Nous sommes allongés sur mon lit, silencieux. Sa tête posée sur mon torse, je caresse ses boucles qui sont bien rousses dans la lumière tamisée de la pièce. Au debut, je l'avais trouvé un peu blonde quand je l'ai rencontre au California. Pour finalement, la définir bien rousse. Je préfère la penser comme ça je crois. En fait, ses cheveux sont comme sa personnalité, indécis. Parfois blonds, parfois roux. Comme Alie qui est parfois si froide, ou tellement libérée. Mais comme ses boucles, elle n'est en fait qu'un doux mélange de teintes qui se chamaillent. Même si j'ai une légère préférence pour les blondes, Alie est loin d'être juste ça.
Je n'ose pas encore penser à mon départ. Je ne sais pas de quoi j'ai peur exactement. Mais j'ai une énorme boule qui grandit au fond de mon ventre. J'en aurais presque mal et j'ai horreur de ça. Encore un truc qui échappe à mon contrôle et auquel je ne comprends rien. J'ai l'impression d'avoir été lobotomisé à Camden durant ces derniers jours. Clairement, ça me va mal et ça m'emmerde. Jai la sensation d'être vulnérable et cette chose n'a pa lieu d'être. Jake Adams n'a jamais peur. Jake Adams n'a pas le droit faiblir. Je crois qu'il est grand temps que je rentre pour me remettre les idées en place. Ça devient franchement urgent, et ça me gave déjà de m'en rendre compte. Je n'ose même pas imaginé l'état de ma tête si j'étais resté là la durée prévue. À coup sûr, il aurait fallut me faire un lavage de cerveau pour effacer ces mois bizarres. J'aurai été transformé en vrai cannard au contact de cette fille, aussi sublime soit-elle. Je me vois déjà en train de cancaner dans une marre en attendant qu'on veuille bien me lancer des miettes de pain. Pathétique.
Alie fait doucement courir ses doigts sur mon ventre et je cesse immédiatement de me torture avec toutes questions existentielles. La laveuse de cerveau vient de frapper encore une fois. J'aime qu'elle me touche. J'aime qu'elle m'embrasse. J'aime sa façon de crier mon nom quand elle jouit. J'aime quand elle s'endort sur moi tout comme la façon qu'elle a de me regarder avec ses yeux si verts. Comme si elle me persait à jour chaque fois qu'elle plonge son regard dans le mien. Elle a un tel pouvoir sur moi et je suis persuadé qu'elle en est totalement inconsciente. Comment une sushi girl de Camden serait-elle capable d'hypnotiser le grand Jake Adams ? Je me le demande. À croire qu'elle a foutu un élixir à la con dans mes sushis, comme dans ces films pourris de sorcières qui touillent dans leur chaudron magique à deux balles.
Elle a eu l'air triste à l'annonce de mon retour à New-York. Je crois.
Je ne sais même pas ce que ça me ferait de le savoir. Et puis, ça ne changerait rien à la situation d'ailleurs. Je dois partir. Plus tôt, certes, mais c'était prévu comme ça. On le savais tous les deux dès le départ. Et c'est aussi ça qui m'a attiré au début. Elle devait être ma distraction pour quelques semaines, et elle était d'accord avec ça. C etait le plan parfait. Je regrette juste de ne pas pouvoir profiter de cette beauté plus longtemps.- Tu veux faire quoi pour ta dernière journée demain ? demande Alie d'une petite voix fatiguée.
- Je ne sais pas encore... Tu m'accompagnes ? dis-je en comptant bien profiter d'elle encore quelques heures.
Elle rit doucement, presque en chuchotant. Mon Dieu que ce son est divin ! Elle est en train de s'endormir sur moi et je le sens au ton de sa voix et au rythme de sa respiration qui diminue.
- Si tu veux, murmure-t-elle.
Elle baille en se blottissant plus serrée contre moi. Je la prends alors un peu plus dans mes bras et respire la bonne odeur de ses cheveux qui me chatouillent le menton.
- C'est bizarre de me dire que c'est ma dernière journée. Dans quelques heures, je serais chez moi, dis-je déjà nostalgique.
Un ton que j'ai très rarement employé soit dit en passant.
-Je... pas... tu... laisses...
Je baisse ma tête pour la regarder, mais elle dort déjà. J'aurais aimé lui dire de répéter, mais j'ai peur de ce qu'elle a voulu dire.
