Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 3.2 ~ Anna

Angelo nous tendit les menus, puis nous laissa seuls pour réfléchir à notre commande. Mon père n'arrêtait pas de sourire, et moi j'étais tellement contente de le voir comme ça que je souriais aussi !

— Je vois que rien n'a changé ici !

— Et non tu vois, ma petite cantine est toujours là !

— Tu y viens tous les jours ?

— Ces dernières semaines, je n'y suis venu que rarement. Avec tous les préparatifs pour l'ouverture de la boulangerie, je n'ai pas eu trop le temps !

— Oui j'imagine !

— Il faut que tu voies cette merveille Anna !

— Oui je sais Papa ! Tu n'as pas arrêté de m'en parler depuis trois mois !

Je lui fis un petit clin d'œil amusé. Il baissa les yeux l'air penaud mais son sourire ne le quitta pas, car il savait bien que je le taquinais.

— Bon, on commande ? Tu prends quoi ?

— Les lasagnes ! Quelle question !

— Très bon choix ma belle ! Idem pour moi ! Angelo, s'il te plait !

Nous passâmes notre commande qui ne tarda pas à arriver. Mon père avait aussi pris du vin rouge, comme à son habitude. J'en bus une gorgée pour lui faire plaisir car d'ordinaire, je ne buvais pas d'alcool. Enfin, sauf lors de mes sorties nocturnes. Il me posait encore un tas de questions. Je me pliai de bonne grâce à son interrogatoire, tout en dégustant mes lasagnes faites maison qui étaient aussi délicieuses que dans mes souvenirs.

— Vous voulez un dessert ? nous demanda Angelo en venant débarrasser nos assiettes complètement vides.

— Si ! Deux tiramisu s'il te plait !

Mon père avait répondu avant que j'ai eu le temps de réagir. Quelques instants plus tard, nous savourions notre dessert sans mot dire, tellement c'était bon... Nous terminâmes notre repas par un café bien noir, avec une pointe de chantilly, comme ça se faisait souvent en Italie. La fin de notre déjeuner fut beaucoup plus calme que son début. Mon père était moins curieux, mais je savais qu'il avait encore une tonne de questions en réserve pour plus tard !

Il ne voulait pas trop me bousculer et me pousser dans mes retranchements, je lui en fus reconnaissante. Nous finîmes donc ce repas italien dans une certaine sérénité. Après avoir payé l'addition, mon père passa son bras autour de mes épaules et nous sortîmes lentement du restaurant, après avoir chaleureusement remercié Angelo. Il ne pleuvait plus. Nous marchâmes côte à côte vers l'appartement de mon père.

— Tu vas voir, Anna, j'ai tout préparé pour ton arrivée !

— Comme tu le fais toujours Papa !

Il me répondit par un grand sourire. Nous montâmes au dernier étage de son vieil immeuble. Heureusement, il n'y en avait que cinq. Une fois arrivés là-haut, mon père ouvrit la porte de son petit nid douillet. Son appartement n'était pas grand – une chambre et une pièce à vivre – mais il était fonctionnel, lumineux et avait été rénové récemment par le propriétaire. Les murs fraîchement repeints, couleur sable, s'accordaient très bien au carrelage beige rosé qui habillait le sol.

— Bienvenue chez ton vieux père Anna !

— C'est parfait Papa, merci !

— Tu veux ranger tes affaires et te reposer un peu avant d'aller voir ma boulangerie ?