Chapitre 10.2 ~ Anna

2.5K 164 17
                                    

J'eus vaguement conscience à ce moment-là que le Docteur Arnaud me disait que tout allait bien et qu'il allait signer mon bon de sortie. Ce qui me ramena à la réalité en un clin d'œil.

— Mademoiselle Peretti, vous m'entendez ?

— Euh, oui oui, le bon de sortie, c'est une bonne nouvelle ! Mais où est mon père ?

— Il patiente en salle d'attente, une infirmière va le prévenir, ne vous inquiétez pas !

— OK, merci Docteur...

— Je vous en prie, et surtout, revenez à l'hôpital tout de suite si vous avez des maux de tête ou si vous perdez connaissance dans les prochaines 48 heures, d'accord ?

— Oui, oui, bien sûr.

— Bonne journée, votre bon de sortie sera à l'accueil.

— Merci ! Au revoir !

J'étais encore sous le choc de ma découverte mais en même temps, j'étais heureuse de pouvoir enfin rentrer chez mon père. Comme ça, j'étais sûre de ne pas recroiser le Docteur Mercier. Une infirmière arriva pour retirer ma perfusion. Lorsque mon père fit son apparition, j'étais prête à quitter ce satané hôpital.

— Tu es prête, bella ? On y va ?

— Oh oui, Papa, je suis plus que prête ! Rentrons à la maison s'il te plait !

— Vos désirs sont des ordres, bella !

Je lui fis un grand sourire et nous quittâmes avec joie cet endroit sinistre. Je détestais les hôpitaux. Encore plus lorsque j'y rencontrais un docteur qui me rappelait Sébastien et qui semblait s'intéresser un peu trop à moi. Je secouai la tête pour chasser cette idée saugrenue. Le trajet en taxi se passa sans encombre, dans un silence apaisant. Je fus soulagée lorsque nous entrâmes enfin dans l'appartement de mon père.

— Papa, je vais prendre une douche pour me débarrasser de cette horrible odeur d'hôpital !

— D'accord, bella ! Tu as faim ?

— Oh oui, j'ai une faim de loup !

— Je vais passer commande chez Angelo alors ! Tu veux quoi ?

— Je te laisse choisir, je suis sûre que ça me conviendra très bien !

— Ça marche !

Alors que je me dirigeai vers la salle de bains, mon père quitta l'appartement tranquillement pour aller chez Angelo, que j'avais revu avec plaisir avant-hier, lors de mon arrivée ici. Je me demandai un bref instant pourquoi il n'avait pas tout simplement téléphoné au restaurant pour commander, mais au fond, je n'étais pas vraiment étonnée.

Mon père avait toujours préféré le contact direct avec les autres. Pour lui, très peu de téléphone portable - à part pour échanger des textos avec moi - et encore moins d'ordinateur ou d'internet. Finalement, il avait peut-être raison. Les nouvelles technologies ne nous rapprochaient pas forcément les uns des autres.

Une fois sous la douche, je me sentis revivre. L'odeur fleurie de mon gel douche à la rose me fit sourire jusqu'aux oreilles, ravie que j'étais de me débarrasser de cette épouvantable odeur d'antiseptique. Je me détendis doucement sous le jet d'eau chaude en fermant les yeux. Mes pensées dérivèrent vers le Docteur Mercier... Etait-il vraiment possible qu'il ressente une quelconque attirance pour moi ?

Je ne pouvais décidément pas me résoudre à cette éventualité. Pourtant, je ne voyais pas d'autre explication au fait qu'il voulait en savoir plus sur Sébastien. Je ressentais un curieux mélange de colère, mais aussi de peur, à l'idée qu'un autre homme que Sébastien puisse ressentir des sentiments à mon égard. Cela faisait tellement longtemps que je (sur)vivais sans eux que j'en étais presque venue à oublier leur existence...

Mais j'éprouvais aussi l'étrange besoin de revoir le Docteur Mercier, sans que je puisse comprendre pourquoi. Etais-je finalement prête à lui dire la vérité sur Sébastien ? Je ne le savais pas vraiment, mais il fallait que je le revoie. Notre conversation de ce matin, à l'hôpital, m'avait laissé un goût d'inachevé. Je ne voulais pas que les choses en restent là entre lui et moi.

