Le monstre de la bibliothèque - part 2.

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A présent, l'encre montait jusqu'à leur cou, et, au moindre mouvement, ils seraient étranglés.

Merinda n'avait pas cessé de pleurer, et, pire que tout, elle avait fait tomber ses lunettes sur le sol, l'empêchant d'ouvrir les yeux pour voir la scène qui se déroulait devant elle.

Ni Regina ni Hélèna n'arrivait à utiliser ne serait-ce qu'un de leurs pouvoirs et les demis-Démons ne savaient pas du tout comment réagir, eux qui avaient osé penser que les Démons ne se faisaient pas de mal entre eux !

Il n'y avait pas que la sensation de l'encre qui les emprisonnait qui était dérange ; il y avait également l'odeur.

Cette odeur d'encre, normalement inoffensive, mais ici terriblement toxique.

Ils se retenaient tous de respirer cette chose, qui, pourtant, leur montait presque jusqu'au nez.

Ils leur étaient désormais impossible de ne rien faire.

Täryel et Oscar échangèrent un regard effrayé, puis Oscar commença à lancer une conversation dans la langue démoniaque.

Le monstre ne semblait pas s'y intéresser, il préférait choisir les livres avec lesquels il les dévorerait.

Hélèna jeta un coup d'œil à Täryel qui semblait hésiter entre se joindre à la conversation et se taire.

C'était comme s'il était déchiré entre deux parties de lui-même.

Entre sa partie humaine ou sa partie démon.

Les Sorcières, ne parlant pas la langue démoniaque, ignoraient ce que Oscar et le monstre se disaient, mais ce dernier exprima un refus catégorique de les libérer, d'après ce qu'elles comprenaient.

Ou du moins, essayaient de comprendre.

Le monstre d'encre renversa, de colère, une étagère rempli de livres de magie, et Merinda put  apercevoir une copie de celui qu'elle lisait dans sa chambre, juste avant que celle-ci ne soit mangé.

Elle se souvint alors de sa loupiote, jusqu'ici éteinte, et l'alluma grâce à sa magie alors que presque toute la salle était plongée dans l'obscurité.

Le monstre s'en cacha instinctivement, et les élèves de l'Académie se regardèrent tous en même temps, sûrs d'eux.

Ils avaient trouvé la solution.

Ne pouvant pas vaincre cette chose, ils pouvaient la piéger et aller chercher un professeur qui serait capable de s'en charger.

L'emprise de l'encre se desserrait déjà, et cela ne prendrait que quelques minutes avant que l'un d'entre eux ne soit libre et ne puisse appuyer sur l'interrupteur.

C'était, en vérité, juste une question de secondes...

- Je l'ai !

Quand la lumière apparut enfin, l'encre se dissipa peu à peu, s'éloignant de l'ampoule qu'elle s'apprêtait à casser.

Regina, Hélèna, Merinda et Oscar furent enfin libérés définitivement, remerciant Täryel du regard.

Le monstre se cacha dans un coin de la pièce encore sombre, et ne bougea plus.

Merinda fut la première à sortir, et elle fut donc désignée pour réveiller le professeur Slow en vitesse, tandis que les autres restaient près du Démon.

Après tout, personne ne savait ce qu'il pouvait se passer ensuite.

Ni qui était le traître.

Ou les traîtres.

Quand le professeur arriva, à moitié endormi, la créature était toujours immobile, baignant au milieu de son encre restante.

Il s'en approcha dangereusement et lui ouvrit le ventre d'un coup de couteau qu'il avait ramené juste pour une occasion comme celle-ci.

De là, il sortit plusieurs livres en mauvais état et grommela quelque chose comme : "De toutes façons, on peut les cloner".

Il en sortit également un bras humain, qui fit reculer Regina et Merinda, pendant que les trois autres étaient restés immobiles et impassibles.

Il le brandit dans tous les sens pour voir la réaction de ses élèves et demanda, cette fois très sérieusement :

- Il est à quelqu'un ?

Slow crut apercevoir Merinda ravaler un mini-vomi, mais il n'y prêta pas vraiment attention.

Il remarqua cependant que tous ses élèves avaient bien leur bras euh... gauche, et que donc ce n'était pas le leur.

- J'imagine que l'on ne saura jamais à qui il appartenait...

Il le reposa à ses pieds et continua à fouiller tout en chantonnant, le monstre agonisant toujours brouillement, sans pour autant déconcentrer le Démon Repenti.

- Il a pu entrer seul ?

- Non, mon cher Täryel. Ça me semble impensable. l'Académie a été téléportée dans une dimension différente où aucun monstre ne pourrait nous trouver. On l'a bel et bien aidé.

Oscar et Täryel échangèrent un regard inquiet : il y avait quelqu'un d'autre qui faisait entrer des monstres dans l'école ! Il y avait d'autres espions ! D'autres traîtres !

- Qu'est-ce qui vous a fait entrer ici ce soir, si je peux me permettre ?

- Un hurlement., répondirent-ils en chœur, sans un coup d'œil les uns aux autres.

- Je ne vous demande pas ce qui vous a fait venir ici ! Je vous demande ce qui vous a fait entrer.

Tous restèrent muets. Ils n'avaient aucune explication à ça !

- Retournez vous couchez. Ce n'est pas si important... pour le moment.

- Pour le moment ?

Slow ignora Hélèna et leur fit signe de sortir et d'aller se coucher immédiatement.

Tous obéirent, sans exception.

Et pendant que les filles remontaient à leur dortoir, Täryel attira Oscar vers lui pour ne pas avoir à parler trop fort.

- Qu'est-ce que ça veut dire !? Les Démons en auraient envoyé d'autres ?! Qu'est-ce que ces Descendants-ci ont de si important !?

- Je n'en ai aucune idée ! Je ne comprends pas pourquoi ils cherchent tant à les tester !

- Tu crois que ça a un rapport avec la Barrière ?

- Je viens de te dire que je n'en avais aucune idée !

- Mais c'est plausible, non ?

Sincèrement, Täryel s'attendait à être rassuré, à ce que son ami lui réponde "Non, ce n'est pas possible. Elle est trop bien gardée pour qu'une chose pareille arrive !", mais ils savaient tous les deux que cette réponse ne sortirait pas de leurs esprits.

- C'est possible. C'est possible, Täryel.

Un court silence régna dans le couloir faiblement éclairé.

Un court silence qui fut rapidement rompu par les inquiétudes des deux jeunes hommes.

- Que diront les Démons quand ils sauront que nous avons, bien malgré nous, aidé des Sorciers !?

- Espérons qu'ils ne le sachent jamais. Viens, allons nous coucher, Oscar. Et sans réveiller les autres !

Ils s'éloignèrent et disparurent dans l'obscurité tandis qu'une ombre apparut dans le couloir.

L'ombre prit forme humaine, mais il était impossible de voir son visage.

Seule sa voix retentit, faible et amusée, se retenant de rire à gorge déployée.

- Vous devriez savoir que rien ici ne reste très longtemps secret, chers Démons....

~Pause~ Witches DescendantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant