~Pause~ Witches Descendants

Le monstre de la bibliothèque - part 1.

23h21.

Armée de sa loupiote placée sur son front, Merinda était la seule du dortoir encore éveillée.

Elle lisait un des nombreux grimoires emprunté à la bibliothèque, et elle tentait de réduire l'écart causé par son âge entre elle et les autres Descendants.

Alors que ses yeux commençaient à fatiguer, elle enleva ses lunettes pour se les frotter et fit l'erreur de les ouvrir.

Elle retint un petit cri à la vue d'un fantôme et remit immédiatement ses lunettes sur son nez.

Elle mit un moment avant de rouvrir les yeux mais s'y força.

Entre les ronflements de ses colocataires et le vent qui souffle sur les fenêtres, elle réussit tout de même à percevoir un hurlement qui semblait provenir de l'étage d'en dessous.

Elle se leva et fit craquer le plancher, réveillant à elle seule Regina et Hélèna, qui n'avait pourtant pas ouvert les yeux lorsque le cri avait retenti.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Pourquoi t'es debout ?

Merinda leur fit signe de se taire pour ne pas éveiller les autres, encore endormies et emmitouflées dans leurs couettes.

En effet, les jumelles étaient apparemment de grosses dormeuses.

Elle invita donc les deux autres à sortir avec elle, pour qu'elle leur explique ce qu'il venait de se passer, sans pour autant mensionner les esprits qu'elle voyait sans ses lunettes.

Regina ferma très délicatement la porte derrière elle pendant qu'Hélèna habituait ses yeux à la faible lumière du couloir.

- J'ai entendu un hurlement qui venait d'en bas.

- T'as dû rêver ! Retournons dormir, s'il te plaît !

- Écoutons plutôt ce que Merinda a à nous dire.

Elles se redressèrent et s'appuyèrent sur le mur, presque incapables de tenir debout, accablées par la fatigue.

- Il se passe quelque chose. Et je pense que ça a quelque chose à voir avec le traître.

- Woah. Dire que c'est moi la parano, d'habitude.

- Ce hurlement n'avait rien d'un cauchemar !

- Écoute, gamine, si Regina est d'accord, on va toutes descendre voir ce qu'il se passe, et s'il n'y a rien, on retournera se coucher comme des gens normaux. Okay, Regina ?

La jeune femme hocha la tête en attachant ses longs cheveux en queue-de-cheval avec l'élastique qu'elle avait au poignet.

Hélèna aurait aimé l'imiter, mais elle n'était pas du genre à s'endormir avec des... précautions pour le lendemain au poignet.

- Le cri venait d'où ?

- Juste en bas.

- On réveille les garçons ?

Merinda et Hélèna se tournèrent vers Regina, le regard interrogatif.

La pauvre ne savait plus où se mettre ; elle n'était pas habituée à ce genre de regard.

De plus, ce n'était pour elle qu'une supposition et non un ordre.

C'était pour se sentir plus en sécurité, mais elle ne connaissait pas encore assez bien Hélèna et Merinda pour savoir qu'elles préféraient faire les choses par elles-même, sans l'aide de personne.

Particulièrement Hélèna.

- D'accord... on va plutôt y aller seules, j'imagine...?

A voir leurs têtes, ce n'était certainement pas un non.

C'est Hélèna qui ouvrit la marche en descendant les escaliers vers l'endroit où Merinda avait entendu le cri.

C'est également elle qui découvrit l'encre partout par terre et qui dû voir s'il ne s'agissait pas d'un piège.

- Merinda avait raison. Il se passe quelque chose. Ça va jusqu'à la bibliothèque.

Quand elle commença à avancer malgré tout, les deux autres hésitèrent.

Bientôt, une force inconnue sembla les pousser vers le lieu du problème, sans même qu'elles ne comprennent pourquoi ou comment.

La porte était entrouverte, et le seul son qui en sortait était des grognements monstrueux.

Soudainement prises de frissons, les filles reculèrent de quelques pas et s'arrêtèrent net.

- Il faudrait que l'une d'entre nous prévienne le professeur !

- Euh... Et je crois bien que l'on n'est pas les seuls à avoir entendu le cri...

Oscar et Täryel était là, en face d'elles, de l'autre côté du couloir.

- C'est qui ceux-là !?

- Les nouveaux coloc' des garçons. Tu n'étais pas au courant, Hélèna ?

- On a plus important à penser, je crois !

Les grognements se transformèrent d'un coup en hurlement peu semblable à celui que Merinda avait entendu précédemment.

L'encre par terre devenait une mare, comme si il y avait une inondation.

Bientôt, l'étage deviendrait une piscine !

Oscar et Täryel hésitaient à venir les rejoindre, comme s'ils avaient peur d'attirer le monstre vers eux en passant devant la porte.

Il fallait pourtant que les plus courageux d'entre eux entrent dans la salle et décident de combattre ce tas d'encre dévoreur de livres... Et d'humains.

- Il faut que l'on prévienne le professeur Slow...

Peut-être Regina avait-elle raison, mais il était trop tard.

L'encre leur montait à présent jusqu'aux cuisses, et il leur était presque impossible de bouger normalement.

La masse vaseuse et liquide descendait peu à peu à l'étage du dessous en passant par les escaliers et en dégoulinant du plafond.

Le simple bruit des gouttes qui tombaient suffisait à déstabiliser Merinda, qui tenta tant bien que mal de reculer...

... Et qui tomba en arrière, éclaboussant Regina et éveillant la curiosité du monstre.

Il était immense. Une sorte de Démon baveux et terrifiant.

Il utilisa l'encre qu'il laissait traîner derrière lui pour attirer les jeunes gens à l'intérieur de la bibliothèque, sans que ceux-ci aient le moindre contrôle.

Bientôt, Regina, Merinda, Oscar, Täryel et Hélèna se retrouvèrent prisonniers de l'encre du Démon.

Même avec les fils de Démons, il ne faisait pas de cadeau.

Il était bien décidé à les dévorer.

Et il voulait qu'ils crient comme les personnages des livres qu'il mangeait.

Qu'ils le supplient.

C'était ce qu'il préfèrait.

Les entendre souffrir.

Et, plus ils se débattaient, plus l'emprise de l'encre devenait puissante, jusqu'à ce qu'ils étouffent.

Même si ce Démon adorait manger les humains alors qu'ils étaient encore en vie.

Merinda ne put retenir ses larmes, mais elle se retint de hurler à l'aide, craignant qu'il ne se dépêche de la dévorer.

Hélèna s'enflammait déjà dans son for intérieur, mais elle était incapable d'utiliser sa magie la plus puissante au milieu d'encre.

Et malheureusement, c'était également le cas des autres.

Il ne leur restait plus qu'à prier.

Ou à trouver une solution.