Tome 1 - L'histoire d'un nouveau départ

Chapitre 30 : Des appels incessants

Comme tous les weekends, celui-ci passa à une vitesse folle, nous n'avons pas fait grand-chose aujourd'hui. Après le délicieux petit-déjeuner que m'avait préparé Finn, nous avons décidé de passer notre après-midi sous la couette à mater quelques épisodes de « Breaking Bad ». 

C'est lorsque mon téléphone se mit à sonner m'indiquant qu'il était l'heure de prendre vous savez quoi, parce que quand l'alarme d'une fille s'enclenche le matin ou le soir, on sait toutes très bien de quoi il s'agit. 

Enfin bref, tout cela pour dire que je me suis rendue compte à la sonnerie stridente de mon téléphone qu'il était déjà vingt heure trente. Désolé mon cher Finn mais il faut peut-être qu'on sorte de ce lit, que l'on se lave parce qu'ici ça sent vraiment le fauve. 

Je me lève donc, avale ma petite pilule blanche et me dirige vers la salle de bain, j'ôte mon fin débardeur ainsi que mon short et m'introduis dans la douche. L'eau chaude ruisselle le long de mon corps et me laisse planer dans un moment de plénitude. 

J'ai l'impression de ne pas avoir ressenti cela depuis un long moment, même une éternité. Mon cerveau est toujours enclenché sur « on » et voilà qu'il se met à penser, à s'interroger, à se questionner, à ne pas comprendre mais pour une fois je n'ai pas envie de l'écouter, je veux simplement qu'il se taise. 

J'ai toujours eu la fâcheuse habitude de me laisser emporter par ce tourbillon de questions sans réponses et pour une fois dans ma vie j'ai la simple envie de profiter d'un moment de calme. Si je cède à cet amas de points d'interrogation, je vais finir par réellement donner la chance à mon crâne d'imploser. 

Que cela soit des questions de mon passé ou encore des questions concernant mon présent, j'ai la vive intention de les faire taire, du moins pour le moment. La simple et bonne raison est bien entendu le fait que je suis enfin souriante, que je retrouve petit à petit une force, une énergie qui m'avait quitté il y a de cela sept ans. Et cette vitalité, c'est Finn qui me la partage un peu plus chaque jour. 

C'est comme si son corps diffusait son dynamisme dans le mien, et je commence à vivre enfin normalement. Je souhaite juste saisir cette chance et profiter de ce que l'on me donne, pour une fois que ce n'est pas le contraire. 

J'ai toujours eu l'habitude que l'on me retire, que l'on me dérobe, que l'on m'arrache tout ce que j'aime, en passant par le matériel à la personne. Je veux que pour une fois mon esprit ne se laisse pas malmener, que je finisse enfin par découvrir ce que peut m'apporter la douceur de la vie, la caresse tendre de ce soudain bonheur, je veux pouvoir m'abandonner à la légèreté sans avoir de doutes, de peurs, de craintes, d'angoisses, et j'en passe. 

J'ai vécu tant de douleurs me transperçant le corps jusqu'à atteindre sans cesse un même endroit, mon cœur, et celui commence enfin à cicatriser. Serait-ce de la folie de penser qu'il puisse enfin se raccommoder, se réparer ? 

 Vous savez, j'ai cette impression qu'un petit homme ou qu'une petite femme se balade dans ce vaste monde qu'est mon âme et mon corps, que celui-ci ou celle-ci zigzague depuis des années dans cet immense labyrinthe. 

Je pense qu'il vient de trouver cette grande porte amenant vers cet organe brisé depuis des millénaires, et qu'il essaie de recoudre, de recoller chaque petite pièce, chaque tissu de ce cœur frêle et amaigrit par la souffrance et la torture subies. 

Je ne sais pas comment il ou elle a fait mais le traitement qu'il lui a administré a permis de guérir chaque parcelle, chaque millimètre de peine et de désolation qui y avaient fait résidence. C'est comme si en plus de m'avoir rabiboché le cœur, il m'avait soudé une paire d'ailes qui me permettent d'être en apesanteur, de me sentir légère et sans l'ombre d'un moindre fardeau à porter.