Chapitre 10

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Chapitre corrigé

Eden

Julian pédale rapidement, mais je sais que je suis capable de le rattraper. Je lui laisse simplement une longueur d'avance pour le laisser gagner. L'autre jour, nous faisions une course tous les deux et j'ai gagné, mais il a boudé toute la soirée. Maman, papa et Jamie nous ont demandé ce qu'il s'était passé et j'ai expliqué que Julian était un mauvais joueur. Il a encore plus tiré la tête. Un sourire s'installe sur mes lèvres en repensant ce moment et je me retiens de rire. Du haut de ses neuf ans, Julian est très joueur et il déteste perdre. Il est comme moi, mais j'accepte tout de même la défaite.

Je le rattrape rapidement et je l'entends me crier d'aller moins vite. Qu'est-ce que je disais ? Il veut absolument gagner la course. Je lui tire la langue en rigolant et je freine quand on est devant la supérette. Notre course s'arrête ici et je descends de mon vélo. Maman nous a demandé d'aller acheter du lait et quelques autres trucs. J'attache ma bicyclette et j'entends Julian freiner violemment quand il est à côté de moi.

« Tu n'es pas cool Eden ! s'écrie-t-il.

-C'est le jeu, ricané-je.

-Eh bien, je ne veux plus faire la course avec toi. Quand je suis avec Jamie, il me laisse gagner. T'es vraiment méchante, poursuit le petit blond en entrant dans le magasin. »

Je le suis en rigolant et nous saluons le caissier. Nous avons l'habitude de venir ici, maman et papa nous envoient beaucoup acheter des choses de dernière minute. Les courses faites, nous sortons de la supérette et nous rangeons le tout dans nos sacs. Je me tourne vers Julian qui enjambe son vélo.

« Ne va pas aussi vite que tout à l'heure. Il y a des voitures, et je ne veux pas que tu te fasses écraser.

-Ne t'inquiète pas, je suis grand ! »

Je hoche la tête et je monte moi aussi sur mon vélo. Je n'aime pas quand Julian pédale trop vite parce qu'il y a beaucoup de voitures et j'ai toujours peur qu'il se fasse écraser. Mais il ne semble pas m'écouter, car quand nous tournons au coin de la rue, je le vois accélérer considérablement. Il sait que je déteste quand il fait ça, alors c'est pour cela qu'il le fait. Il aime nous faire marcher, et à chaque fois, il réussit. Si maman était là, elle l'aurait probablement grondé. Je me dépêche de le rattraper et je lui crie d'aller moins vite. Son rire me parvient aux oreilles et je vois ses boucles blondes se balancer dans l'air. Je pousse un soupir, sentant mes jambes brûler sous l'effort.

Soudainement, alors que Julian allait traverser, une voiture apparaît sur notre droite. Je l'entends freiner, mais c'est trop tard. Je vois le vélo de Julian percuter le devant de la voiture, je le vois être propulsé et tomber lourdement contre le sol. Un hurlement déchirant l'air s'échappe de ma gorge, mais je ne peux pas me rendre à l'évidence. L'action se passe au ralenti devant mes yeux, et je laisse tomber mon vélo à côté de moi. Le conducteur de la voiture sort et se précipite vers Julian. Mes genoux tremblent, mais j'arrive à courir jusqu'à mon petit frère. Du sang s'échappe de son crâne et son bras gauche est retourné. Ses boucles blondes sont imbibées de sang, et je pose mes mains sur ses épaules. Non, non, non ! Ma vision se brouille quand je le secoue et qu'il ne réagit pas. Ce n'est pas possible. Je sens des mains attraper mes épaules, mais je me débats avec force. Je veux rester près de lui. Il ne peut pas partir !

Je plaque Julian contre moi et je cherche son pouls, comme on nous l'a appris à l'école. Je sais que je ne dois pas toucher la victime, je pourrais aggraver son cas, mais il s'agit de Julian alors peu m'importe pour l'instant. Je ne le trouve pas, et des larmes parcourent mon visage. Je lui hurle de se réveiller, d'ouvrir les yeux, mais il ne fait rien. Sa tête pend en arrière et un cri s'échappe de ma gorge quand du sang s'écoule de sa bouche. Non, il n'a pas le droit. Il n'a que neuf ans, il ne peut pas partir ainsi ! Son corps frêle se balance entre mes bras, et j'entends des gens crier autour de moi. Une ambulance apparaît dans mon champ de vision, mais je reporte rapidement mon attention sur Julian. Je le secoue de toutes mes forces. Il va se réveiller, j'en suis sûre. Il me fait simplement une blague ! Des hommes et des femmes arrivent rapidement autour de nous et je sens qu'on m'arrache mon frère des bras. Je hurle aux personnes de me laisser près de mon frère, mais personne ne m'écoute. Je continue de crier et de pleurer en même temps, et mon cœur se déchire dans ma poitrine. Une boule se forme dans ma gorge, et les sanglots m'étouffent.

He Came Back - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant