#17 Jake

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Onze heure du soir... Où elle est ? 

Ça fait maintenant trois quarts d'heure que j'attends dans le noir, assis devant sa porte et elle n'est toujours pas arrivée. Il est rare qu'elle finisse si tard un soir de semaine. Peut-être qu'elle sort ce soir après le boulot... Tout un tas de questions tourbillonnent alors dans ma tête sans que je ne puisse rien contrôler et ça me rend dingue de ne pas maîtriser mes putains d'émotions.

Tu croyais quoi putain ?  Elle ne t'appartient pas ! 

J'hésite à allez voir au California si elle y est toujours mais je lutte et tente de me convaincre que ce n'est pas une bonne idée. Trois jours que je ne l'ai pas vu et je sais bien qu'elle m'évite. Je ne suis pas encore complètement stupide. Mais pourquoi ne veut-elle plus me voir bordel ? Et pourquoi ça m'emmerde à ce point ? Qu'est-ce j'ai bien pu faire pour l'éloigner ? Avec son sale caractère, je m'attends à tout.

La cage d'escaliers s'allume plusieurs minutes plus tard.  Enfin, elle est là !  J'entends des pas qui montent jusqu'à moi d'une manière plutôt lente. Putain de merde !  Je me lève brutalement, choqué par ce que je vois. 

- Putain Alie ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?  dis-je en  la rejoignant.

Sa gorge a d'énormes marques. Des bleus. Son épaule saigne un peu et elle porte un vêtement déchiré dans sa main. Je suis en train de vrille sévère intérieurement. Je tente de garder la face pour ne pas l'effrayer, mais là, clairement, j'ai envie de foutre mon point dans le mur d'en face pour voir si ça va me calmer.

- Tu saignes !

Je saisis doucement son bras pour regarder sa plaie à l'épaule. Ça n'a pas l'air grave mais quand même...

- Ça va...  Tu devrais voir la gueule de l'autre gars, rit-elle en s'éloignant et glissant sa clef dans la serrure.

- Merde Alie c'n'est pas drôle ! râlé-je en la fusillant du regard. C'est qui l'enfoiré qui t'a fait ça ? !

- C'est bon Jake, j'ai eu ma dose pour ce soir. Alors soit tu rentres et tu ne me prends pas la tête, soit tu t'en vas !

Je reste bouche bée, ne sachant pas quoi répondre à ça, tandis qu'elle entre chez elle.

- Alors, tu viens ou pas ? lâche-t-elle.

Je la suis donc à l'intérieur, muet. C'est n'est pas du Jake Adams ça ! Je l'observe jetter le vêtement déchiré sur sa commode à l'entrée. Je m'en empare alors qu'Alie entre dans la salle de bain. Je tiens dans mes mains son t-shirt de boulot, celui où son prénom est écrit au dos. Je regarde ce bout de tissus défoncé et je sens mes joues rougir de rage. J'ai envie de hurler de colère. Je me mords la lèvre pour faire passer mon envie. Si je trouve l'enfoiré qui a fait ça, je le bute !

Je me dirige ensuite vers la salle de bain en entendant Alie jurer. C'est bien la première fois que je l'entends parler ainsi. Elle est en sous-vêtements devant le miroir. Une bouffée de chaleur m'envahit alors juste en la regardant. Une fois à côté d'elle, ma température redescend aussi sec en voyant l'état de sa gorge, sa plaie à l'épaule et l'hématome qu'elle a sur la hanche. J'ai à nouveau envie de tout fracasser autour de moi. Mais je ne veux pas l'effrayer alors je ne fais rien. Le contrôle Jake, le contrôle. Je me contiens du mieux que je peux pour ne pas me laisser exploser devant elle. Je suis dans une colère noire, et me retrouver dans cet état n'est pas dans mes habitudes. Alors en plus d'être affreusement énervé, je suis également troublé par tout ce qui passe dans ma tête.

- Laisse-moi faire, dis-je en prenant la compresse imbibée d'alcool dans la main de ma belle rousse. Assieds-toi.

Elle s'exécute en baissant le couvercle des toilettes pour s'y assoir.

- Merde ça pique ! râle-t-elle.

Elle grimace lorsque la compresse se colle à sa peau. Je fais attention de ne pas appuyer fort pour éviter de la faire souffrir davantage et nettoie sa plaie soigneusement. Si un jour on m'avait dit que je jouerais les infirmières...

- Désolé si je te fais mal, dis-je.

- Nan ça va. J'ai connu pire.

Sa déclaration me fait bouillir rage une fois de plus. Comment ça pire ?

- Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il s'est passé ? 

Attention, terrain miné Jake ! 

- J'étais toute seule pour fermer ce soir, commence-t-elle en me regardant en train de la soigner. Un abruti a crevé mon vélo. Il m'attendait... complètement bourré.

Le fils de pute !

- Et tu devines la suite.

- Il n'a rien fait de plus que... ça, dis-je en désignant les marques sur son corps.

- Je ne laisserai personne me faire une chose pareille ! Plutôt crever ! s'énerve Alie.

Je lis la haine dans ses yeux. Et je me dis à cet instant que quiconque a une idée de ce genre en tête est déjà  raide mort.

- Et tu ne veux pas me dire qui c'est ?
dis-je tout bas pour ne pas la brusquer  un peu plus.

- Connard numéro deux, dit-elle en levant les épaules.

Elle ne lâchera rien. En tout cas, pas maintenant. J'attendrais. Ou pas.

Alie me tend de la pommade à mettre sur ses bleus. Je mets de la crème au creux de mes mains, puis la masse délicatement au niveau de la gorge. Elle grimace sous mon contact et j'ai horreur de ça. Je sais que je lui fais mal. Ça me dégoûte de la voir abîmée ainsi. Alie pose ensuite sa main droite sur mon épaule pour que je puisse étaler la crème sur sa hanche sans être gêné par son bras. Je prends mon temps et la masse doucement encore une fois. Elle est si belle. Si douce. Elle me regarde m'appliquer comme un écolier qui doit se concentrer pour ne pas dépasser les traits noirs de son coloriage. Lentement, avec l'aide de son bras sur mon épaule, elle m'attire vers elle. Sa bouche se pose sur la mienne pour me donner un baiser d'une tendresse inouïe. Jamais elle ne m'avait embrassé comme ça.  D'habitude, tout est plutôt, sauvage entre nous. Mais là, ce baiser est différent. J'en savoure chaque instant en priant pour que ça ne s'arrête plus.

Sa main dans mes cheveux, je sens qu'elle se perd à son tour dans ce tendre baiser. C'est tellement bon d'être là. Petit à petit, sa langue devient plus pressante avec la mienne. Son étreinte se fait plus forte et sa main se resserre dans mes mèches de cheveux. Instantanément, je sens mon entre jambes durcir. Son corps appelle le mien d'une façon incontrôlable. Sa seconde main rejoint l'autre dans mes cheveux alors que la mienne se dirige vers l'agrafe de son soutien gorge. J'ai tellement envie d'elle putain ! Mais je me rends compte que c'est bien plus qu'une envie. C'est un besoin presque irréel.





Supplie-moi [Partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant