46. Pendant que les champs brûlent

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13 juillet 2018

L'esprit de Ken tournait à plein régime lorsqu'il ressorti enfin de la maison marseillaise de Yasmine et Matti. Cette rencontre avait plutôt été une épreuve pour lui - surtout la partie où il avait dû se retenir d'incendier la mère de Jack - mais il avait pu récupérer une masse d'informations importante qui se bousculait à présent dans sa tête.

Après son indice lâché à demi-mot sur la localisation de la rousse, Yasmine ne lui avait plus adressé la parole jusqu'au moment des au revoirs. C'était Matti qui avait pris le temps de lui expliquer que le Garlaban était en réalité un massif montagneux bien connu dans la région, que l'écossaise appréciait particulièrement. Si elle était partie uniquement pour quelques jours, sans organiser plus que ça son absence, cela signifiait qu'elle n'était pas très loin et que cette piste était la première à explorer. Le brun faisait à présent les cent pas posté devant le perron, attendant impatiemment que Solange décroche son téléphone. Il avait déjà tenté de joindre Yaël sans succès et avait besoin de brainstormer cette histoire de fuite dans la montagne. Le grand blond aux allures de guerrier viking avait eu beau lui indiquer l'endroit qu'il pensait le plus probable pour trouver sa fille, Ken aurait aimé récupérer quelques informations supplémentaires avant de se lancer dans une randonnée de près de deux heures dans un endroit qui lui était totalement inconnu.
Jetant un coup d'oeil à sa montre, il songea également qu'il était pressé par le temps. Même s'il avait encore quelques heures devant lui avant que le soleil ne se couche, il aurait préféré éviter de se retrouver seul dans la garrigue à la nuit tombée.

Il soupira quand enfin les tonalités dans son écouteur laissèrent place à une voix féminine familière. Pourtant il marqua un temps de pause en n'entendant pas le léger accent chantant de la sudiste qui aurait dû lui répondre.

- Leïla ? S'étonna le jeune homme, surpris. Comment ça se fait que ce soit toi qui réponde ? J'ai bien appelé Solange au moins ?

- T'as vraiment envie de parler de ça maintenant ? Lui répondît la marocaine à travers le combiné.
Je te passe So', ajouta-elle d'un ton précipité qui ne laissa pas au grec le temps de renchérir, trop déconcerté par cet échange.

Finalement, il entendit la marseillaise récupérer le combiné et le saluer à sa manière :

- Bonjour Ken. Si tu poses d'autres questions sur Leïla je raccroche.

Manifestement, tout le monde avait décidé d'être agréable avec lui aujourd'hui.

- Tranquille j'ai rien dit, grogna le brun, un peu agacé. Je t'appelle pas pour ça de toute façon.

Après quelques minutes où Ken résuma rapidement ce qu'il avait appris en venant chez les parents de Jack, Solange lui confirma qu'elle partageait l'intuition de Matti. Lorsqu'elles étaient en sixième, les deux amies avaient fait une sortie scolaire à cet endroit et l'écossaise avait tellement aimé le cadre qu'elle y était retournée à de très nombreuses reprises par la suite. Elle lui indiqua le chemin exact pour se rendre au spot de prédilection de la rousse et lui demanda de le tenir au courant si jamais il ne la trouvait pas là-bas. Au moment de raccrocher, Ken ne pensait déjà plus au début surréaliste de sa conversation avec la jeune femme, trop occupé à foncer vers la BMW de location stationnée dans la rue, avec un seul objectif en tête : rejoindre Jack.

Vingt minutes de voiture et plus d'une heure de marche plus tard, il était arrivé au point indiqué par Solange avec une certaine anxiété. La brune avait beau lui avoir expliqué étape par étape comment se rendre à l'endroit qu'il cherchait, il ne pouvait s'empêcher de se demander s'il ne s'était pas perdu à la faveur d'un changement de sentier, s'il ne devait pas du tourner à gauche plutôt qu'à droite après le rocher, ou même carrément s'il était parti du bon endroit pour commencer sa quête.
En réalité, l'angoisse était surtout d'être au bon endroit : s'il ne s'était pas trompé, qu'il avait suivi toutes les instructions comme il le fallait et qu'il ne trouvait quand même pas Jack, cela voudrait dire que personne ne savait où elle était. Ou pire encore, qu'il lui était arrivé quelque chose de grave, qu'elle était bloquée quelque part, tombée dans un fossé, ou qu'elle avait rencontré un mec chelou en chemin, ...
Autant de possibilités qui se bousculaient dans sa tête et faisaient perdre son calme au grec, qui pressa un peu plus le pas.

Le second souffle • NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant