas indéfiniment dans le coin celui-là ! C'est un coup à tomber amoureuse à deux cent pourcent.
Jake a sa vie à New-York, son boulot, et il peut avoir qui il veut d'un claquement de doigts. Ici, je suis sa distraction pour que le temps lui semble moins pénible. Je le savais et j'ai décidé de faire avec. Alors pourquoi ai-je tant de mal à l'accepter ? J'avoue, ça me fait chier. Je sais qu'il m'oubliera dès que le panneau « Camden » sera derrière lui.
Tu pensais quoi ? Les contes de fées n'existent pas.
***
- Bordel de merde ! s'exclame Patrick en me voyant entrer dans son studio.
- Ouais comme tu dis ! J'espère que Sherry est là pour camoufler ce désastre !
Ça fait plusieurs jours que Cameron m'a agressé, mais les marques sur ma gorge sont encore bien présentes. Ma plaie à l'épaule a cicatrisé, et l'hématome sur ma hanche n'est presque plus visible. Un bon coup de maquillage et quelques retouches et personnes n'y verra rien. Si seulement tout pouvait s'effacer avec du fond de teint et Photoshop...
Depuis ce soir là, mes vieux démons ont refait surface. Je fais des cauchemars atroces avec Cameron, ou Dave. Je revis toutes les nuits cette torture que ce connard de Dave m'a fait endurer. Je me réveille souvent en pleurs. Ce qui est étrange car je ne pleur plus depuis des années. Depuis la mort de mes parents en fait. Même lors de ma déposition, en racontant mon histoire, pas une larme n'a coulé.
Je me suis toujours forcée à rester digne et forte depuis l'accident. Mais c'est à croire que, lorsque je dors, je redeviens cette petite fille triste et faible.Patrick me questionne sur le pourquoi de ces marques sur mon cou. Je lui explique rapidement sans trop rentrer dans les détails pendant que j'enfile une combinaison en latex. Beurk ! J'ai horreur de porter ça. Je me sens comme... Oh merde !
- Alie, je te présente Tyler. Il va poser avec toi.
Je regarde cet Apollon déjà presque à poil qui me sourit.
- Tu ne m'avais pas dit que je serais accompagnée, dis-je en me décomposant.
Merde, merde, merde !
- Je ne pensais pas que ça serait un problème. C'en est un ? demande Patrick.
Oui c'est un putain de problème !
- Non... bien sûr que non, dis-je en tenant de paraître aimable.
Comment expliquer à Patrick que je ne supporte pas qu'un mec me touche s'il n'est pas Jake ? Tyler va devoir ranger ses mains et faire attention s'il ne veut pas que je l'enterre dans l'heure.
Ce bâtard de Ian Fleming avait été l'heureux élu. Et je ne m'en souviens pas, ou peu et Dave m'a volé ma dignité. Je me rappelle ce que j'ai ressenti quand Gordon-le-mort-de-faim a posé sa main sur mon épaule. J'étais écœurée, mais avant tout, j'avais peur. Alors qu'avec Jake, je ne ressens rien de tout ça. Je n'ai pas peur de lui, de ces gestes. Au contraire, c'est tout ce que je veux.
Tyler est nu, à genoux par terre, la tête baissée. Je dois faire semblant de le punir avec une cravache telle une dominatrice. Quelle horreur ! Ma combinaison en latex m'étouffe et me démange. Je tourne lentement autour de Tyler en l'effleurant avec le bout de la cravache. Putain il aime ça ce con ! Je le vois qui apprécie chacun de mes gestes, et j'en suis malade. Je percois même ses frissons derrière mon passage et ça me dégoûte. Mais tant qu'il ne me touche pas, tout ira bien.
Je continue durant plus d'une heure en changeant de vêtements, si on peut dire ça, et d'accessoires. Menottes, fouet, martinet et j'en passe. Il y a vraiment des gens qui aiment ce genre de truc ?! Patrick nous dirige dans les positions à prendre et les expressions à adopter. Je soupçonne le photographe de s'adonner à ce genre pratiques. Cependant, j'ai du mal à imaginer Sherry dans un tel rôle. Enfin bref... Dégueu !
- Allez chérie ! Inversons les rôles ! Quoi ? Tyler, enfile lui ça.
Patrick lui tend des liens en cuir qu'il s'empresse d'attraper. Je me retrouve les seins à l'air dans un short en cuir bordeau, de la même couleur que les liens qu'il s'apprête à me mettre. Je regarde l'Apollon qui prend soin de ne pas me faire mal alors qu'il est en train de m'attacher les poignets. Il est très beau. Le teint hâlé, et des muscles d'enfer. Son corps ferait tomber n'importe qu'elle fille, qu'il soit nu, ou pas n'y changerait rien. Mais mon cœur s'emballe à cause de sa proximité dérangeante. Je dois faire un effort surhumain pour ne pas le repousser. Si je n'avais pas besoin de ce job, à cet instant précis, je serais partie comme une gamine effrayée à qui un pervers a tendu un bonbon.
Tyler prend délicatement mon bras pour me diriger. Tous mes membres se crispent à son contact. Respire... Fais le vide... ne pense plus...
Je ne sais combien de temps la séance a encore durée, tout ce que je sais, c'est que j'avais hâte que ça se termine. J'ai tenté par tous les moyens de me mettre en « mode OFF », zéro émotions, mais Patrick m'a fait remarquer que je n'avais pas la bonne attitude. Désolée de ne pas être une soumise dans l'âme !
***
Patrick me remercie et me tend mes quatre cent dollars habituels. Je les prends, honteuse. Pourquoi ? Je n'en sais rien ! Je sors du studio, complètement perdue et dans un état second. Vite que je me casse de là !Alors que je suis en train de glisser la clé dans la serrure pour ouvrir ma voiture, Tyler s'adosse à celle-ci. Quoi encore ?
- On pourrait peut être aller se manger un truc ? me propose-t-il.
Euh, je ne crois pas non !
- Désolée mais je n'ai pas faim.
T'aurais pu mieux faire.
- Ou on peut aussi faire autre chose.
Il laisse sa phrase en suspend pour me laisser imaginer la fin. Il entortille son doigt dans une mèche de mes cheveux au niveau de mon épaule, me raidissant encore plus. Dégage putain !
- Pas intéressée... désolée. Maintenant si tu veux bien te pousser... j'ai rendez-vous, dis-je sèchement.
Il se pousse en me regardant l'air penaud. Je lui suis reconnaissante de ne pas avoir insisté plus. Il croyait quoi ? Que j'allai m'allonger ? C'était juste des putains de photos ! Va vraiment falloir que je trouve un autre job un de ces quatre !
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Supplie-moi [Partie 1]
RomanceJake Adams, adepte de la "chasse" part s'exiler pour trois mois chez son oncle après avoir été suspendu pour faute. Ce jeune avocat de 26 ans en quête de réussite et de pouvoir, et surtout d'un bon plan cul va devoir se trouver une distraction pour...