Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi

Chapitre 3.1 ~ Anna

— Mademoiselle ? Mademoiselle ? Votre billet s'il vous plait !

Sans m'en rendre compte, j'avais divagué pendant près d'une heure, en repensant à ma première rencontre avec Sébastien... Je ne savais pas comment, mais j'avais réussi à ne pas pleurer. Certainement grâce au manque d'intimité d'un voyage en train. Encore un peu sonnée, j'essayais d'ouvrir grand les yeux en cherchant mon billet dans mon sac à main. Après quelques secondes, je le trouvai et le tendis au contrôleur qui me lança un regard agacé. Je lui offris mon plus beau sourire en lui disant gentiment :

— Excusez-moi Monsieur, voici mon billet.

Son regard s'adoucit et il me fit même un petit sourire en me le rendant après l'avoir poinçonné.

— Tenez Mademoiselle, il n'y a pas de soucis, faites un bon voyage.

— Merci, bonne journée !

Je m'aperçus que le siège à côté de moi était toujours vide, et je ressentis un certain soulagement. Il était plus agréable pour moi de faire ce voyage dans une certaine tranquillité. Je jetai un coup d'œil machinal à mon téléphone. Mon père m'avait répondu et était ravi d'apprendre que mon train était parti à l'heure. Pas de réponse de ma mère, mais ça ne m'étonna pas. Elle avait commencé l'écriture d'un nouveau livre et je savais qu'elle préférait écrire le matin. Inès, quant à elle, m'avait répondu avec tout un tas de smileys, je la reconnaissais bien là !

Je souris bêtement à mon téléphone, en repensant à toutes ces soirées où nous avions fait la fête elle et moi, à toutes ces journées étudiantes passées ensemble à rire, lire, discuter... travailler aussi ! Car mine de rien, la filière scientifique n'était pas une partie de plaisir ! J'avais de très bons résultats et Inès aussi, mais on bossait dur pour décrocher de bonnes notes ! La tête plongée dans mes souvenirs, j'avais passé le reste du voyage à textoter avec elle, en essayant de chasser le plus loin possible Sébastien de mon esprit. Et grâce à l'humour de la pétillante Inès, j'y étais parvenue sans trop de mal.

12 heures 06.

— Mesdames et Messieurs, notre TGV va entrer en Gare de Lyon dans une minute. Nous espérons que ce voyage vous a donné entière satisfaction.

A cette annonce, je quittai mon téléphone des yeux et me levai pour me dégourdir les jambes. Je rangeai mes petites affaires dans mon sac, enfilai ma veste, récupérai ma valise et me dirigeai vers la sortie la plus proche. Mon téléphone m'indiqua l'arrivée d'un texto. C'était mon père bien entendu ! Il me disait qu'il était en train de se garer et qu'il serait là dans cinq minutes !

Je n'en croyais pas mes yeux et je relis le message une seconde fois pour être sûre de ne pas m'être trompée. C'était juste un miracle, il n'était pas en retard ! Au moment où j'allais lui répondre, le train s'immobilisa brutalement et j'eus juste le temps de me rattraper à une barre métallique pour éviter de me retrouver par terre. Heureusement, j'avais échappé au pire !

Une fois le train arrêté, je descendis sur le quai et me dirigeai vers le hall d'entrée principal. J'envoyai un message à mon père pour lui dire que je serai à notre point de rencontre habituel. Je n'avais pas regardé la couleur du ciel, mais de toute façon, j'étais sûre qu'il ne faisait pas beau.

J'arrivai à notre point de rendez-vous, près d'un vendeur de journaux. Je guettai les personnes aux alentours dans l'espoir d'apercevoir mon père. Et pour une fois, l'attente ne fut pas longue, à peine quelques minutes après mon arrivée, je le vis s'avancer vers moi avec un large sourire. Il me fit de grands signes, comme d'habitude, et je lui répondis chaleureusement avec un sourire sincère.