Prologue

16.1K 363 86
                                    

27 juillet 2017

Six heures quinze.

Le réveil retentit pour la troisième fois, lui vrillant les tympans par la même occasion. Se retournant dans le lit en grommelant, elle finit par s'étirer et arrêter la sonnerie infernale qui hurlait dans l'appartement, avant de sortir prestement du lit pour se diriger vers la salle de bain.

À mesure que l'eau chaude s'écoulait pour venir glisser sur sa peau et que la buée emplissait la pièce, Jack repassa mentalement le déroulé de la journée à venir.

D'abord le trajet chaotique et incertain en transports en commun pour arriver au cabinet, où s'ajouteraient aux dossiers de la semaine ceux arrivés la veille et au petit matin. Sa matinée se résumerait alors à tenter de tous les parcourir et les classer par ordre d'importance, avant de s'attaquer aux cas les plus urgents. Évidemment, il fallait qu'elle s'attende aussi à se déplacer dans la journée, si l'hypothèse d'une garde-à-vue d'un de ses clients habituels venait à se présenter.
Elle se fit la remarque qu'il lui faudrait acheter quelque chose sur la route afin de ne pas perdre de temps ce midi et de pouvoir manger devant son ordinateur sans dévisser les fesses de devant son écran.

Elle le savait d'avance, l'après-midi serait consacrée au traitement des dossiers de son patron, qui profitait des courtes vacances d'été des tribunaux pour s'exiler sur une plage quelconque de la côte Ouest, et qui lui faisait l'insigne honneur de lui confier ses dossiers en son absence.
Plusieurs rendez-vous étaient programmés, elle nota mentalement de demander à Mireille, la secrétaire, de lui rafraichir la mémoire sur ce point-là en arrivant.

En calculant bien, et si elle était aussi efficace qu'elle le voulait dans la journée, elle pouvait espérer quitter le cabinet parisien avant que la petite aiguille n'atteigne le neuf, heure à laquelle elle emprunterait le chemin inverse pour rejoindre son appartement étroit sous les toits.

Métro, boulot, dodo. Quel quotidien palpitant...
Pourtant elle aimait profondément son métier d'avocate et n'en aurait changé pour rien au monde. Il se révélait passionnant et humain, si tant est qu'on prenne la peine de le faire correctement, et elle avait travaillé trop dur pour arriver jusque là pour abandonner maintenant.
Mais elle savait aussi que le chemin à parcourir serait encore long avant de pouvoir souffler un peu et organiser son temps de manière plus souple. Les commissions d'office, les appels du Barreau ou du poste de police en plein milieu de la nuit pour venir assister les noctambules avinés, les heures travaillées qui excédaient largement celles pour lesquelles elle était payée, ... étaient autant d'inconvénients qui accompagnaient la robe noire qu'elle avait désiré avec tant d'ardeur et pour laquelle elle avait fait tant de sacrifices.

Au moment où l'eau passait du tiède au carrément froid, elle s'extirpa de la cabine de douche en essorant frissonnant.  Ses cheveux ondulés laissaient derrière elle une traînée de gouttelettes permettant de suivre à la trace son court trajet entre la salle de bain et la penderie, devant laquelle elle se planta pour finir de se préparer.

Trois coups de brosse plus tard, elle enfourna dans son sac son ordinateur, qui rejoignait ainsi le joyeux bordel accumulé dans le cartable en cuir noir, avant de sortir en trombe de l'appartement pour attraper le prochain métro, son téléphone affichant déjà sept heures dix.

Une fois à l'air libre, Jack soupira en jetant un coup au d'œil au ciel gris qui pesait au dessus de sa tête, menaçant de se déchirer pour déverser des trombes d'eau.

- Dammit..., murmura-t-elle pour elle même, avant de presser le pas, resserrant sa veste en toile autour de sa taille pour braver la brise matinale de ce mois de juillet.

S'enfonçant dans les dédales souterrains du métro, elle prit le temps d'observer les gens pressés qui la dépassaient de toutes parts, la crasse des murs, les déchets jonchant le sol et l'odeur agréable qui émanait de ce savoureux mélange.
Encore peu familière des sous-sols parisiens, elle réussit finalement à trouver son chemin et s'engouffra dans la rame bondée, se pressant aux autres usagers sur le chemin du travail, encore à moitié endormis pour la plupart.

Ce début de journée et la météo peu clémente la rendaient d'humeur morose, et ne faisaient que lui rappeler que Paris n'était pas sa ville et ne le serait probablement jamais.
Elle comprenait l'engouement de certains pour ce qu'ils appelaient la Ville Lumière, mais ne pouvait s'empêcher de n'y voir qu'une capitale hautaine et égocentrique, toute entière tournée sur l'image qu'elle renvoyait sans réellement prendre en compte ses habitants. Et les quelques années qu'elle venait déjà d'y passer n'avaient pas permis de changer cette opinion, puisqu'elle avait passé le plus clair de son temps le nez dans ses dossiers et ses Codes plutôt qu'en vadrouille pour en explorer les joyaux cachés.

C'était décidé, à la première occasion, elle quitterai la capitale.



___

Bonjour à toutes (et à tous ?) !

Me revoilà, avec la republication du prologue.
Je suis heureuse de revenir enfin sérieusement sur cette histoire, et j'espère vous y retrouver !

Pour celles et ceux que ça intéresse, on se retrouve sur Instagram où j'ai le même nom, @lilisansorties ! J'y poste des extraits de l'histoire, la BO des chansons qui font les titres de chapitre, et on discute. Bref c'est le bordel, mais c'est cool.

Baci 💛

Le second souffle • NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant