Merde. J'étais dans de sales draps. Elle commençait à s'impatienter et c'était toujours risqué de la mettre en colère. Je commençais à paniquer. Je ne savais absolument pas quoi faire. Il fallait que je prenne rapidement une décision parce que j'allais le regretter, je la connaissais bien. Sans réponse de ma part, elle était bien capable de me punir la prochaine fois que l'on se verrait, et elle ferait en sorte que je me souvienne de cette punition toute ma vie. Il fallait répondre très vite. Pas le choix. Résolu, je pris une grande inspiration en tapant mon message :
« Maîtresse, veuillez m'excuser mais je ne pourrai pas venir ce soir, j'ai une réunion à l'hôpital qu'il m'est impossible de manquer. Croyez-bien que j'en suis navré.
J'attends vos instructions pour un rendez-vous ultérieur. »
Hésitant, j'appuyai sur la touche « Envoyer » de mon téléphone. Mon cœur battait à tout rompre. Je sentais des perles de sueur couler le long de mon dos en laissant derrière elles un frisson très désagréable. Je n'avais jamais tenté de reporter un rendez-vous avec elle. Jamais. Allait-elle l'accepter ? Allait-elle répondre à mon message ? Allait-elle m'appeler ? Toutes ces pensées s'entrechoquaient dans ma tête lorsque je reçus sa réponse :
« Alexandre, c'est la première et dernière fois que tu reportes un rendez-vous. Souviens-t' en.
On se voit demain soir, 21 heures, endroit habituel. »
Ouf. Elle était très contrariée mais j'avais réussi à obtenir 24 heures de répit. Je lâchai un long soupir de soulagement. Je m'empressai de lui confirmer notre rendez-vous du lendemain, même si, pour le moment, je n'avais aucune envie d'y aller. Chaque chose en son temps. Je jetai un énième coup d'œil nerveux à mon biper : rien. Le regard sombre, je finis sans appétit ma salade avant de retourner aux urgences.
Je ne me sentais pas vraiment mieux après cette pause repas quelque peu mouvementée à cause des messages de ma Domina. Mais je n'avais pas le choix, il fallait bien que je termine cette satanée garde. J'avais encore plusieurs heures à tirer. Et Anna n'était toujours pas réveillée. Je secouai la tête comme pour chasser cette pensée de mon esprit avant de prendre le dossier du patient suivant. Il valait mieux s'occuper des autres malades plutôt que de ressasser encore et encore. En jetant un regard circulaire sur la salle d'attente, je lançai à la volée :
— Monsieur Santini ?
— Bonjour, Docteur, me dit un homme d'âge mur en se levant de son siège.
— Bonjour, suivez-moi, je vais vous examiner en salle 3.
C'était reparti. Soigner les petits bobos sans importance. Ne pas penser à Anna. Je pouvais le faire. Je devais le faire pour le bien de mes patients. Et le mien...
Cette journée virait au supplice. Les heures passaient, les patients défilaient et toujours aucune nouvelle d'elle. Enfin, à part les comptes-rendus réguliers de l'infirmière. Le dernier en date venait de me parvenir. Aucun changement. Anna n'était toujours pas réveillée. Je commençais à mettre en doute mes propres compétences médicales. Et si j'avais raté quelque chose ? Et si je n'avais pas bien regardé le scanner ? Tout à coup, la panique revint me hanter.
Le souffle court et le cœur battant, je récupérai son dossier à l'accueil pour tout vérifier. Mais je devais être dans un endroit calme pour faire ça sans être dérangé. J'optai pour la bonne vieille salle de repos et son canapé déglingué. L'avantage de cette pièce était que sa porte pouvait être verrouillée. Et j'avais vraiment besoin de calme. Je me faufilai le plus rapidement et le plus discrètement possible jusqu'à mon refuge.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...