Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 26.2 ~ Anna

— J'imagine, mais je dois te prévenir. Après ton départ, la semaine dernière, j'ai reçu un appel de mon frère.

— Olivier, si je me souviens bien.

— Oui.

— Et quel est le rapport avec moi ? Je ne te suis pas.

— Je ne t'en ai pas parlé jusqu'à présent, mais mes relations avec lui sont vraiment très difficiles depuis la mort de ma mère.

Il déglutit en évoquant sa mère. Il frottait nerveusement ses mains sur son jean. Son stress monta d'un cran. Le mien aussi par la même occasion.

— Tu es sûr que ça va ? Tu veux boire quelque chose ?

— Je veux bien, merci.

— Jus de fruits ?

— Parfait.

Je me dirigeai vers ma cuisine ouverte pour remplir un verre et le lui rapporter. Lorsque je le lui tendis, il avait toujours l'air aussi mal à l'aise. Il le prit lentement et but plusieurs gorgées avant de reprendre :

— Merci, ça fait du bien.

— Je t'en prie. Pourquoi ton frère et toi ne vous entendez-vous plus ?

— Et bien, il... Il m'en veut énormément.

— Pour quelles raisons ?

— Il me tient pour responsable du décès de notre mère et... de son état.

— De son état ? Que veux-tu dire ?

— A cause de l'accident, il ne peut plus marcher, il est en fauteuil roulant.

Il baissa la tête et ferma les yeux en grimaçant, comme si cette scène douloureuse venait à peine de se produire devant lui. Emue, je posai doucement ma main sur son épaule en la pressant légèrement, pour lui montrer mon soutien. Quelques secondes plus tard, il recouvrit ma main de la sienne sans pour autant relever la tête. Sentir sa peau contre la mienne me fit tellement de bien. Je n'avais pas conscience que son contact m'avait manquée avant de retrouver la chaleur et la douceur de sa paume. Je me laissai aller quelques instants à cette sensation si agréable, savourant cette connexion retrouvée.

— Je suis vraiment désolée.

— Merci, mais il ne faut pas, tu n'y es pour rien. Je suis le seul et unique responsable. Il a raison.

— Comment ça ?

— Mes parents et lui ont eu cet accident alors qu'ils venaient me chercher à l'aéroport. Je rentrais d'un voyage scolaire. C'est de ma faute. Tout est de ma faute...

— Je comprends que tu te sentes coupable. Si tu savais. Mais ton frère a tort. C'était un accident, tu m'entends ? Un accident. Personne n'est responsable.

Je tendis doucement ma main libre vers son visage pour le forcer à me regarder et à relever la tête. Ses beaux yeux verts étaient tellement tristes. Le voir si vulnérable me brisa le cœur. N'y tenant plus, je me rapprochai de lui et le pris dans mes bras. Il me serra fort contre lui, en enfouissant sa tête dans mon cou. Son odeur si agréable d'agrumes et de bois de santal envahit mes sens et me rappela nos ébats.

Je posai tendrement une main sur sa nuque et l'autre dans son dos. Je sentais son cœur battre très vite contre ma poitrine. C'était si bon de retrouver encore un peu plus notre connexion. J'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances, mais peu importait. Je voulais le réconforter. Lui montrer que j'étais touchée par ce qu'il venait de me révéler. Par la confiance qu'il m'accordait en s'ouvrant à moi, une fois de plus.