J'étais à genoux devant elle et j'attendais. J'attendais ses ordres. Je ne ressentais plus rien. Je n'avais qu'une seule idée, un seul leitmotiv : la satisfaire. Je voulais lui offrir, comme toujours, une obéissance absolue. La rendre fière de moi. C'était le seul moyen que j'avais trouvé pour tout oublier, pour tenter de redevenir moi-même et faire taire ces stupides espoirs d'un avenir meilleur. Ma Maîtresse s'approcha lentement de moi, je pouvais entendre les lames du parquet craquer sous ses pas légers et sensuels.
Elle posa doucement une main sur mes cheveux et se mit à les caresser avec une douceur teintée d'autorité, comme elle savait si bien le faire. Ce contact familier m'arracha un sourire. La tête toujours baissée, les yeux rivés sur le sol en bois sombre, je me laissai aller à apprécier ce bref instant de silence et de recueillement entre elle et moi. Comme à chacun de nos rendez-vous, nous avions besoin de ces quelques minutes pour nous retrouver, nous reconnecter l'un à l'autre. Le calme avant la tempête.
Je fermai les yeux et mon esprit vide commença à divaguer. Je repensai soudain à notre relation Domina-Soumis qui avait débuté quatre ans plus tôt. Après notre rencontre dans ce bar, j'étais allé la retrouver le lendemain soir dans ce même appartement. J'étais à la fois curieux et intrigué par ce qu'elle pouvait bien entendre par « me dresser », pour reprendre ses propres termes. Je m'en souvenais comme si c'était hier. J'étais très nerveux la première fois que j'avais gravi ces cinq étages pour atteindre l'appartement numéro 6.
J'avais les mains moites, la gorge sèche et mon cœur battait la chamade. Plusieurs fois, j'avais failli faire demi-tour, mais ma curiosité avait été la plus forte. Je voulais savoir. Je ne saurais l'expliquer, mais je sentais qu'Adriana pourrait m'apporter ce dont j'avais besoin. Une fois devant sa porte, mon angoisse était à son comble mais j'avais tout de même trouvé le courage de frapper. Elle était venue m'accueillir avec un grand sourire. Elle était magnifique dans sa robe bleu marine à fines bretelles. Ses cheveux blonds étaient relevés en un chignon strict mais très beau. Elle était pieds nus. Ce détail m'avait amusé.
— Bonsoir Alexandre. Entre, je t'en prie, avait-elle dit en m'indiquant d'un geste le vestibule.
— Bonsoir, avais-je répondu en entrant.
— Je suis contente que tu sois venu. Laisse-moi te mettre à l'aise...
Elle s'était approchée de moi pour récupérer mon manteau et l'accrocher dans l'entrée. Je ne savais pas trop comment me comporter, j'étais mal à l'aise. Je n'osais pas bouger, encore moins la regarder. Malgré sa décontraction apparente, j'avais senti une force émaner d'elle, une puissance qui m'attirait inéluctablement vers elle. Alors que je me débattais pour essayer de conserver ma lucidité, elle m'avait demandé :
— Tu veux boire quelque chose ? Du vin ou un jus de fruits ?
— Un jus de fruits, je m'empressai de répondre.
— Je t'en prie, installe-toi sur le canapé. Je reviens dans une minute.
— Merci.
Je tentai de combattre ma nervosité tout en avançant prudemment vers le salon lumineux et spacieux qui s'ouvrait devant moi. Le coin cuisine se trouvait sur ma gauche. J'observais Adriana qui prenait des boissons dans le réfrigérateur. Chacun de ses gestes était fluide, précis, sans fioritures. Rien qu'en la regardant bouger, je pouvais me rendre compte qu'elle savait parfaitement ce qu'elle voulait, qu'elle était directe et qu'elle obtenait toujours ce qu'elle désirait. J'avais fini par m'asseoir sur le grand canapé noir qui trônait au milieu de la pièce. Je me posais mille questions sur ce qu'elle allait bien pouvoir me dire mais j'essayais de respirer profondément pour me calmer. Sa voix suave me tira de mes pensées :
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
Storie d'amoreAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...