Supplie-moi [Partie 1]

#9 Jake

- Alors mon p'tit Jake... raconte moi, me dit Leslie installée dans la voiture.

- Par où commencer ? dis-je en regardant la route, les mains agrippées au volant, les yeux rivés vers la nuit.

- Attends... laisse-moi deviner... Y a une fille là-dessous, dit-elle souriante.

- Comment tu ...

- Et je peux même te dire que c'est cette fille... Celle qui fait des sushis dans la cabane. La rousse hein, pas la japonaise, se marre-t-elle.

Je regarde Leslie en oubliant la route. Bordel ce qu'elle peut etre conne quand elle sy met ! Mais comment peut-elle savoir ça ?

- Ouais je sais... Je suis trop balaise ! se vante ma sœur en me voyant sourire.

- Qu'est-ce qui te fais penser ça ?

T'es cramé mon gars.

- T'aurais du voir ta tête quand on la vu la première fois. T'as jamais eu l'air aussi con devant une fille.

Leslie se marre et se moque de moi en tentant d'imiter la tête que j'avais ce soir là. Affligeant.

- Ouais je ne sais pas ce que j'ai avec elle putain ! J'arrive pas à me la sortir de la tête ! Ça me rend fou ! m'énervé-je.

- T'es piqué frérot ! annonce-t-elle en tapotant sa main sur ma cuisse. Piqué ? Complètement accro !

- Accro ? Moi ? Arrête un peu... les filles je les enchaîne. J'n'ai jamais été accro de qui ce soit ! Et t'en as été témoin des centaines de fois !

Mais peut-être que Leslie a raison. Alie a laissé son empreinte sur moi le jour où elle l'a aussi laissé sur ma carte de crédit. Mais comment c'est possible ? Moi qui me surnomme "Monsieur-zéro-sentiments". Monsieur plan cul ouais !

Depuis l'histoire du parking, je ne pense qu'à ça. Je ne veux pas passer à autre chose. L'autre soir, j'ai même appelé au California pour entendre sa voix. J'ai raccroché, mais pas sans l'avoir entendu. Putain c'est quoi mon problème ?

"California bonsoir ..."

Durant le reste du trajet, j'ai tout raconté à Leslie. La soirée sushis à la maison, Gordon-le-bourrin, sa prise pour l'immobiliser. Elle a été magique d'ailleurs ! Je lui parle de la fois où elle a oublié son t-shirt, puis son téléphone. Lorsque je l'ai porté pour la coucher après l'avoir regardé dormir sur mon canapé pendant une heure au moins. Quand nous nous sommes embrassés... Putain c'était... waouh !

Je n'ai pas reconnu la sensation que j'avais l'habitude de ressentir. C'était très différent, mais tellement mieux.Tellement intense. Comme un besoin viscéral. En temps normal, quand j'embrasse une fille, c'est uniquement pour lui faire comprendre qu'il m'en faut plus. Bien plus. Et j'ai toujours ce que je veux. Mais avec Alie, j'étais moins pressé. Je savais qu'il fallait y aller doucement pour l'apprivoiser. Et ça m'allait comme ça. Je trouve ca divinement excitant d'ailleurs. Je me foutais pas mal du temps que ça prendrait, mais j'aurai tout fait pour obtenir l'objet de mes désirs. Mais j'ai foiré... encore. Putain, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Leslie me dit que la réaction d'Alie est normale. Non pas que je doive lui rendre des comptes, après tout, on s'est juste embrassé. Il n'y a pas de quoi crier "divorce". Même si c'était totalement démentiel, ce n'est arrivé qu'une seule et unique fois. Et puis on n'est pas mariés merde ! Mais ma sœur pense que la belle sushi girl ne voit en moi qu'un coureur assoiffé de sexe. Ce qui est juste, mais... Putain Jake qu'est-ce qui te prend ?

