Elle ne releva pas la tête et murmura d'une voix étouffée :
— Je ne peux pas... Je suis... Il vaudrait mieux que tu partes.
— Non, je ne vais pas te laisser seule comme ça, laisse-moi...
— Alexandre, rentre chez toi. C'est l'inauguration de la boulangerie de mon père aujourd'hui, je dois le rejoindre.
— Oui, je comprends mais...
— Je n'ai pas la force de parler de ça maintenant. Il va me falloir du temps pour digérer ce que tu viens de m'apprendre.
— Ça veut dire qu'il reste une chance pour que tout ne s'arrête pas là entre nous ?
— Je ne sais pas. Je... Il faut que j'aille me préparer.
— Tu es sûre que ça va aller ?
— Oui, rentre chez toi, je t'en supplie, laisse-moi seule.
— OK, j'y vais.
— Merci.
Je déposai un baiser sur le haut de sa tête en essayant de graver dans ma mémoire son odeur de jasmin et de rose. Ce souvenir d'elle serait peut-être le dernier. Elle ne m'avait pas demandé de ne plus jamais la revoir mais elle ne savait plus où elle en était. Je pouvais tout à fait le comprendre. Elle avait besoin de temps pour accepter cette partie de moi dont je n'étais pas fier et je comptais bien lui en donner. Enfin, je comptais essayer.
A contrecœur, je me relevai et sortis de l'appartement en silence, en jetant un dernier regard vers Anna, toujours assise par terre. Elle ne releva même pas la tête pour me dire au revoir. Je refermai la porte de l'appartement 7 derrière moi et descendis les escaliers lentement, sonné et perdu. Qu'avais-je fait ? Avais-je tout foutu en l'air à cause de mon aveu ?
Le reste de la journée se poursuivit dans une sorte de brouillard. Je n'avais pas vraiment conscience de ce qui m'entourait. Je ne savais même pas comment j'étais rentré. A pieds ou en métro ? Aucun souvenir. Je restai cloîtré chez moi, affalé sur le canapé, incapable de parler et encore moins de penser. J'entendais vaguement mon téléphone vibrer de temps à autre mais je n'avais même pas la force de regarder qui c'était. J'avais juste envie de dormir. Dormir et oublier. Je me laissai glisser sur le canapé et fermai les yeux. Peu à peu, le sommeil me gagna. Enfin.
Anna et moi étions en train de regarder les sculptures d'Adriana. Je lui tenais la main et je dessinais des petits cercles à l'intérieur de sa paume. Elle me souriait, elle avait l'air bien. Nous déambulions dans la galerie en admirant le travail de celle qui fut ma domina. Tout se passait pour le mieux. Les gens autour de nous n'avaient d'yeux que pour elle. Elle était magnifique dans cette robe en soie moulante. Je n'avais qu'une envie, lui arracher et la baiser là, tout de suite, en la plaquant contre un mur de cette salle d'exposition. A cette perspective, ma queue tressaillait déjà. Mais ce n'était pas le moment. Il fallait que je patiente encore un peu.
Tout à coup, Anna tourna la tête vers moi. Son sourire avait disparu. Ses yeux lançaient des éclairs noirs qui découpaient mon cœur en morceaux. Elle se mit à crier de toutes ses forces. C'était horrible. Elle lâcha ma main et se sauva en courant vers la sortie.
— Anna, non, reviens !
Elle ne se retourna pas et continua sa course folle. Je courus pour la rattraper mais lorsque j'atteignis l'entrée du bâtiment, c'était déjà trop tard. Elle avait disparu sans laisser de trace. Anéanti, je tombais à genoux. Je sentis alors une main se poser sur mon épaule. Je me retournai brusquement. Adriana me regardait fixement en riant d'une façon tellement machiavélique que ça me fit froid dans le dos.
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Les Ombres du Passé ~ Tome 1 ~ Libère-Moi
عاطفيةAprès l'immense douleur qu'elle avait connue à la fin de sa première histoire d'amour, Anna s'était jurée de ne plus jamais souffrir en s'interdisant de retomber amoureuse un jour. C'était il y a dix ans... Depuis cette promesse, elle pratiquait le...