Je ne veux pas que tu me laisses ?
C'est ce qu'elle a voulu dire ? Ou c'est ce que j'aimerais qu'elle ai dit ?
Ne dis pas de conneries Jake !
Bien-sûr que non, je ne veux pas qu'elle ait dit ça !En la regardant dans mes bras, j'ai l'étrange impression que si elle me disait de rester en étant éveillée, je serais capable de lui dit oui. Pourquoi ? J'en sais rien. Je veux rentrer chez moi cest certain. Mais si sa petite voix me suppliait une nouvelle fois pour me dire de rester, j'ai bien peur d'être faible et de craquer. Je ne dois pas faiblir et surtout, je dois retourner faire mon boulot car c'est tout ce qu'il me faut pour être moi-même.
C'est impossible pour moi de ne pas quitter Camden, et elle par la même occasion, et on le sait tous les deux. Ma vie est à New-York. La sienne est ici. Je ne suis que de passage dans sa vie. Elle a toujours avancé sans moi. Elle n'a pas besoin de moi. Je n'ai pas besoin d'elle. Alie va m'oublier, comme je vais devoir le faire aussi, et c'est tout ce qu'il faut retenir.
Je repenserai à elle parfois dans doute. Je sourirai en me rappelant ses yeux, sa bouche, son odeur, son rire, ses deux petites étoiles, son corps si parfait. Je serais heureux lorsque je me rappelerai cet intermède dans ma vie. Mon exile n'aura pas été le supplice auquel je m'attendais.
***
Je suis réveillé par les premières lueurs du jour. Je tâtonne à côté de moi à la recherche de ma belle Alie. Où es-tu sushi girl ? Sentant le lit vide à ma gauche, je me retourne brusquement et ouvre les yeux.
Alie n'est pas là. Je me redresse dans le lit comme un enfant qui aurait fait un cauchemar. Je me rends compte ensuite qu'il n'y a plus rien lui appartenant dans la pièce. Plus aucune trace d'elle ici. Elle est partie ?
Je me lève et enfile un bas de pyjama avant de me ruer vers la sortie. J'ouvre brutalement la porte de ma chambre et longe le couloir en foulant le carrelage pieds nus. Je crois que je n'ai jamais descendu les marches de cet escalier aussi rapidement ensuite.
L'horloge dans le hall d'entrée indique 11:15am. Elle ne travaille pas normalement à cette heure-ci. Comme il y a du bruit à la cuisine, je m'y rends sans perdre une seconde.
J'espère qu'elle y est !
Il y a Carmen qui se fait un café, un type dont je ne me rappelle plus le nom, et Sven qui croque dans une pâtisserie.
- Hey ! Salut vieux ! annonce Sven toujours en train de mastiquer.
- Salut... T'as vu Alie ? dis-je inquiet.
- Nan.. pas vu, lance-t-il toujours la bouche pleine.
Il me toise du regard mais ne me pose aucun question et retourne à ses affaires. Je l'observe se servir un verre de jus d'orange et reste là sans broncher. Merde où elle est passée ?
- Tu veux un café chéri ? propose Carmen en passant ses bras autour de ma taille.
Je refuse et la rejette par la même occasion. Je detaille Carmen de haut en bas en levant presque les yeux ciel, et je me demande bien comment j'ai fait pour la supporter aussi longtemps. C'est clair que c'est une bombe. Mais qu'est-ce qu'elle m'agace quand elle parle. Cette fille est juste parfaite quand c'est pour s'occuper de ma queue et c'est tout. Et encore, Alie s'en sort bien mieux qu'elle.
Bon, c'est vrai qu'à la base, je n'ai jamais demandé à mes plans cul d'avoir de la conversation. Et ce n'est pas franchement un critère "d'embauche" soyons honnêtes. Mais elles avaient toutes l'air connes à ce point ?
De retour dans ma chambre, je décide d'appeler Alie pour savoir ce qu'il se passe et surtout, où est-ce qu'elle a bien pu passer. Répondeur merde !
Où es-tu putain ?
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Supplie-moi [Partie 1]
RomanceJake Adams, adepte de la "chasse" part s'exiler pour trois mois chez son oncle après avoir été suspendu pour faute. Ce jeune avocat de 26 ans en quête de réussite et de pouvoir, et surtout d'un bon plan cul va devoir se trouver une distraction pour...