Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 19.2 ~ Anna

Je serrai fermement la main d'Alexandre pour me donner la force de lui dire la vérité.

— Tu veux vraiment le savoir ?

— Oui, je suis inquiet. Je veux savoir. S'il te plait.

— J'ai vu Sébastien. Enfin, plutôt, son regard noir. Il hurlait que je l'avais trahi. C'était horrible... Je voulais juste que ça s'arrête.

Je ne pus retenir mes larmes. Alexandre porta ma main à ses lèvres et y déposa un baiser rassurant. Ce geste me fit fondre.

— Je suis désolé.

— Il ne faut pas, tu n'y es pour rien.

— Indirectement, oui. Tu m'as dit toi-même que c'était la première fois que ça t'arrivait. Et ça s'est produit pendant que tu étais avec moi, dans mon lit. Quelque part, c'est de ma faute. Je ne veux pas que tu souffres à cause de moi.

Le ton de sa voix m'alerta. Elle était triste et résignée. Je ne voulais pas qu'il se sente responsable de ma culpabilité envers Sébastien. Je ne voulais pas que son fantôme tue notre relation dans l'œuf. J'étais terrorisée, oui, mais je voulais tenter de nouer un lien avec Alexandre. Je n'en pouvais plus des nuits de sexe sans attache. C'était grâce à lui que j'en avais pris conscience et je lui en étais vraiment reconnaissante. Il était hors de question que Sébastien vienne gâcher tout ça. Hors de question !

— Alexandre, non, ce n'est absolument pas de ta faute ! C'est moi qui suis vraiment pathétique. Sébastien a encore une influence sur ma vie alors qu'il est mort depuis des années !

— Ne dis pas ça... Tu n'es pas pathétique. Tu es simplement humaine. Ma mère n'est plus là depuis longtemps, pourtant tout ce que j'ai fait jusqu'à aujourd'hui est en relation directe avec sa disparition.

— Comment ça ?

— Si j'ai décidé de devenir chirurgien et de sauver des vies, c'est pour elle.

Sa voix était un souffle à peine audible. Je lus dans ses yeux la souffrance et la tristesse qu'il ressentait encore en évoquant sa mère. Je ressentais la même chose lorsque je parlais de Sébastien. Et c'est ça qui faisait que je me sentais si proche de lui en cet instant. Le passé. La douleur. L'absence. Le manque. Les souvenirs.

Nous avions suivi tous les deux ce même chemin pénible et tortueux du deuil. D'ailleurs, nous y étions toujours. Et tout à coup, je me dis qu'il serait peut-être plus facile de venir à bout de ce chemin de croix à deux. Même si ça n'allait pas être une partie de plaisir, à nous deux, nous serions plus forts, non ? Je décidai de briser le silence :

— On se ressemble tellement toi et moi...

— C'est vrai. Mais j'ai l'impression que ce passé qui nous relie complique tout.

— Tu n'as pas tort, mais j'aimerais qu'on essaie d'avancer ensemble. Un pas après l'autre. Qu'en penses-tu ?

— J'aimerais beaucoup aussi, mais c'est difficile.

— Je le sais bien, mais je pense que le jeu en vaut la chandelle, tu ne crois pas ?

— Oui, tu as raison.

Son sourire timide était de retour. Mon préféré. Après cette discussion riche en émotions, nous mangeâmes en silence. J'étais tellement soulagée qu'il ne se soit pas enfui après mon comportement de la veille et qu'il soit d'accord pour qu'on essaye de construire quelque chose, malgré les obstacles. Cependant, rien n'était résolu. Et j'avais toujours peur que mes flash-back reviennent à chaque fois que je voudrais coucher avec Alexandre.