Mais comment faire pour le revoir ? Je ne voyais qu'une seule solution : aller sur son lieu de travail... Le service de chirurgie de l'hôpital Bichat. Rien de plus simple ! Enfin, il fallait le dire vite... Je ne savais pas vraiment ce que j'allais bien pouvoir lui dire quand je le reverrai, mais je ne pouvais pas rester dans l'incertitude. Il fallait que je sache le fond de sa pensée !

Une très agréable odeur de pizza m'accueillit lorsque je sortis de la salle de bains, fraîche et détendue.

— Tu te sens mieux, bella ?

— Oui, je suis encore un peu fatiguée mais ça va ! Ça sent super bon dis-moi ! Tu as pris quelles pizzas chez Angelo ? demandai-je à mon père, l'eau à la bouche.

— Aux poivrons pour toi et aux quatre fromages pour moi !

— Miam ! J'adore ! Merci Papa ! Excellent choix, comme toujours, tu sais ce que j'aime !

Il se mit à rire doucement, tout en m'adressant un clin d'œil malicieux.

— Allez, passons à table avant que ces petites merveilles ne refroidissent !

Le repas en compagnie de mon père me fit le plus grand bien. Nous parlâmes de tout et de rien, en évitant soigneusement d'aborder mon petit séjour à l'hôpital. J'en étais presque arrivée à oublier ce stupide accident. Une fois le ventre plein, je décidai de me reposer un peu pour me remettre de toutes ces émotions. Mon père, quant à lui, devait se rendre à la boulangerie pour régler encore des détails avant la grande ouverture.

— Je serai à la boulangerie, Anna. Si tu as besoin de moi, envoie-moi un petit message, d'accord ?

— Oui, Papa. Mais ça devrait aller tu sais, je vais dormir un peu et ça ira mieux ensuite !

— Ok, repose-toi bien, à tout à l'heure !

— A tout à l'heure Papa !

Une fois mon père parti, je m'allongeai confortablement sur mon lit et sortis mon téléphone de mon sac. Il était éteint. Plus de batterie. Une fois en charge, je le rallumai et constatai que j'avais reçu plusieurs textos d'Inès, qui me demandait pourquoi elle n'avait pas eu de mes nouvelles depuis mon arrivée à Paris, ainsi qu'un message vocal de ma mère.

Apparemment, mon père l'avait prévenu de mon petit séjour à l'hôpital et elle voulait savoir comment j'allais. N'ayant pas la force et encore moins le courage de lui parler de vive voix aujourd'hui, je décidai de lui envoyer un texto pour la rassurer :

« Coucou Maman. Je viens d'avoir ton message. Ne t'en fais pas, je vais bien, je suis sortie de l'hôpital et je t'appelle bientôt. Promis. Bisous ! »

Puis je répondis aux messages d'Inès. Il fallait que je lui raconte ma rencontre avec le Docteur Mercier et tout ce qui s'était passé depuis mon arrivée. Mais pas par texto, ça aurait été trop long et compliqué. Je décidai de lui écrire aussi pour lui donner de brèves nouvelles :

« Salut Inès, désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles depuis mon arrivée mais j'ai eu un petit souci et j'ai dû passer la nuit à l'hôpital mais rassure-toi je suis sortie et tout va bien ! Je t'appelle bientôt pour te raconter tout ça ma belle ! J't'adore ! Gros bisous !!!! »

Comme à son habitude, elle me répondit quasiment aussitôt :

« Quoi ? A l'hôpital ?!? Bon, tu as intérêt de me raconter tout ça, je veux tout savoir dans les moindres détails OK ? Appelle-moi vite ! Bisous ma bichette ! Prends soin de toi ! »

Son message me fit sourire. Sacrée Inès ! Je reconnaissais bien là son fameux caractère ! J'avais vraiment besoin de me confier à elle, de pouvoir parler sans peur d'être jugée ou d'être prise pour une folle. C'était ma seule amie. Mon amie depuis plus de dix ans. Elle seule savait tout de moi et de mon histoire.

Elle seule saurait me conseiller et me dire ce qu'elle pensait sincèrement de tout ça. Je sentis le sommeil me gagner et je me laissai glisser dans les bras de Morphée paisiblement, en pensant à Inès et à tout ce que j'allais devoir lui raconter pour espérer me sentir un peu mieux. J'avais bien dit espérer.

Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant