Supplie-moi [Partie 1]

#35 Jake

Les yeux rivés sur le hublot, je n'arrive plus à réfléchir. Je regarde dehors mais en réalité, je ne vois rien. Je suis totalement perdu et je n'aime pas cette sensation. Alie a complètement disparue de la surface depuis notre dernière nuit. Elle n'a répondu à aucun de mes messages, et Dieu sait que je lui en ai laissé des tonnes. Son téléphone n'est toujours pas allumé ou alors elle a carrément bloqué mon numéro. Cette derniere idée me trouble au plus au point. Pourquoi aurait-elle fait ça ? Je me suis même rendu chez elle, pour trouver une porte close. J'ai même été chez Evelyn en fin de journée, pour n'y trouver personne pour me dire ce qu'il se passe.

Ma tête me fait souffrir à l'idée de ne pas savoir où elle est passée. J'ai pourtant pris une dose conséquence de médicaments pour la douleur, mais rien à faire. Mon crâne me torture et j'agonise à petit feu. Pourquoi elle ne m'a pas prévenu ? Pourquoi ne m'appelle-t-elle pas pour me rassurer ? Pourquoi elle ne m'a pas dit au revoir ? Si elle voulait ne pas le faire, elle aurait tout simplement dû me dire qu'elle ne souhaitait pas passer ma dernière journée à Camden avec moi. Elle savait très bien que je devais partir aujourd'hui. Nous devions passer la vielle de mon départ ensemble, histoire de profiter l'un de l'autre une dernière fois avant de nous dire adieu. Mais en fait, elle n'en a rien à foutre que je m'en aille. Sinon elle serait venue et ne serait pas partie comme une voleuse.

Je sais que lui dire au revoir aurait été compliqué, mais là, je n'arrive pas non plus à gérer ce merdier. Peut-être que pour elle, c'était trop dur de me laisser partir alors elle a fuit. Je ne sais pas, c'est possible non ?

« Je ne veux pas que tu me laisses ».

Les bribes de la phrases qu'elle a prononcé avant de dormir tournent en boucle dans ma tête. Pourquoi est-ce qu'elle aurait dit ça si ce n'était que des conneries ? Si c'est Ç5a, Alie est très forte car elle a réussit à me faire douter là où il n'y avait pas la place de le faire.

Hier soir, j'ai même téléphoné au California pour qu'elle me donne une explication. Sakura m'a dit que Alie avait pris des congés. Pourquoi ? Pour mieux m'esquiver ? Je n'ai jamais vu cette fille comme quelqu'un de lâche, je me suis sans doute trompé.

Comme j'aimerais savoir ce qu'il se passe dans sa jolie tête rousse. Ça me rend complètement dingue !

- Ça va Jake ? demande doucement ma sœur assise à côté de moi en attrapant ma main.

- Ouais... ça ira mieux quand on sera arrivé, dis-je en tentant de me convaincre.

- Tu sais... Elle doit avoir une bonne raison. J'en suis sûre...

- De quoi tu me parles ? fais-je en la fusillant du regard.

- Alie, elle ne t'...

- Ne parles plus d'elle ! dis-je sèchement en rejetant la main de Leslie. Je me fous de savoir ce qui lui a prit OK ! Je devais partir, je suis partis. C'était le deal. Basta.

Alors pourquoi ça fait si mal ?

- Bien. Si tu le dis.

Je ne sais pas si je tente de persuader ma sœur ou moi à ce moment. Mais il faut que je l'oublie. C'est ce qui était prévu. Oublier Camden, et elle au passage. Monsieur-zéro-sentiments avait pris des vacances dans ce trou à rats mais il est de retour à New-York. Je ne vais pas laisser une fille manipuler mon esprit à ce point ! Une fille que je ne reverrai plus jamais de ma vie d'ailleurs. Alors autant cesser tout ce mange maintenant et m'éviter une migraine de plus.

***

Enfin chez moi !

Je lâche mes valises dans le hall d'entrée et avance doucement pour arriver en plein milieu de la pièce principale. J'aime cette odeur qui m'est si familière. Er par dessus tout, j'aime le silence qui règne ici.

En allumant la lumière, et découvrant cet endroit que j'aime tant, je me sens soudainement vide. À cet instant précis, j'ai l'impression d'être entré chez quelqu'un d'autre. J'aimerai me dire que si j'éteinds à nouveau la lumière, le silence le bercera comme la seconde précédente. Mais je sais que c'est un teste inutile. Je suis bien chez moi, à New-York.

Je reconnais mon canapé d'angle noir, mes meubles, chaque babioles qui traînent, mais, c'est comme si ces choses, ne m'appartenaient pas. Comme si tout ça, était la vie d'un autre Jake qui n'existe plus.

En défaisant, ma valise quelques heures plus tard, je saisis le costume gris que je portais à la soirée de Sven pour le mettre dans un sac pour le pressing, mais lorsque j'agite mes vêtements, une douce odeur que je reconnais immédiatement m'envahit les narines. Son parfum.

Putain de merde !

Instantanément, le visage de ma rousse préférée apparaît devant moi. Son souvenir me fait mal au ventre. Son odeur me brûle le crâne. Une bouffée de rage grandit au plus profond de moi. J'ai chaud... J'ai l'impression d'exploser de l'intérieur.
Bordel ça fait mal ! Je respire fort...si fort en hyperventillation, comme ces gens en pleine attaque de panique.

Ne supportant plus toutes ces sensations désagréables qui me submergent, j'éclate. Mon poing vient s'écraser violemment sur le mur à côté de moi à plusieurs reprises pour y laisser un énorme trou, et un peu de sang. J'ai envie de tout détruire aux alentours mais je me contiens je ne sais comment. Je pourrais hurler mais les voisins appelleraient sans doute les flics. Au stade où je suis, je pourrais sûrement plaider la folie si jamais je devais aussi leur éclater à la gueule pour me défouler.

Où es-tu Alie ?