J'ouvris les yeux brutalement sans savoir où je me trouvais. J'étais désorientée. J'avais peur. Que s'était-il passé ? La lumière du soleil filtrait à travers les rideaux gris foncé de la pièce dans laquelle je me trouvais. En regardant plus attentivement mon environnement, je me souvins que j'étais chez Alexandre. Dans sa chambre. Dans son lit. Mais où était-il ? Je n'entendais que le silence assourdissant. J'avais la bouche pâteuse et j'avais du mal à me lever.
Je réussis à m'asseoir au bord du lit quand le souvenir de la veille me frappa de plein fouet. Merde. J'avais eu une espèce de vision de Sébastien alors qu'Alexandre était en train de me caresser. J'étais morte de honte. Sonnée par ce brusque retour à la réalité, je fermai les yeux et passai la main sur mon visage, histoire de reprendre mes esprits. Je lâchai un soupir de désespoir. Mais comment avais-je pu en arriver là ?
La culpabilité. Ce seul mot expliquait tout. D'abord je faisais des cauchemars et maintenant, j'avais des hallucinations. Sébastien était mort. MORT. Putain ! Et depuis dix ans ! Dix longues années où j'avais vécu avec son absence chevillée au corps. Dix années pendant lesquelles j'avais essayé de combler le vide par le sexe à outrance. Alors, comment mon cerveau pouvait-il débloquer à ce point-là ? Je me sentais perdue et tellement en colère.
En colère contre moi-même. Je m'en voulais de ne pas être assez forte pour enfin dépasser ce deuil et aller de l'avant. Je m'en voulais d'avoir infligé ce spectacle à Alexandre. Même si mes souvenirs étaient encore flous, j'avais bien conscience que ma réaction n'avait pas été très belle à voir. D'un autre côté, j'avais ressenti tellement de tendresse et de compassion quand il m'avait attirée contre lui que je ne savais plus quoi penser.
Serais-je capable de le regarder dans les yeux après la soirée d'hier ? A supposer qu'il veuille me revoir un jour. Il avait vraiment dû me prendre pour une folle. D'ailleurs, j'en étais peut-être une après tout... Je secouai la tête comme pour me débarrasser de ces pensées déprimantes. Je me levai et jetai un coup d'œil circulaire sur la chambre. Le style était sobre et épuré. Meubles noirs, murs blancs, rideaux et draps gris. Je souris.
Finalement, même si je le connaissais peu, cette pièce ressemblait à Alexandre. Classique et moderne à la fois, discrète mais avec de l'allure. Une photo trônait sur sa table de chevet. Il était adolescent, entouré de son frère jumeau et d'un couple que je supposais être ses parents. Sa mère était très belle. Grande, brune, les yeux verts. Alexandre lui ressemblait beaucoup. Le mur opposé était orné d'une grande photo de Chicago. Sa ville de naissance. Mais aussi celle où il avait perdu sa mère.
Je me sentais un peu comme une intruse en explorant ainsi sa chambre. J'avais l'impression de me trouver dans un endroit interdit, mais j'étais curieuse. Il avait du mal à s'ouvrir à moi, alors toutes les informations disponibles étaient bonnes à prendre. Mon pied froissa un papier par terre. Intriguée, je me baissai pour le ramasser et je pus y lire un petit mot, certainement laissé par Alexandre plus tôt dans la matinée :
« Bonjour Anna. Je n'ai pas eu le cœur de te réveiller ce matin après ce qui s'est passé hier soir. J'espère que tu vas bien. Je suis parti travailler à l'hôpital mais j'aimerais qu'on déjeune ensemble si tu es d'accord. Envoie-moi un texto s'il te plait. A plus tard j'espère. Alex. »
Déjeuner avec lui ? En étais-je capable ? Pour le moment, il fallait que je me lave et que je remette la main sur mon portable. Mon sac était posé sur la commode et je me jetai dessus telle une affamée. Mon téléphone n'avait presque plus de batterie mais j'avais reçu des textos d'Inès qui voulait bien entendu savoir comment s'était passé mon dîner. J'avais aussi reçu un message de mon père qui voulait avoir de mes nouvelles.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...