He Came Back - Tome 1

Chapitre 25

Chapitre corrigé 

Eden

« Tu vas retourner le voir et t'excuser. »

Ma tête se tourne vers maman qui entre en trombe sur la terrasse. Je détourne les yeux et les pose sur le jardin en face de nous. Il est dix heures du matin, et je n'ai franchement pas envie de me prendre la tête avec elle.

« Il m'a appelé, Eden ! Il m'a dit que tu avais été insolente et qu'il ne te reconnaissait pas ! Est-ce que tu te rends compte à quel point tu me fais honte ? »

Mon cœur se serre, mais je garde les yeux rivés devant moi. Je ne veux pas croiser son regard, parce que je sais que je vais m'énerver –chose que je ne souhaite pas.

« Regarde-moi ! »

Les doigts de maman sur mon menton me font tourner la tête vers elle. Je me dégage de son emprise et soupire. Ses traits de visage sont tirés et elle fait les cent pas sur la terrasse en béton.

« Tu avais la chance de parler avec ton père et tu as tout gâché ! »

Je pince les lèvres et repose ma tasse sur la table. Comment ose-t-elle dire que j'ai tout gâché ? Comment est-ce qu'elle peut me cracher tant de méchanceté ?

« Il voulait recoller les morceaux, et bon sang que tu es bête d'avoir tout envoyé en l'air ! »

Je bous de l'intérieur. Je sens mon cœur se serrer inlassablement et l'injustice m'envahit. Moi, hypocrite ? C'est elle qui est aveugle d'accepter les excuses de mon père, de ne pas se rendre compte qu'il la manipule !

« Je n'aurais jamais dû te laisser partir vivre à New York, ton comportement s'est encore plus dégradé ! »

Mon sang ne fait qu'un tour. Je me lève brutalement et m'approche d'elle.

« Est-ce que tu te rends compte de ce que tu es en train de vociférer, maman ? »

Elle s'arrête et me fait face. Je vois ses épaules s'affaisser et elle passe une main sur son visage. Je serre les poings pour contenir la rage qui m'anime.

« Tu n'as pas le droit de me dire que j'ai tout gâché ! C'est lui qui est parti, c'est lui qui nous a abandonnés ! Tu oses rejeter la faute sur moi ? m'écrié-je.

-Eden, ton père voulait s'excuser et tu as tout envoyé valser, réplique-t-elle. »

Comme toujours, pensé-je amèrement. Je suis énervée contre elle, contre mon père, contre moi. Je m'en veux de me sentir si mal à propos de maman, je m'en veux d'être si vulnérable.

« Maman, tu n'étais pas là quand il m'a dit qu'il comprenait pourquoi Jacob m'avait violée et battue ! Il a dit que j'avais complètement changé, et que j'étais désagréable ! Et tu voulais que je ne réplique rien ? »

Ma voix s'éraille et la peine déforme mes traits.

« Eden... »

Je me recule quand elle pose une main sur mon épaule. Je ne veux pas de sa compassion, je ne veux pas l'entendre me sortir des conneries à propos de Franck.

Je rentre précipitamment à l'intérieur de la maison et monte les escaliers deux à deux. Je claque la porte de ma chambre derrière moi et m'avance dans celle-ci. J'ai le souffle court et j'attrape une cigarette qui traîne sur ma table de chevet. Je sors un briquet de mon sac et m'approche de la fenêtre. Je l'ouvre et l'allume. Je passe une main sur mes joues, et je fume lentement.

Je ne sais pas ce qui est le plus tragique. Savoir que maman préfère écouter mon père qui est parti de la maison il y a des années, ou bien être la seule personne ici qui se rende compte de son manège ? Il ne veut pas s'excuser, il ne regrette rien. Il veut juste retourner avec la femme de sa vie –ma mère, et se poser. Il serait temps, en effet, parce qu'à plus de cinquante ans, on ne peut pas vraiment refaire sa vie.