Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 17.1 ~ Anna

Ses grands yeux verts me regardaient avec colère et mépris. Ils étaient si sombres. Presque noirs. Ses lèvres ne bougeaient pas mais j'entendais sa voix murmurer :

— Anna, pourquoi m'as-tu trahi ? Pourquoi ?

Cette question résonnait sans cesse dans ma tête. Son regard acéré transperçait mon âme. J'avais du mal à respirer, je voulais échapper à ses reproches. Je me débattais mais rien n'y faisait. J'étais comme paralysée, incapable de bouger. Les échos de sa voix devenaient assourdissants. Je mis les mains sur mes oreilles pour ne plus les entendre mais c'était peine perdue. Ses murmures devenaient de plus en plus forts, jusqu'à devenir des cris qui me firent sursauter.

— Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ?

— Je suis désolée Sébastien, je...

Mes larmes coulaient sans que je puisse les arrêter. Le visage de Sébastien m'entourait de toutes parts. J'avais beau me retourner pour essayer de fuir son regard inquisiteur, je n'y parvenais pas. J'en avais assez, je n'en pouvais plus, je voulais juste qu'il arrête de hurler.

— Sébastien, écoute-moi, je ne voulais pas te faire de mal... Arrête de crier, s'il te plaît, arrête...

— Tu m'as trahi Anna. Comment as-tu pu me faire ça ? Comment ?

La sonnerie de mon téléphone me réveilla en sursaut. Merde. J'avais dû m'assoupir. J'étais en sueur, mon cœur battait la chamade et mon visage était baigné de larmes. Ma respiration était très irrégulière et je tentai de respirer profondément pour me calmer. Je ne comprenais pas d'où venait ce cauchemar. Ou plutôt, je ne voulais pas comprendre. Jusqu'à présent, Sébastien avait toujours peuplé mes rêves avec douceur et bienveillance. Mais là, c'était tout sauf ça.

Je pouvais encore entendre la colère et le désespoir vibrer dans sa voix. Désorientée, je me levai tant bien que mal pour aller dans la salle de bains. J'avais besoin d'un peu de fraicheur. Je m'aspergeai le visage d'eau froide à plusieurs reprises pour retrouver mes esprits. Cela me fit du bien. Je secouai la tête pour échapper au fantôme de Sébastien. Je hasardai un coup d'œil dans le miroir. Ce n'était pas beau à voir.

Une douche ne serait pas du luxe. L'odeur familière de mon gel douche aux notes fleuries me rassura et m'apaisa. Sentir l'eau chaude couler sur mon corps me détendit. Mes pensées vagabondèrent inévitablement vers Alexandre. J'avais encore du mal à réaliser que nous avions fait l'amour après notre dîner dans ce restaurant éthiopien, avant-hier soir. Pourtant, je n'arrêtais pas d'y penser. J'étais comme obsédée par ce souvenir. Je me repassais en boucle notre étreinte.

Ses mains qui me caressaient. Sa bouche qui embrassait tout mon corps. Son sexe qui me pénétrait. C'était comme si j'avais redécouvert la véritable jouissance. C'était tellement différent de toutes mes nuits de sexe juste pour le sexe. Je n'avais pas vécu ça depuis Sébastien. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point ça m'avait manqué avant ce soir-là. J'avais presque oublié combien le sexe était encore meilleur avec des sentiments. J'avais ressenti chaque caresse, chaque baiser, chaque coup de langue avec tellement plus d'intensité.

Pour la première fois depuis dix ans, je n'avais pas eu envie de partir après l'amour. Pourtant, j'étais rentrée seule en métro. Il était très tard quand j'étais arrivée chez mon père. Il dormait. Et ça m'avait soulagé. Je n'étais pas vraiment en état de subir un interrogatoire en règles sur le déroulement de notre soirée. J'étais bouleversée. Traversée par une multitude de sensations et de sentiments contradictoires. J'avais vraiment apprécié notre intimité, mais en même temps, j'étais déstabilisée.