Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 16.2 ~ Alexandre

Avant que je puisse lui répondre, le Docteur Dubois nous rejoignit dans le couloir et entraîna joyeusement mon père vers la sortie. Jean-Jacques fronça les sourcils en me souhaitant une bonne soirée. Ma réponse avait certainement piqué sa curiosité mais j'avais été sauvé par le gong. Je ne voulais pas lui parler d'Anna. Du moins pas pour le moment. Nous n'abordions pas vraiment ma vie privée depuis mon adolescence.

Je devais bien avouer que ça me facilitait les choses. Ça m'avait évité de devoir lui mentir pendant la période où j'avais été le soumis d'Adriana. La rupture de notre contrat était toute récente. Pourtant, j'avais l'impression que ça faisait des siècles. Quant à ma rencontre avec Anna, je préférais la passer sous silence, tant que je ne savais pas comment évoluerait notre « relation ».

J'étais en train d'enlever ma blouse blanche dans les vestiaires lorsque Vincent entra dans la pièce, tout excité.

— Et voilà, journée terminée ! Maintenant, on va s'amuser toi et moi ! Yes !

— Ne t'emballe pas trop, mec ! Je prends juste un verre ou deux et je rentre chez moi...

— Putain mais t'es vraiment un rabat-joie, tu le sais ça ?

— Ça fait un bon moment que tu es au courant il me semble ? lui répondis-je en lui faisant un petit clin d'œil moqueur.

— Mouais... Bon, maintenant que ta belle demoiselle a bien mariné, tu peux répondre à son invitation à dîner ! Et c'est moi qui valide l'envoi !

— Alors là, n'y pense même pas... Je suis encore capable d'envoyer un texto !

— Je ne suis pas convaincu ! Alors écoute, tu restes très sobre dans ton message, pas de grande démonstration d'affection, pas de grande déclaration enflammée hein ! Il ne faudrait pas qu'elle croie que tu es mort de faim après toutes tes années d'abstinence !

— Lâche-moi Vincent ! Merde !

— Oh, ça va, t'énerve pas. Bon, tu me feras voir ton message une fois que tu lui auras envoyé, ça te va comme ça ?

— J'ai vraiment le choix ?

Il me répondit non de la tête en la balançant doucement de gauche à droite, avec son grand sourire sur les lèvres. J'avais envie de lui donner des claques quand il était comme ça !

Je pris mon téléphone et commençai à taper un message rapidement. Au fond, il avait raison. Mieux valait rester sobre. J'optai donc pour la simplicité :

« Salut, ça va bien merci, et toi ? J'accepte ton invitation avec plaisir. On se retrouve directement au resto italien que tu connais ? Bisous »

Je sentais Vincent qui trépignait derrière moi. Il essayait de voir ce que je tapais par-dessus mon épaule. Ça m'énervait au plus haut point. J'espérais qu'Anna allait me répondre rapidement. C'est ce qu'elle fit :

« Oui, retrouvons-nous là-bas vers 20 heures. Le resto s'appelle « Chez Angelo ». 187, rue de Belleville. A demain ! »

Bon, cette fois, c'était du concret ! Je me retournai enfin vers mon meilleur ami qui commençait à me taper sur les nerfs, pour lui dire d'une voix agacée mais ravie :

— Voilà, c'est bon. On a rendez-vous demain à 20 heures dans un resto italien, rue de Belleville, t'es content ?

— Oui, très !

— Tant mieux, tu vas peut-être arrêter de bouger dans tous les sens alors...

— Je pensais qu'avoir enfin tiré ton coup allait te rendre moins coincé, mais on dirait pas !