Chapitre 14.2 ~ Alexandre

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Je m'approchai de notre voiture. Elle était toute aplatie. J'entendais les cris d'Olivier et mon père qui essayait de le rassurer.

Olivier, tout va bien, ne t'inquiète pas, les secours vont arriver ! Ils vont nous sortir de la voiture !

Papa, je ne sens plus mes jambes, j'ai peur ! Maman, où est Maman ?

Je... Elle a perdu connaissance mais ça va aller ! Sois fort !

Je pouvais assister à la scène, entendre tout ce qui se disait mais c'était comme si j'étais invisible. Je contournai la voiture et vis ma mère, Meredith. Elle gisait au sol, inconsciente, à plusieurs mètres du véhicule. Je m'approchai d'elle en hurlant. Je m'accroupis pour la secouer et pour qu'elle se réveille, mais rien n'y faisait.

Maman, Maman, c'est moi, Alexandre, réveille-toi ! Maman !

Elle ne réagissait pas. Elle baignait dans une marre de sang. Ses yeux étaient fermés. Je commençai à pleurer et à paniquer. Je me retournai vers la voiture. Mon père, assis du côté passager, avait réussi à s'extirper de la carcasse et se dirigeai vers ma mère et moi. Il boitait et avait l'air de souffrir le martyre à chacun de ses mouvements.

Papa, Maman ne va pas bien du tout, fais quelque chose ! Vite !

Je criais mais il ne m'entendait pas. Il se pencha enfin sur ma mère, prit son pouls et tomba à genoux en hurlant à la mort.

Meredith ! Non... non !

Je compris à cet instant que ma mère était morte. C'était de ma faute.

Maman. Je t'aime. Je suis désolé. Ne me laisse pas. S'il te plait. Par pitié. Ne me laisse pas. Pardonne-moi. Je ferai tout ce que tu voudras. Mais ne me laisse pas.

Mes larmes brouillaient ma vue. La sirène des secours me sortit de ma torpeur. Je me retournai brusquement. Ils étaient près de la voiture. Ils parlaient à mon frère qui était toujours à l'intérieur. Ils essayaient d'ouvrir la portière pour le faire sortir le plus vite possible. Un des secouristes s'approcha de mon père en courant.

Monsieur, vous allez bien ? C'est votre femme ?

Mon père était incapable de parler. L'ambulancier fit un rapide examen de ma mère et appela ses collègues. Ils essayèrent de la réanimer mais je savais déjà que c'était trop tard. Hébété, mon père regardait la scène de loin. Il ne pleurait pas, ne parlait pas. Ses yeux regardaient dans le vague. Il se laissait examiner et soigner par les ambulanciers.

J'étais toujours accroupi à côté de ma mère pendant qu'ils essayaient de la ramener à la vie. Au bout d'un moment, l'un d'eux dit d'une voix triste :

C'est fini... ça fait plus de vingt minutes. Tom, arrête tout...

Non. Non. Maman. Maman !

Je me réveillai en sursaut. J'étais en sueur. Désorienté. Terrifié. Encore ce cauchemar. Toujours le même. Je n'étais même pas présent lors de l'accident de mes parents. Pourtant, je faisais ce mauvais rêve depuis plus de dix ans maintenant. Peu à peu, je repris mes esprits. J'étais allongé sur le canapé. Nu. Merde ! Anna !

J'étais avec elle quand nous nous étions endormis mais elle n'était plus à côté de moi ! Paniqué, je me relevai pour allumer la lampe posée sur la table basse du salon. Elle était en train de ramasser ses vêtements éparpillés par terre dans le couloir pour se rhabiller. Elle se retourna brusquement vers moi à la vue de la lumière qui éclairait faiblement la pièce.

— Alexandre, ça va ? Tu as l'air bizarre... Tout va bien ?

— Je... Oui, ça va. J'ai juste fait un mauvais rêve. Ça va passer. Mais qu'étais-tu en train de faire ?

— Et bien, heu... je récupérais mes vêtements.

— Quoi ? Pourquoi ?

— Parce que... je... je ne peux pas rester dormir chez toi.

— Anna, ne sois pas ridicule, bien sûr que si. Je ne vais pas te laisser partir seule en pleine nuit après ce que nous avons fait ce soir. Pour qui tu me prends ?

— Ne le prends pas mal, mais je... Il faut que je parte. C'est tout.

— Mais...

— S'il te plait, ne me pose pas de question. Il faut juste que j'y aille. Ne t'en fais pas pour moi, je vais prendre le métro. Je suis une grande fille.

— Je ne comprends pas... Je croyais que...

— Ça n'a rien à voir avec toi ou ce que nous avons fait Alexandre. Je te promets. J'ai vraiment apprécié notre moment d'intimité. Mais je ne suis plus habituée à ça... Je ne sais pas comment...

— Je comprends, moi non plus, je n'y suis pas habitué. Mais j'aimerais vraiment que tu dormes ici cette nuit. J'ai une chambre et un vrai lit si ça peut t'aider à dire oui !

— Tu es bête ! Je me doute bien, mais n'insiste pas, s'il te plait.

Elle ramassa ses vêtements éparpillés sur le sol et me demanda où était la salle de bains. Après le lui avoir indiqué, elle y entra en fermant la porte derrière elle. J'en profitai pour remettre mon boxer et mon pantalon. J'étais vraiment chamboulé. Et déçu qu'elle ne veuille pas dormir chez moi.

Surtout, je me demandais pourquoi. Je n'étais peut-être qu'un plan cul pour elle. Pourtant, j'avais vu dans ses yeux bien plus que du désir pendant que nous faisions l'amour. Son corps aussi me disait que c'était plus que ça. Alors, pourquoi s'enfuir comme ça, seule, en pleine nuit ? J'étais frustré de ne pas avoir la réponse.

Elle sortit de la salle de bains habillée et prête à partir. Elle était encore plus belle avec ses cheveux recoiffés à la va-vite et ses joues qui avaient gardé leur teinte rosée. Elle s'approcha doucement de moi, le regard baissé. Elle posa ses mains sur mes épaules et m'embrassa tendrement, comme pour s'excuser. De quoi ? De son départ précipité ? Je la pris par la taille tout en lui rendant son baiser. Elle rompit notre contact la première en s'écartant de moi.

— Ne m'en veux pas Alexandre...

— Alors dis-moi qu'on se reverra avant ton départ !

— Oui, promis ! Je te contacte bientôt !

— J'espère bien...

Elle me répondit par un sourire malicieux. Je la raccompagnai jusqu'à la porte de mon appartement, un peu triste de devoir la laisser partir.

— Bonne nuit...

— Bonne nuit Anna. Sois prudente.

Elle me fit un petit signe de la main avant de descendre les escaliers de mon immeuble. Je la suivis du regard d'un air penaud. Une fois seul, je décidai de prendre une douche et d'aller me coucher. Demain était un autre jour. Je sombrai lentement dans un sommeil agréable tout en repensant à Anna et à notre étreinte à la fois tendre et passionnée. Je réalisai alors que je ne pourrai pas me contenter de cette seule nuit avec elle. J'avais besoin de plus. Beaucoup plus.

Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant