Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 2.1 ~ Anna

7 heures 00. Je fus réveillée en sursaut par cette satanée alarme ! Après cette nuit agitée et pas vraiment réparatrice, j'aurais bien aimé rester encore un peu dans mon lit, d'autant plus que j'étais officiellement en vacances depuis hier soir. Mais mon TGV m'attendait ainsi que mon père et, le connaissant, j'étais sûre qu'il était déjà sur le pied de guerre pour préparer mon arrivée. Je l'imaginais très bien en train de tout ranger dans son appartement et d'aménager mon petit espace !

Il était vraiment adorable. Il faisait mon lit en utilisant de jolis draps « de filles » comme il disait et il achetait des fleurs qu'il arrangeait joliment dans son unique vase, à chaque fois que je venais le voir. Tout ça rien que pour moi ! Je trouvais ça tellement attendrissant. Je savais que j'allais adorer ce qu'il m'aurait concocté, comme d'habitude ! Le connaissant par cœur, je savais que mon séjour commencerait par la visite complète de la nouvelle boulangerie qu'il allait ouvrir en plein cœur de la capitale.

Il m'en avait longuement parlé lors de nos conversations téléphoniques, lorsque ce n'était encore qu'un vague projet. Maintenant, tout se concrétisait ! Après avoir créé sa première petite boutique il y avait plus de dix ans, il était devenu propriétaire d'une magnifique boulangerie, où l'odeur du bon pain flotterait dans l'air toute la journée. J'avais hâte de la voir cette merveille ! Je me souvenais très bien que lorsque j'étais enfant, le pain était déjà sa passion. Tous les matins, il nous rapportait, à ma mère et moi, des croissants et des pains au chocolat tout frais.

C'était un vrai régal ! Je ne pourrai jamais oublier cette odeur savoureuse et appétissante des viennoiseries toutes chaudes qui envahissait notre cuisine grâce à lui. Il adorait son métier et me disait souvent qu'un jour, il serait son propre patron. Et ce jour était enfin arrivé ! J'étais tellement fière de lui. Mais si je ne voulais pas rater mon train et me faire étriper par mon père, il valait mieux pour moi que je me lève et que je me prépare...

Après un bon petit déjeuner accompagné de mon éternel thé Darjeeling de Twinings, je filai à la salle de bains. J'aurais aimé que l'eau me purifie et me fasse oublier cette nuit tourmentée où j'avais rêvé de Sébastien et de ses yeux verts. Non, il ne fallait pas que je repense à lui, sinon j'étais perdue. Comme pour le chasser de mon esprit et de mes souvenirs, je fermai les yeux en secouant la tête, et entrai dans la baignoire.

L'eau chaude me fit du bien et me détendit. L'odeur fleurie de mon gel douche me rassura et ma nuit agitée n'était bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Avant de sortir de la salle de bains, je jetai un coup d'œil dans le miroir pour voir de quoi j'avais l'air et pour me faire une rapide mise en beauté.

Mes longs cheveux bruns étaient légèrement humides et je les brossai doucement pour les rendre bien lisses. Je décidai de les relever en un chignon improvisé. J'étais plutôt étonnée de constater que mes yeux noisette n'étaient pas encerclés par des cernes, malgré ma mauvaise nuit et la fatigue accumulée au cours de ces dernières semaines. Mon teint était toujours aussi pâle, mais je l'arrangeai en déposant un peu de blush sur mes pommettes. J'appliquai ensuite un peu de mascara noir, mais pas trop, juste ce qu'il fallait pour rester naturelle. J'étais très maquillée uniquement lors de mes virées nocturnes. Le reste du temps, j'aimais avoir un look plutôt naturel avec un maquillage simple et léger.

En sortant de la salle d'eau, je me sentais belle, détendue et sereine. J'allai dans ma chambre où ma tenue, préparée la veille, m'attendait bien sagement sur une chaise : jeans, T-shirt et gilet, le tout dans un camaïeu de gris. Je laissai chez moi, avec un peu de réticence, mes talons hauts et optai pour de jolies ballerines noires. J'aimais les quelques centimètres que les talons m'offraient, non pas que je me sentais petite du haut de mon mètre soixante dix, mais j'appréciais particulièrement la sensation qu'ils me procuraient : un mélange de liberté, de sécurité et de domination aussi.