J'étais en train de paniquer complètement. Mon rythme cardiaque ne se calmait pas. J'essayais d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, en vain. J'avais les mains moites et je les tortillais sans cesse en un mouvement nerveux. Le Docteur Mercier était toujours adossé contre le mur. Le silence s'étirait entre nous, car j'étais toujours incapable de lui parler. Il avait fini par lever les yeux vers moi avec prudence et humilité. Lorsque nos regards se croisèrent, je crus encore une fois revoir Sébastien. J'étais en proie à un combat sans merci à l'intérieur de moi-même.
Je luttais avec force contre le souvenir de Sébastien en me répétant en boucle « Il n'est pas Sébastien. Il n'est pas Sébastien »... Il devenait trop difficile de le regarder dans les yeux alors je fermai les miens pour rompre le contact, mais aussi pour réussir à convaincre mon cerveau et mon cœur que je n'avais pas Sébastien en face de moi, mais le Docteur Mercier. Je secouai vivement la tête et fis une grimace avant de rouvrir les yeux et de trouver enfin le courage de lui répondre dans un souffle :
— Bonjour...
Je n'arrivais pas à le regarder en face, alors je fixais le mur à côté de la porte de ma chambre. Je sentis le rouge me monter aux joues quand il se décida à entrer dans la pièce en faisant quelques pas vers mon lit. Il restait à bonne distance, on aurait dit qu'il hésitait à s'approcher davantage... Il s'arrêta finalement à mi-chemin entre l'entrée et le lit pour me dire :
— Je suis le Docteur Mercier, je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais c'est moi qui vous ai pris en charge hier..., me dit-il d'une voix douce et hésitante.
— Oui, je m'en souviens maintenant... Je, vous... Enfin, heu...
Il ne bougeait pas. Il restait à quelques pas de mon lit. Je n'osais toujours pas le regarder dans les yeux, alors que je sentais son regard vert si intense qui me transperçait l'âme. J'avais baissé la tête et je regardais consciencieusement mes mains que je tortillais toujours dans tous les sens.
— Comment vous sentez-vous ce matin ?
— Plutôt bien... J'avais les idées très floues cette nuit mais mon père m'a tout raconté tôt ce matin quand je me suis réveillée et... tout m'est revenu en mémoire... Ce que j'ai fait et... je...
Je n'arrivais pas à finir ma phrase. Je n'arrivais pas à m'excuser de l'avoir pris pour quelqu'un d'autre. Je sentis mes joues rougir encore un peu plus.
— Ce que vous avez fait ? Que voulez-vous dire ? me demanda-t-il d'une voix inquiète.
— Et bien, vous savez... Quand je me suis réveillée plus tard dans la journée et que vous m'avez ausculté, j'ai dit... enfin... je crois que... je n'étais pas dans mon état normal et... je vous ai pris pour quelqu'un d'autre...
Je me sentais très mal à l'aise en lui avouant la vérité. J'aurais voulu que le sol s'ouvre sous mes pieds et m'engloutisse pour que je puisse disparaître, là, dans la seconde. Mais évidemment, c'était impossible. Mon cœur battait encore à mille à l'heure. J'avais du mal à respirer. J'observais avec anxiété le Docteur Mercier du coin de l'œil pour voir sa réaction face à mon aveu partiel. A ma grande surprise, il fit les quelques pas qui le séparaient de mon lit d'hôpital et se retrouva tout proche de moi, comme lorsqu'il s'était penché sur moi hier, pour me caresser les cheveux.
— Vous m'avez pris pour Sébastien, n'est-ce-pas ?
— Mais... Comment le savez-vous ?
— Vous avez prononcé ce prénom plusieurs fois pendant que je vous examinais hier à votre réveil, vous ne vous en souvenez pas ?
— Et bien, non. Je me souviens vous avoir confondu avec lui mais je ne pensais pas avoir dit son nom tout haut. Je suis désolée, je...
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...