Alors que mon cerveau turbinait dans le vide pour essayer de comprendre quelque chose à tout ça, Anna rouvrit les yeux et les posa de nouveau sur moi. Cette fois, j'eus le sentiment qu'elle me voyait vraiment et qu'elle prenait réellement conscience de ma présence. Ce qui me rassura et me calma un peu. Essayant de dissimuler ma colère et ma douleur, je répétai :
— Mademoiselle Peretti, je suis le Docteur Mercier. Vous m'entendez ?
— Vous... quoi ? Qui ça ? Je ne... Oui, je vous entends... Mais...
— Je suis le Docteur Alexandre Mercier, comment vous sentez-vous ?
— Alexandre ?
— Oui. Vous avez bien entendu. Je m'appelle Alexandre Mercier. Un cycliste vous a percuté ce matin, vous avez été admise aux urgences. Nous avons fait des examens et tout semble normal. Mais maintenant que vous êtes réveillée, je vais vous examiner pour m'assurer que tout va bien, d'accord ?
Presque mécaniquement, elle me répondit :
— D'accord...
Elle semblait de nouveau très troublée et je ne comprenais toujours pas pourquoi. Elle recommençait à froncer les sourcils. Je ne savais plus où j'en étais mais il fallait que je me concentre sur son état de santé. Je commençai donc à l'ausculter consciencieusement afin qu'aucun éventuel symptôme ne puisse m'échapper. Je fis toutes les vérifications médicales nécessaires après un choc de ce type.
Pendant toute la durée de mon examen, Anna avait l'air ailleurs, comme absente. Le regard dans le vide, elle se laissait faire et se pliait docilement à mes demandes. J'étais partagé entre colère et renoncement. Le prénom de cet homme n'arrêtait pas de tourner en boucle dans ma tête. J'avais la mâchoire serrée et la gorge sèche. J'essayais de rester concentré sur ce que je faisais malgré tout.
Pour terminer, je lui posai quelques questions de routine : la date du jour, l'endroit où elle se trouvait, etc. A mon grand soulagement, elle me donna des réponses exactes. Tout était parfaitement normal. Je me sentais tellement soulagé ! Soulagé et... heureux ? Non, le bonheur n'était pas fait pour moi, je devrais le savoir depuis le temps. Résigné, je pris son dossier pour le compléter soigneusement. Pendant ces quelques minutes, elle ne dit absolument rien. Elle continuait à regarder au loin, avec une étrange expression sur le visage. Un mélange de tristesse, de surprise et d'incompréhension...
J'avais envie de lui parler, de la toucher, de l'embrasser. Une furieuse envie. Mais ce prénom qu'elle avait murmuré, Sébastien, continuait de me hanter. Rien que d'y repenser, je sentais de nouveau la haine et la résignation m'envahir. J'avais bêtement cru que quelque chose de bien pouvait m'arriver dans cette vie. J'avais bêtement imaginé que je pourrai connaître un peu de joie et de bonheur moi aussi. Quel idiot ! Si Adriana était au courant de tout ça, elle se ferait une joie de me punir, et elle aurait raison en fin de compte. C'était tout ce que je méritais. La douleur. La douleur et rien d'autre...
Alors que j'étais plongé dans ces sombres pensées, j'entendis quelqu'un me parler :
— Alors Docteur, est-ce-que tout va bien ? Nous pouvons rentrer à la maison ?
— Oui, Monsieur Peretti, tout va bien mais il est plus prudent de garder votre fille en observation ici cette nuit. C'est la procédure après ce genre d'incident. Si la nuit se passe bien, vous pourrez rentrer demain matin.
— D'accord, Docteur. Je peux rester avec elle ?
— Je n'y vois pas d'inconvénients !
— Grazie *, Docteur !
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
RomanceAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...