#19 Jake

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Il y a un long silence. Elle est là, dans mes bras, la tête posée sur mes pectoraux. Mes doigts glissent doucement le long de son dos lui donnant des frissons sur sa peau douce et claire. J'aime ce silence, cet instant de plénitude.  À ce moment précis, j'ai l'impression d'être invincible. Que tout ce qui pourrait arriver maintenant serait sans conséquences. Que rien n'a plus d'importance, à part elle. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Mais là, tout de suite, je n'ai pas peur, enfin pas encore. Je me sens bien, heureux, apaisé. Je savoure ces sensations inconnues partagées avec ma belle sushi girl. Je me poserai sans doutes les bonnes questions plus tard. Ou pas... Pour l'instant, je veux juste profiter de ce moment. Ces trois jours sans elle m'ont paru durer une éternité. Je ne sais si c'est du manque ou une autre connerie de ce genre, a vrai dire, je ne saurai pas dire ce qu'il se passe dans ma tête, et c'est assez troublant. Monsieur-zéro-sentiments-j'aime-le-contrôle est perdu !

Je me demande si elle aussi ressent les mêmes choses que moi. Je crois que oui, je pense. Pourquoi serait-elle désolée de m'avoir mis de côté ces trois derniers jours sinon ? Mais elle m'a effectivement repoussé pendant trois jours. Argh ! Je ne comprends rien ! Depuis quand c'est si dur de gérer un plan baise ?

Elle s'est endormie sur moi maintenant, je le sens à sa respiration lente et sereine. Je connais par coeur le rythme de son souffle, même lorsqu'elle rêve, je le sais. À chaque fois, je l'ai regardé et écouter s'endormir, fasciné par sa beauté naturelle et sa force. Ces trois jours sans elle m'ont coupé toute envie de fermer les yeux, mais là, elle est enfin dans mes bras, je peux m'abandonner et dormir en la serrant contre moi.

***

Ça faisait des jours que je n'avais pas aussi bien dormi, et franchement, ça fait du bien ! Je suis étalé en vrac dans le lit de ma sushi girl, enfin lit, c'est vite dit, et j'écoute le doux son de sa voix. Elle est au téléphone et plaisante. Je joue les indiscrets et écoute sa conversation en faisant semblant de dormir encore.

— Tu m'étonnes, rit-elle. C'est clair que ce n'est pas où tu es que tu vas pouvoir surfer ! … Di aussi doit avoir la mort d'ailleurs. La compet’ c'est le mois prochain… Il pourrait se libérer quand même nan ? … Encore ? Mais il a vraiment un soucis avec cette meuf ! … Je n'aurais peut-être pas été aussi catégorique que toi mais bon… pouffiasse ça lui va bien, se marre-t-elle. Bon je vais te laisser. J'ai mes pancakes qui vont cramer avec tes conneries… Oui, je fais des pancakes et alors ? … Va plutôt  t'occuper des fesses de ton frère au lieu des miennes hein !... Ouais c'est ça !... Moi aussi pétasse.

Heureux de l'entendre rire, avec une copine sûrement, elle ne parle jamais de ses amis, je me lève et me rends jusqu'à elle. Je ne prends pas la peine de remettre un t-shirt ni même mon pantalon, de toute façon, au point où nous en sommes, je pourrais parfaitement me trimballer la queue à l'air  que ça serait pareil. Je suis même persuadé que le voisinage apprécierait le spectacle. Une fois dans son dos, je passe mes mains sur ses hanches et approche mon visage de son oreille.

— Bonjour, Aliénor, susurré-je.  

Je distingue un petit sourire animer son visage et j'adore ça.

— Bonjour Monsieur Adams, dit-elle sur le même ton que moi. Bien dormi ?

— Toujours avec toi, murmuré-je.

Je passe doucement mes lèvres dans son cou dégagé par une queue de cheval et l'embrasse juste sous l'oreille. Je repère immédiatement les frissons qui parcourent ses avant-bras et fais ensuite vagabonder mes mains sur son cul d'enfer en m’inscrustant sous sa nuisette. Putain, mais est-ce possible de trouver cette fille toujours plus excitante de jour en jour ?

