Je lançai un regard noir à mon réveil. Il indiquait 7 heures 25. Je savais qu'après ma nuit plus que mouvementée, je ne me rendormirai pas. Autant me lever et essayer de manger quelque chose. Tel un zombie, je m'installai sur un tabouret au comptoir de la cuisine, après avoir mis en route la machine à café. Inévitablement, je repensai au désastre d'hier soir. L'exposition. Adriana. Anna. Ses larmes. Son regard plein de colère et son départ précipité dans ce taxi. Mais quel con.
Comment ai-je pu être assez idiot pour l'inviter au vernissage de mon ancienne Domina ? J'aurais presque envie de rire si la situation n'était pas aussi pathétique. Comment ai-je pu croire une seule seconde que les choses allaient bien se passer ? Je m'en voulais. Je m'en voulais tellement, putain ! S'il existait un classement des idées foireuses, je crois que je serais arrivé en tête haut la main avec cette soirée lamentable !
Le vibreur de mon portable me tira de mes pensées. C'était peut-être Anna ? J'avais tenté de la joindre hier après son départ mais elle ne répondait ni à mes appels, ni à mes texto. Ça me rendait fou. Je n'arrêtais pas de revivre la scène, encore et encore, dès que je fermais les yeux. Je la revoyais, au moment où elle avait surpris Adriana en train d'essayer de m'embrasser.
Sa tristesse, sa colère, ses yeux remplis de larmes amères. C'était comme si je lui avais planté un couteau dans le cœur. Et j'étais le seul responsable. Mon ancienne Maîtresse n'était pas blanche comme neige, c'était vrai, mais je n'aurais jamais dû emmener Anna à ce vernissage. Jamais. Mon vibreur continuait de s'affoler. Nerveusement, je consultais mon téléphone. Deux texto d'Adriana.
« Je suis vraiment désolée pour mon attitude d'hier soir, Alexandre. »
« Pardonne-moi. »
Qu'elle aille se faire foutre, elle et ses excuses. Rien qu'en pensant à elle, j'avais comme des envies de meurtre. Elle avait bien calculé son coup, cette garce. Et moi, comme un abruti, j'étais tombé dans le panneau. Mais ce n'était pas le plus grave. Le plus grave, c'était que j'avais fait souffrir Anna sans le vouloir et ça, je n'arrivais pas à le digérer et encore moins à me le pardonner. Incapable d'avaler quoi que ce soit, je bus deux tasses de café très serré. La chaleur des arômes ne me réchauffa que très brièvement. Je décidai d'envoyer un énième texto à Anna. Peut-être que ce matin, elle serait disposée à me répondre.
« Anna, il faut qu'on se voit, on doit parler d'hier soir. Fais-moi signe, s'il te plait. »
Écœuré, j'allais dans la salle de bains prendre une douche, en espérant me laver de cette nuit pourrie que j'avais passé à rêver de ses yeux en colère qui me transperçaient. Une fois lavé et habillé, je me sentais légèrement mieux et consultai compulsivement mon téléphone. Aucun message d'Anna. Putain. Je n'en pouvais plus de ne pas avoir de ses nouvelles. Je ne tenais plus en place. En plus, je ne savais même pas si elle était bien rentrée chez son père après le fiasco de notre soirée. Son père... Mais oui ! C'était ça la solution ! Je pris mon manteau et sortis de chez moi en trombe.
Il était encore tôt en ce samedi matin. Les rues parisiennes étaient relativement calmes. La fraîcheur printanière me remit un peu les idées en place. J'avais l'impression d'aller au travail, sauf que cette fois-ci, je n'allais pas à l'hôpital pour bosser mais pour trouver des réponses. Une fois arrivé, je fonçai à l'accueil des urgences, faisant profil bas pour ne pas me faire remarquer. Je n'étais pas censé être à la mine et encore moins un week-end.
Je repérai un ordinateur un peu à l'écart et je m'identifiai rapidement, essayant d'éviter le personnel soignant au maximum. Je tapai fébrilement « Anna Peretti » dans le système et j'accédais à son dossier d'admission aux urgences. Je griffonnai en vitesse l'adresse de l'appartement de son père et je me déconnectai. Ni vu ni connu. Je repartis comme j'étais venu.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...