***

Je regarde le lustre qui pend au plafond de ma chambre et soupir. Encore une putain de nuit de merde où je n'ai pas réussi à m'enlever la sushi girl du crâne. Je ne sais pas si c'est le faire qu'elle me résiste ou simplement le manque de sexe qui me monte à la tête, mais je suis gravement en train de vriller ! Il faut que je bouge. Je me lève et enfile un survêtement pour aller courir. Il est 06h00 du matin et j'étouffe. Faut que je me vide la tête. Il n'y a que ça à faire maintenant. Et vider tes couilles aussi !

Moi qui pensais que le pire dans cette escapade dans le Maine allait être Camden, l'enfer pour moi ; je m'étais bien trompé. À cet instant, la seule chose qui m'empêche d'être moi-même, c'est le fait que Alie me déteste et le rejette. Je ne veux pas qu'elle me déteste. Et surtout, je la veux !

***

Assis dans la cuisine, je prends mon téléphone pour consulter son profil Facebook. Putain un vrai taré. Je tape « Alie Miller » dans la barre de recherche. Putain il y en a des caisses ! Je parcours vite fait toutes les photos de profils quand mon regard s'arrête sur l'une d'entre elle. Ce n'est pas une photo d'Alie mais je sais que c'est elle. Sur cette photo, il y a seulement deux étoiles noires sur un fond blanc. C'est Alie, je le sais. Je clique dessus. Oui c'est elle. En photo de couverture, il y a une photo d'elle, de dos, portant une casquette avec une queue-de-cheval rousse qui en sort, et ce t-shirt noir sur lequel est inscrit son prénom. Je clique sur son album photo qui n'est pas très garni. Quelques captures d'écrans de Snapchat avec une fille. Parfois un mec. Son ex peut-être... Elle a l'air heureuse, elle est rayonnante. Je décide ensuite d'aller sur son mur. Là non plus il n'y a presque rien, à part des musiques partagées via YouTube. La dernière chanson partagée... Human de Rag'n'bone man. Connais pas. Je clique dessus et écoute attentivement les paroles pour comprendre ce qu'elle aime dans ce morceaux et je comprends assez vite.

"Je ne suis qu'un humain, après tout..."

***

Ça fait plusieurs jours que je n'ai pas de nouvelles d'elle et ça me ronge. Je n'arrive pas à me tenir éloigné de cette fille qui m'a totalement envoûté. Pourtant, elle n'a rien à voir avec le genre de femmes que je fréquente habituellement. C'est peut-être pour ça que j'ai tant de mal à l'ignorer. Alie est une énigme pour moi, qui ai toujours choisi la facilité. Un bar, une bombe, un regard, et mon pieux. C'est si simple d'habitude. Pourquoi je n'arrive pas à passer à autre chose ? Il m'ait rarement arrivé de prendre un râteau, mais lorsque ça s'est produit, j'ai tout de suite changé de cible, sans scrupules ni regrets. Mais si je n'arrive pas à arranger les choses avec elle, c'est clair que des regrets, j'en aurai des tonnes. Allez lance toi Jake ! Impossible de changer de proie. Elle mon Saint-Grâal. Je pourrais penser à une autre uniquement quand j'en aurai fini avec elle.

[À: Alie : Je suis désolé. Je ne voulais pas te blesser. Je regrette. Pardonne-moi. J. ]

Sa réponse ne se fait pas attendre très longtemps.

[De : Alie : Je t'ai déjà pardonné
C'est moi qui est été stupide de croire que ça serait différent]

[A : Alie : Je ne veux pas que tu te méfies de moi. J'aime beaucoup être avec toi]

[De : Alie : Moi aussi j'aime ça. Mais je ne peux pas te donner ce que tu veux]

[A : Alie : Tu ne sais pas ce que je veux !]

Alie ne répond plus après ça. Merde ! J'y ai peut-être été un peu fort.

Comment pourrait-elle savoir ce que je veux alors que je ne le sais pas moi-même ? Enfin, je sais que je la veux elle. Mais comment et pourquoi, je n'en ai aucune idée...