30. Morning

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28 décembre 2017

Encore engourdi de sommeil, la tête lourde sur l'oreiller, Ken se retourna entre les draps lorsqu'il entendit au loin la voix des deux jeunes femmes avec qui il avait passé la soirée de la veille. Malgré son esprit embrumé, il comprit que ce devait être l'heure bien matinale du départ pour Solange, et que Jack s'était aussi levée pour lui dire au revoir. Trop fatigué pour se décider à s'extirper du lit pour en faire de même, il se laissa bercer doucement par les bribes de la conversation qui parvenaient jusqu'à la chambre où l'écossaise et lui avaient passé la nuit.

- Bon voyage ma biche, courage pour le vol et merci encore de nous laisser ton palace ! Sérieusement cet appart est dingue.

- De rien Jackie, je t'enverrai un message en atterrissant. Il faudra que tu viennes avec moi une année, je suis sûre que le soleil de Fort-de-France te ferait le plus grand bien ! Tu n'auras qu'à venir avec Ken s'il veut venir aussi, ajouta Solange avec un clin d'œil entendu.

- On n'en est pas encore à prévoir des voyages pour dans un an, rit nerveusement la jeune écossaise devant l'emballement de son amie, qui avait manifestement apprécié le grec lorsqu'ils s'étaient rencontrés la veille. Mais je garde la proposition en tête, sourit-elle doucement.

- Je sais, je te taquine ! En tout cas ce garçon a l'air très bien, je ne t'avais pas vu aussi épanouie depuis que Bachir est parti à Bordeaux, renchérit-elle sur le ton de la confidence.

Bien que séparés par plusieurs mètres de distance, et dans des pièces différentes, Jack et Ken eurent le même mouvement de crispation à l'entente de cette dernière phrase. Le jeune homme, soudain bien plus éveillé, retint sa respiration pour ne rien manquer de la suite de cette conversation.

- Ne dis pas de bêtises, balaya Jack en fronçant les sourcils, presque vexée. J'ai été un peu touchée quand il a pris son poste, mais j'ai fait mon deuil de cette histoire depuis longtemps. J'étais très heureuse, même célibataire.

- Et moi je te dis que tu as l'air mieux que la dernière fois qu'on s'est vues. Tu n'en as peut-être pas consciente, et c'est pas très grave, c'est que le début entre vous. Mais rappelle toi, j'ai toujours raison, finit la jolie brune en riant, entraînant son amie avec elle.

Du fond de son lit, Ken était resté perplexe en entendant les derniers mots échangés par les deux jeunes femmes avant de se dire finalement au revoir, et comme souvent, un tsunamis de questions toutes plus pressantes et envahissantes les unes que les autres germaient peu à peu dans son esprit. Avec un minimum de recul, il savait que ses interrogations étaient loin d'être rationnelles. Jack avait eu une vie avant lui, et il était conscient qu'il ne savait pas encore tout de celle-ci. Mais si jamais elle devait un jour lui en parler, ça devrait venir d'elle, au risque de la braquer sévèrement.
Il entreprit ainsi de chasser de son esprit ces idées parasites en se concentrant sur la satisfaction d'avoir fait manifestement bonne impression à Solange, et sourit en se rappelant que cette dernière venait même de l'inviter volontiers en Martinique, avant de louer ses mérites auprès de sa belle.

Tandis qu'il sentait le sommeil le happer une nouvelle fois, encore épuisé de sa trop courte nuit, il entendit le bruit étouffé des pas de la châtaine qui se dirigeait vers la chambre d'amis qu'ils partageaient. La porte s'ouvrit finalement à la volée, la lumière venue du salon l'aveuglant brusquement par la même occasion, ce qui lui arracha un grognement mécontent. Jack rit doucement en refermant la porte et s'approcha de lui à pas de loup.

- Ben alors, on est chonchon ce matin ? Se moqua-t-elle.

Alors qu'il se retournait pour répondre à cette attaque bien trop matinale, Ken prit le temps de détailler la jeune femme, uniquement vêtue d'un t-shirt élimé et d'une culotte noire dont la dentelle mettait en valeur la rondeur des fesses qu'elle moulait. Il observa le balancier des hanches charnues s'avancer devant lui, oubliant toute la mauvaise humeur qui avait pu le gagner quelques instants auparavant et humant avec délice le parfum ambré de sa douce lorsqu'elle vint se lover contre lui, encore groggy de ce réveil trop matinal. Le grec fit glisser ses bras sur la peau chaude de Jack, passant le plat de ses mains sous son haut pour profiter de la chaleur partagée de leurs corps en ce matin hivernal qui n'appelait qu'à la paresse. Pourtant, Jack n'était manifestement pas du même avis. Au moment où Ken se senti enfin sombrer dans les bras de Morphée, bercé par la respiration régulière de l'avocate, celle-ci tenta tant bien que mal de s'extirper de son étreinte sans le réveiller, gigotant de manière plus ou moins adroite.

Le second souffle • NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant