Chapitre 12.2 ~ Anna

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Je restai dos à lui. Sans oser me retourner cette fois. En dehors d'Inès et de mes parents, Alexandre était la première personne avec laquelle je parlais de la mort de Sébastien. C'était une sensation étrange. Quelque part, j'avais l'impression de le trahir.

— Je suis désolé, Anna.

— Ça s'est passé il y a longtemps mais... je n'en parle jamais. C'est encore très douloureux...

— Je comprends.

Il s'approcha de moi et posa la main sur mon épaule. Ce contact me réchauffa le cœur et ralluma les étincelles de désir dans mon ventre. Il se tenait derrière moi. Je n'avais toujours pas la force de lui faire face et d'affronter son regard. J'avais envie de pleurer. Je regardais le sol blanc de l'hôpital. Je luttais de toutes mes forces pour ne pas craquer devant lui. Une larme roula malgré tout sur ma joue mais je m'empressai de l'essuyer du revers de la main.

Je pris une grande inspiration pour essayer de me ressaisir. J'étais complètement bouleversée. Le désir. L'amour. La peur. La douleur. Le passé. L'espoir. Tout se mélangeait dans mon cœur et dans mon esprit. Je ne savais plus quoi dire ou faire. Il me contourna lentement pour me faire face à son tour. Sa voix était douce lorsqu'il me demanda :

— Mais, pourquoi m'avez-vous appelé Sébastien ? Je ne comprends pas...

— C'est juste que... C'est parce que vous me faites penser à lui... Votre voix. Vos yeux. Dans la confusion aux urgences et dans mon état de choc, j'ai cru que...

— C'est donc seulement pour ça que vous m'avez embrassé ? Simplement parce que je vous rappelle un ancien petit copain ?

Sa voix était pleine de colère. Mais non, il se trompait totalement, comment pouvait-il penser une chose pareille ? Sébastien aurait toujours une place particulière et unique dans mon cœur, mais mes sentiments naissants pour Alexandre étaient bien réels. Même s'ils me terrifiaient. Il fallait que je lui fasse comprendre qu'il faisait fausse route.

— Non ! Pas du tout ! Et puis Sébastien n'était pas un simple « petit copain » comme vous dites. C'était... mon premier amour.

— Votre premier amour ?

— Oui... J'ai beaucoup souffert à sa mort et il aura toujours une place à part dans mon cœur. Mais c'est bien vous que je voulais embrasser et pas son fantôme ou je ne sais quoi, comme vous avez l'air de le penser !

— Pourquoi ?

— Parce que... vous...

— Je vous... attire ?

— Je... Oui...

J'étais mortifiée de lui avoir avoué mon attirance. D'ailleurs, était-ce uniquement ça ? De l'attirance ? Je ne le pensais pas. Ce que je ressentais était déjà bien plus fort. Trop fort. Ça me faisait tellement peur. Il prenait un malin plaisir à me pousser dans mes retranchements avec toutes ses questions mais je ne voulais pas lui mentir. Je ne le pouvais pas.

Mes joues étaient écarlates. Mes yeux étaient de nouveau tournés vers le sol. Impossible de relever la tête. Il ne réagit pas après mon aveu douloureux. Le silence s'étira entre nous. Ce qui m'étonna et m'attrista aussi. Le cœur lourd, j'avais envie de mettre fin au supplice en quittant cette salle d'attente, quand il me demanda d'une voix hésitante :

— Dans ce cas... accepteriez-vous de dîner avec moi ce soir ?

— Euh... je ne... je ne sais pas trop.

Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant