J'essayais en vain de me concentrer sur les autres malades qui affluaient aux urgences... Peine perdue, toutes mes pensées étaient tournées vers elle. Je savais qu'elle était installée dans la chambre 5, mais j'avais été incapable de m'y rendre depuis que l'infirmière m'avait donné cette information. Je me sentais comme paralysé, et en même temps, excité. Ses constantes étaient stables mais elle n'était toujours pas réveillée, du moins, pas d'après le dernier compte rendu que j'avais eu.
J'avais autorisé son père à rester auprès d'elle, car il était toujours préférable pour les patients de ressentir la présence d'un membre de leur famille ou d'un proche. Oui, je tentais tant bien que mal de traiter Anna comme une patiente lambda. Du moins, j'essayais de m'en convaincre. Pourtant, au plus profond de moi, je n'étais pas dupe. Je savais que cette rencontre était cruciale pour moi, mais jusqu'à quel point ? J'étais pétrifié rien qu'à l'idée de la revoir au moment de son réveil. Soudain, l'infirmière qui s'occupait d'Anna me tira de mes pensées :
— Docteur, je viens de relever les constantes de Mademoiselle Peretti, elles sont stables, mais elle n'est toujours pas réveillée. Tenez, me dit-elle en me tendant son dossier.
Agité, je jetai un coup d'œil rapide pour constater en effet que les fonctions vitales étaient tout à fait normales et qu'il n'y avait rien de nouveau. Mais pourquoi donc ne se réveillait-elle pas ? Je n'en pouvais plus de cette attente remplie d'angoisse et de nervosité. La pause déjeuner était peut-être la solution.
— Merci beaucoup, lui dis-je en lui rendant le dossier. Je vais déjeuner, prévenez-moi s'il y a du nouveau s'il vous plait.
— Oui, bien sûr Docteur. Bon appétit !
— Merci...
Je fus presque soulagé de quitter les urgences pour me rendre à la cafétéria de l'hôpital. Il était un peu plus de 14 heures et l'ambiance était plutôt calme, ce qui me fit du bien. J'avais l'estomac noué mais je me forçai à prendre une salade au poulet et une bouteille d'eau sur mon plateau repas. Je m'installai volontairement à la table la plus retirée de la salle pour être plus tranquille. Toujours perdu dans mes pensées, j'ouvrai distraitement l'emballage de ma salade avant de me servir un verre d'eau. Je commençai à manger sans grand enthousiasme.
Je n'arrêtais pas de penser à elle. Je vérifiais mon biper toutes les trois secondes pour être sûr de ne pas rater le réveil d'Anna. J'étais pathétique. Je ne savais pas quoi faire pour me calmer et chasser toutes ces sensations et ces envies qui me submergeaient encore, malgré le nombre d'heures écoulées depuis ma rencontre avec elle. Une petite sonnerie me réveilla et je crus tout d'abord que c'était l'infirmière qui me bipait. Mais non, c'était un texto de ma Maîtresse.
« Ce soir, 21 heures, endroit habituel »
En tant que soumis, je n'avais pas à discuter, elle décidait toujours du moment où elle voulait me voir, et d'ordinaire, ça me convenait très bien mais là... Pas aujourd'hui, merde ! Je me sentais complètement incapable de lui obéir après toutes les émotions que j'avais ressenties depuis ce matin. J'étais tout simplement bouleversé comme je ne l'avais jamais été auparavant et je n'avais aucune envie de me faire frapper, pas ce soir. Non, pas ce soir. Que faire ? Esquiver ? Tenter de trouver une très bonne excuse ? Comment Adriana allait-elle réagir ? Jusqu'à présent, je m'exécutais toujours pour la satisfaire au mieux.
Nous avions notre petit rituel depuis toutes ces années. On s'était rencontrés par hasard dans un bar où m'avait traîné Vincent. Elle était grande, mince, avec de longs cheveux blonds qui mettaient en valeur ses yeux d'un bleu très clair. Je m'en souvenais comme si c'était hier, elle portait une longue robe rouge, avec un profond décolleté dans le dos. Elle était sublime mais quelque chose en elle m'avait fait peur, elle me semblait froide et dure.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...