~Pause~ Witches Descendants

Enfermées

Regina et Lilou montaient déjà dans leur chambre quand le tremblement retentit.

Hélèna installée, l'Académie déménageait, et, comme une montgolfière mal maîtrisée, elle ne faisait pas attention à ceux à l'intérieur qui se prenaient les murs à force de tanguer comme un bateau.

Autant dire que les deux jeunes filles, comme tout ceux qui n'y étaient pas habitués, se sentaient comme Harry Potter après son premier "transplanage".

Elles se retenaient de vomir.

Le pire fut l'atterrissage. Il fut si brutal que la plupart des Sorcières présentent dans le dortoir tombèrent brutalement sur le sol, le dos en compote.

C'était presque pire que leur combat contre des dragons.

Sauf pour Hélèna qui avait déjà assez souffert comme ça.

On aurait pu se dire que le sort s'acharnait sur elle. Mais c'était simplement la vie à l'Académie.

- Il faut que j'appelle ma mère., dit Regina à mi-voix en s'emparant de son téléphone et en composant le numéro... Avant de s'apercevoir qu'elle n'avait pas de réseau.

- Oh non, pitié ! Dite-moi que l'on a au moins du WI-FI !!, se plaignit la sœur de son amie en allumant son ordinateur portable.

Merinda observa la scène, puis leva les yeux au ciel lorsque, soulagée, Marilyn se mit à surfer sur internet, à la recherche de quelques informations sur l'Académie... Comme leur site Web.

Quelle discrétion !

- Ça secoué, en tout cas ! J'espère que ce ne sera pas comme ça à chaque fois !!

Merinda se dirigea vers la porte de la salle de bain, avant de s'apercevoir que celle-ci était fermée à double tour.

- Et ce serait quoi alors, selon toi ? Du bizutage !?

- Euh... Les filles ? Et si, au lieu de vous disputez style gonzesse de série télé niaise, vous veniez voir ça ?

Hélèna était debout, la main sur la poignée, à essayer d'ouvrir la porte de la chambre, qui semblait scellée par un sortilège.

Bientôt, les jumelles, Regina et Merinda la rejoignirent, en tentant tant bien que mal d'ouvrir tour à tour cette porte.

- C'est peut-être un des garçons qui a décidé de nous faire une mauvaise blagues ?, suggéra la plus jeune, de peur que ça, ça soit un réel bizutage.

Pendant un moment, les filles se mirent toutes à y réfléchir, et, sur les trois garçons, il n'y avait qu'un nom qui ressortait.

Jeremy.

Mais cette hypothèse fut très vite erronée quand Lilou se pencha pour analyser le sort qui les retenait prisonnières dans leur dortoir.

- C'est un sort de niveau cinq. Je ne pense pas qu'un des garçons ait dépassé le niveau trois... Ce n'est pas un charme de débutant.

Merinda avait de plus en plus de mal à tenir en place - Peut-être était-elle claustrophobe ? - et commençait véritablement à imaginer quelqu'un s'en prendre à elle, comme du harcèlement.

Enfant, c'était elle la reine, la majestueuse Queen de la récré !

Aujourd'hui, elle n'était que cette gamine perdue et effrayée du mal qu'elle avait fait aux autres.

Ce genre de mal.

Hélèna, elle, repensa à l'espion dont elle n'avait parlé encore à personne.

Mais qu'est-ce qu'elle attendait ?!

Elle se souvenait de cette femme qui l'avait emmené de force en classe et qui avait dit qu'elle s'en occuperait.

Ah, ces adultes...!

Leur étaient-ils impossible de croire les enfants ? Même légèrement paranoïaque ?

- Bon, et sinon ? C'est bien beau tout ça mais il faudrait tout de même que l'on trouve le moyen de sortir d'ici !

Regina les tira de leurs rêveries, si l'on peut réellement nommer ça ainsi, en les ramenant à une réalité plutôt brutale : elles n'étaient même pas de taille pour défaire un tour de magie qui bloquait une serrure !

- Bon... Unique solution : étudier la question. Quelqu'un a des grimoires ?

Marilyn fut la première à se précipiter sur sa valise comme un enfant de quatre ans se précipiterait sur une glace.

Elle était tellement fier d'avoir ces vieux livres poussiéreux et cornés qui lui venait de son ancêtre, qu'elle en profita même pour reskotcher quelques pages au passage.

- Peut-être que vous préférez la version plus récente ? J'ai tout retaper à l'ordi et je l'ai imprimé puis plastifié et enfin...

- Non. Non, ça ira. On ce contentera de ce livre-ci...

Elle sembla déçue, et Lilou ne put s'empêcher de penser qu'elle aurait peut-être mieux fait de sortir la copie plastifiée directement si elle voulait vraiment qu'elle soit utilisée.

- C'est quel chapitre "enfermement malencontreux par enchantement de niveau supérieur au nôtre" ?

- Celui-là, on risque pas de le trouver !

- Bon, tu te dépêches, le crabe à lunette !? Tu trembles tellement que j'arrive même pas à savoir si tu sais tenir un livre !! J'ai pas envie de rester enfermée éternellement !!

Outragée, Hélèna se leva et colla une baffe à Marilyn, sans réfléchir, presque instinctivement.

Elle ne se rendit compte de sa faute que plus tard, lorsque la jeune fille tenta de lui renvoyer l'ascenseur.

Hélèna n'avait pas fait attention à ce qu'elle faisait à ce moment là. Son sang n'avait fait qu'un tour et tous ses muscles semblaient prêts pour se battre.

C'était comme si elle était en manque d'une drogue quelconque.

Marilyn se retint au dernier moment de toucher sa joue et ramena sa main vers elle.

Hélèna observa ses poings si serrés que ses ongles lui entraient dans la peau.

Douloureusement, elle se détendit et jeta un coup d'œil à chacune des Sorcières présentent dans la pièce.

Sa respiration de plus en plus calme, Regina trouva le moyen d'articuler ces quelques mots :

- On est censé travailler en équipe. Comme le faisait nos parents avant nous... Et nos ancêtres. Pas se battre pour un rien.

- Écoutez, les filles ! On tient tous autant les unes que les autres à sortir d'ici, okay ? Donc mettons en avant les capacités de chacune qui pourraient nous servir. Ça vous va ?

Sans un bruit, toutes hochèrent vigoureusement la tête.

- À présent, trouvons ce foutu chapitre et sortons d'ici au plus vite. On va avoir énormément de choses à raconter aux professeurs... Si ils ne sont pas derrière tout ça.

- Moi, je me demande surtout si les garçons subissent la même chose en ce moment.

Personne ne fit de commentaire.

Elles attrapèrent toutes un grimoire différent du fin fond de leur valise et se mirent à chercher une solution.

Regina sortit même son livre de potion.

Au cas où.