— Jake… ça va brûler, souffle-t-elle.

— Je sais bébé, fais-je en collant maintenant mon érection naissante contre sa hanche. Je brûle déjà… dis-je séducteur.

— Tu n'aimes, pas, les pancakes ? demande-t-elle avec difficulté.

— Bien-sûr, mais je raffole bien plus de ton corps, Aliénor, déclaré-je en éteignant le feu sous la poêle.

Je la fais ensuite pivoter et lui retire la spatule qu'elle tient dans ses mains pour la poser sur le plan de travail. J'en fais de même avec ma belle sushi girl en la soulevant pour l'asseoir sur l'autre bout de son petit comptoir. J'écarte ses cuisses à  l'aide d'une des miennes pour me placer entre ses jambes et fonce sur ses lèvres entrouvertes. Peu importe où, peu importe comment, je la veux sans cesse. Alors une fois de plus, je vais laisser mes envies prendre le dessus et posséder cette sublime rousse jusqu'à ce qu'elle me supplie d'arrêter.

***

Assis tous les deux en tailleur sur le sol de sa minuscule cuisine, nous dégustons finalement les pancakes qu’Alie a préparé plus tôt. Franchement, tant que c'est avec elle, je crois que je suis capable de tout tel un super héros sans limite.  Moi, bouffer par terre comme un campeur et baiser contre un mur, ça n'était encore jamais arrivé.

— Je t'ai entendu parler de surf tout à l'heure… On surf à  Camden ? demandé-je choqué en étalant de la confiture sur mon pancake.

— J'allais souvent en faire à Ogunquit avec mes amis avant.

— Ogunquit ? C'est une ville ça ? me moqué-je.

— Tu sais Jake, le monde est grand. Il n'y a pas que New-York sur cette planète, rit-elle.  Ce n'est qu'à deux heures d'ici. Tu sais surfer ? demande-t-elle curieuse ensuite.

— Oh non ! Moi et la plage, ce n'est pas le grand amour.

— Jake Adams aurait-il peur ?

— Dis pas de conneries, ris-je.

— Alors viens surfer avec moi, me nargue-t-elle.

— Quand ? dis-je en défiant son regard.

— Ce soir, me sourit-elle.

 

***

Comme convenu, je retrouve Alie à la sortie de son travail pour la récupérer. Elle veut partir ce soir pour profiter des premières vagues à l'aube. Je sens qu'on se peler le cul. J'ai horreur de la mer ! Mais je n'allais tout de même pas me dégonfler devant elle. Jake Adams n'a PAS peur ! Elle veut que je surf à six du matin ? Je vais surfer à six heures du matin ! Ça ne doit pas être bien compliqué de tenir debout sur une planche. S'il elle y arrive, je ne vois pas pourquoi j'en serais incapable.

Une fois son boulot terminé, je l'observe qui sort en compagnie de son patron. Elle lui fait une accolade et vient me retrouver. Je savoure chaque pas qu'elle fait dans ma direction, comme si ma proie voulait se faire capturer sans attendre. Elle envoie ensuite un gros sac dans mon coffre et vient s'installer côté passager.

— Alors Monsieur Adams ? Prêt ?

— Toujours bébé, dis-je en mettant le contact.

Alie m'informe sur le chemin que nous nous installerons à l'hôtel pour la nuit. Il y en a plein là où elle veut aller qui sont tout prêt de la plage. Bizarrement, je suis vachement plus emballé par la partie “hôtel” que la partie “surf”, allez savoir pourquoi… on se le demande…

Les deux heures et quelque de trajet en sa présence passent à une vitesse folle. Je crois qu'elle pourrait aussi me parler du PIB du Burundi ou d’implants capillaires que je serai encore là  à boire ses paroles. Cette fille me fascine de plus en plus et j'en suis le premier surpris.

Supplie-moi [Partie 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant