Chapitre 23.2 ~ Alexandre

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Elle plongea son regard dans le mien sans rien dire. Il était à la fois étonné et un peu perdu. Je ne pus m'empêcher de l'enlacer et de déposer un doux baiser sur sa joue. Son odeur de rose m'envahit et je sentis quelque chose se serrer dans ma poitrine. Je ne voulais pas qu'elle parte, mais je n'avais pas le choix. Elle brisa notre étreinte beaucoup trop vite à mon goût et me dit doucement :

— Je ne l'oublierai pas, promis.

Je fus incapable de lui répondre. Son père réapparut avec un café fumant à la main. Je me raclai la gorge pour masquer mon émotion.

— Anna, on devrait y aller si tu ne veux pas rater ton train.

— Oui, Papa.

— Vous nous accompagnez Alexandre ?

— Euh... oui, si Anna est d'accord.

— Oui, viens avec nous si tu veux.

Nous marchâmes en silence jusqu'à son wagon. Je l'aidai à porter sa valise puis elle s'installa à sa place après avoir chaleureusement embrassé son père. Elle me fit un petit geste de la main pour me dire au revoir. J'étais triste. Tellement triste qu'elle s'en aille. Mais je l'étais encore plus parce qu'elle ne m'avait pas vraiment répondu au sujet de l'avenir de notre relation.

Je serrai la mâchoire pour cacher mon mal-être et agitai mollement la main pour lui répondre, me forçant à sourire, alors que c'était la dernière chose dont j'avais envie. Le TGV partit quelques instants plus tard. Son père mit la main sur mon épaule en me disant d'un ton rassurant :

— Ne vous en faites pas, vous vous reverrez !

— Je l'espère...

— Faites-moi confiance, je connais bien mon Anna, elle reviendra vers vous !

Il me sourit chaleureusement en me tapotant le dos avant de me dire au revoir et de s'en aller. Je restai là, comme un con, sur le quai. Seul. Anna me manquait déjà alors qu'elle n'était partie que depuis quelques minutes. J'avais envie de lui envoyer un texto mais je n'en fis rien puisqu'elle m'avait demandé de lui laisser du temps. En serai-je vraiment capable ? Je n'en étais pas sûr du tout. Mon téléphone vibra. Encore un texto de Vincent. Je ne le lus même pas et sortis de la gare d'un pas lourd.

Une fois rentré chez moi, mon moral était au plus bas. Je n'arrêtais pas de penser à Anna en m'affalant sur le canapé. Mon téléphone vibrait toutes les deux minutes. Ça m'énervait au plus haut point. C'était Vincent. Comme d'habitude. Je pris enfin le temps de lire tous les messages qu'il m'avait envoyés depuis ce matin. Il me demandait comment s'était passée ma nuit avec Marion. Il voulait que je lui raconte tous les détails de notre partie de jambes en l'air.

Lire tout ça me déprima encore plus. Je n'eus pas la force de lui répondre tout de suite. Je décidai d'éteindre mon téléphone pour de plus être dérangé. Je voulais broyer du noir en paix. Je décidai d'allumer mon ordinateur pour travailler sur ma thèse de recherche. Mon internat en chirurgie traumatologie se terminait bientôt. J'avais validé mes stages et mon diplôme dans ma spécialité. La dernière étape était la présentation orale de ma thèse et je comptais bien exceller. Je voulais que mon père soit fier de moi.

Me plonger dans le travail me permettrait surtout d'occuper mon esprit et ne plus penser à autre chose. Lorsque je relevais les yeux de mon écran, il faisait nuit noire dehors. Je ne savais pas combien de temps j'avais bossé mais j'avais bien avancé sur mon mémoire et j'étais plutôt satisfait de mon travail. Je me levai du canapé pour m'étirer avant d'aller chercher quelque chose à manger dans le réfrigérateur. Je rallumai mon téléphone et j'y trouvai encore plusieurs messages de Vincent qui insistait. Exaspéré, je décidai de l'appeler pour qu'il arrête son cirque.

Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant