50. House of the rising sun

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2 janvier 2019

Mesdames, messieurs, nous allons bientôt atterrir à Édimbourg. Il est 9h30 heure locale et la température au sol est de 4 degrés Celsius. Merci d'avoir voyagé avec Air France. Tout l'équipage et moi-même vous souhaitons un bon séjour et espérons vous revoir prochainement à bord.

Surexcitée, Jack ne tenait plus en place. L'idée même de se savoir si proche de sa terre natale la mettait en joie et entamait sa patience. Dès l'annonce du pilote elle avait rangé son livre, remonté son siège et la tablette devant elle et rattaché sa ceinture. Le nez collé au hublot, sa jambe gauche tressautait d'excitation comme une enfant qu'on aurait promis d'emmener à Disney. Son empressement augmenta encore d'un cran lorsqu'elle entendit le bruit caractéristique des ceintures de sécurité se détacher et tous les passagers se lever progressivement pour récupérer leurs valises.

À côté d'elle, Ken profitait de ces dernières minutes où les plus pressés devaient patienter debout dans l'allée avant l'ouverture des portes pour somnoler encore un peu. D'un naturel peu matinal, si ça n'avait tenu qu'à lui ils auraient choisi un vol plus tard dans la journée, mais l'avocate avait insisté et avait trouvé les arguments pour le convaincre. Ronchon, il poussa un soupir agacé en entendant à côté de lui l'agitation des gens entassés qui se pressaient vers les sorties, mais son visage se détendit rapidement lorsqu'il sentit les doigts frais de sa belle venir caresser ses tempes et la racine de ses cheveux.

- Wake up, love, murmura-elle pour lui faire ouvrir les yeux. On va pouvoir descendre.

La vision des iris pétillants encadrés par les lunettes de la jeune femme le fit sourire. Il la trouvait particulièrement belle ce matin, elle rayonnait d'une énergie positive qui déteignait sur lui.
Son cœur se gonfla en assimilant les mots doux qu'elle avait prononcé contre son oreille. Il était très rare que Jack l'appelle autrement que par son prénom en français, mais elle se laissait parfois aller lorsqu'elle revenait à sa langue maternelle. Dans ces moments-là, son accent écossais était pour lui une douce musique dont il ne voulait jamais se lasser.

D'un mouvement souple, il passa son bras autour de sa taille pour l'attirer vers lui et loger sa tête dans son cou. Inspirant à fond, le parfum de fleur d'oranger de l'écossaise vint rapidement saturer ses récepteurs. Il aurait aimé sentir cette odeur au réveil tous les jours. Contrairement à ce qu'il redoutait au début de leur relation, il ne s'était pas lassé de la jeune femme, c'était même tout l'inverse. Malgré l'année chaotique qui venait de s'écouler, il l'aimait plus que jamais. Ken sentit son corps secoué par le rire de Jack, qui insista :

- Je suis sérieuse, il faut y aller là, chop chop!

De mauvaise grâce, Ken laissa retomber son bras et s'extirpa de son siège sous le regard insistant d'un steward qui lui fit comprendre qu'ils étaient les derniers à quitter l'appareil. Ce n'est qu'une fois arrivé dans le hall des arrivées de l'aéroport, un café en main, qu'il émergea totalement. D'un coup d'œil vers l'extérieur, il remarqua le crachin qui s'abattait sur la capitale écossaise.

- Je savais qu'on aurait du commencer par la Grèce, grommela-il. En plus il fait super moche, alors que dans l'avion c'était plein soleil...

- Such a Negative Nelly! s'amusa Jack. Il fait toujours beau au-dessus des nuages.

À ces mots, Ken marqua un temps d'arrêt. Dévisageant la jeune femme, il semblait réfléchir à toute vitesse, comme pour trouver la réponse à une question que lui seul se posait. Jack avait beau être habituée à ce type de réaction, qui s'étaient multipliées depuis que le grec avait décidé de se mettre sérieusement à la production de son nouvel album, elles la surprenaient toujours.
Tout à coup il eut comme une illumination et se rapprocha à nouveau d'elle, déposant un baiser vif sur ses lèvres.

Le second souffle • NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant