Le second souffle • Nekfeu

40. Langage crypté

17 mars 2018

Trente cinq... trente six... Ken soupira. Il avait à peine dépassé le deuxième étage et ses jambes le faisaient déjà souffrir.
Compter les marches comme il le faisait depuis que Jack lui avait ouvert depuis l'interphone n'arrangeait rien. Il ressentait plus que jamais le manque d'exercice physique dont il faisait preuve depuis quelques mois, ayant abandonné les entraînements avec son coach sportif faute de temps. Ses différents projets professionnels l'avaient tenu largement occupé, courant sans cesse d'un studio à l'autre pour enchaîner les featuring et autres rendez-vous. Il avait ainsi naturellement laissé de côté les salles de muscu, préférant consacrer son temps libre à la jolie rousse qui l'attendait quelques mètres plus haut.
Le grec fut tenté de maudire sa belle d'habiter au dernier étage mais il n'en avait même plus l'énergie, cette journée l'avait rincé.

La perspective de retrouver l'avocate pour la première fois de la semaine suffît cependant à lui donner l'élan nécessaire pour gravir les derniers paliers. Le souffle court comme s'il venait de courir un marathon, il fit enfin face à l'appartement tant convoité une poignée de minutes plus tard.
La porte ayant été laissée entrouverte, il n'eut qu'à la pousser un peu plus pour pénétrer dans les lieux avant de la laisser claquer derrière lui, le bruit de la radio laissée allumée en fond sonore.

Balayant la pièce unique du regard, il ne tarda pas à repérer Jack qui s'agitait devant le plan de travail de la kitchenette, manifestement absorbée par ce qu'elle était en train de faire. Un doux fumet d'épices et de légumes parvint jusqu'aux narines du brun, qui ne put s'empêcher de la taquiner tout en s'approchant d'elle, plaçant ses mains sur les hanches féminines devant lui.

- Toi, en train de cuisiner un repas pour un mec ?! Qui êtes vous, et qu'avez-vous fait de ma meuf ? Demanda-il avec un faux air inquiet.

Il ne comprit son erreur que lorsque la taille de la jeune femme lui glissa entre les doigts. Celle-ci fit volte-face, agitant dangereusement son couteau de cuisine vers lui.

- How about you wee off, you filthy little... [Et si t'allais te faire voir, espèce de sale petit...]

- Ok ok, j'ai rien dit ! La coupa le jeune homme en levant les mains vers le ciel, hilare. C'est bon, personne ne t'a kidnappée c'est bien toi.

Son rire fut communicatif. Rapidement, les lèvres pleines de la jeune femme s'étirèrent et elle attira le grec contre elle pour le saluer correctement, laissant son couteau sur le côté cette fois-ci.

- Désolée je suis un peu à cran je crois, murmura-elle doucement, déposant ses lèvres sur les siennes.
- T'es une nerveuse, je suis déjà au courant, la rassura Ken. Tu sais que depuis le Nouvel an la plupart des gars t'appellent encore Mohammed Ali ?

Jack jura, insultant les garçons à mi-voix. Pourtant le sourire franc qu'elle arborait depuis que le brun avait franchi le seuil de la porte ne trompait pas, elle était heureuse et soulagée de le voir. La main chaude qu'il avait posé sur sa nuque faisait naître chez elle un sentiment confortable de sécurité qui lui permît de relâcher peu à peu la pression accumulée cette dernière semaine. Elle soupira, laissant la pulpe de ses doigts dessiner la démarcation des tempes du grec avant de se perdre distraitement dans ses cheveux.

- Rude journée ? Questionna-t-il

- Un peu... en plus Boyer a essayé me refiler sa permanence garde à vue de cette nuit avant de partir. J'ai dit non et évidemment il s'est énervé. Il a tellement l'habitude que je sois dispo h24 pour le boulot que ça lui fait tout drôle, expliqua la rousse. Et toi alors ? Tu as l'air épuisé...