2 : Amour

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          Juin 1297

La chaleur commençait à se répandre sur le comté de Lantagnac en Gascogne lorsque Marie sortit de sa maison. Aussitôt, un jeune garçon alla à sa rencontre et se mit devant elle en lui tendant un bouquet de fleurs.

- Bonjour Marie ! Où vas-tu aujourd'hui ?

- Comme chaque jour, je vais étendre le linge et après je cours jusqu'au castel1, soupira la jeune femme.

- Tiens je t'ai apporté un bouquet, dit-il en le lui agitant sous le nez.

- Merci mais...

- Il faut que j'aille à l'atelier. Mon père m'attend là-bas. Je viendrais peut-être te rendre visite dans l'après-midi.

- Tu sais, je suis très occupée au castel J...

Le jeune homme était déjà parti rejoindre son père, forgeron. Marie soupira en levant les yeux au ciel, le bouquet de fleurs dans la main. Jean était un prétendant que sa mère avait choisi car elle pensait qu'il ferait un très bon mari –et gendre - alors elle s'était mise en tête de marier sa fille avec.
Après avoir étendu le linge près de leur maison, elle se dirigea lentement vers la demeure des Lantagnac afin de rejoindre son service en tant que blanchisseuse. Elle prit le panier avec les défroques de la noblesse qui résidait dans le château, remit une mèche de ses cheveux et commença à s'avancer vers la porte lorsqu'une cuisinière s'avança vers elle pour lui déclarer durement :

- Tu es en retard aujourd'hui Marie ! Ta mère ne pourra pas toujours veiller sur toi sache le. Un jour, tu arriveras une fois de trop en retard et tu seras renvoyée  ! Les nobles n'attendent pas !

Marie hocha de la tête pour indiquer qu'elle avait compris avant de se diriger vers la porte de derrière afin de laver les affaires au lac qui entourait le château.
Comme chaque jour, elle s'arrêta un instant devant l'arène où Pierre se battait contre Guillaume. Elle déglutit en observant Guillaume abattre son épée violentement sur le bouclier de son frère qui sous le choc, perdit son moyen de défense. Marie retint son souffle tandis que Pierre enlevait son casque pour avoir plus de visibilité face à son adversaire.

- Renonces-tu mon frère ? Demanda ce dernier.

- Nenni !

Guillaume lâcha son bouclier pour être à armes égales et chargea. Son épée s'entrechoqua avec celle de son frère si bien qu'une étincelle tomba sur le sol. Une lutte s'ensuivit, les épées se cognant l'une àl'autre et, au bout de plusieurs minutes, Guillaume toucha Pierre à l'épaule, l'entaillant. Ils s'arrêtèrent pour se fixer l'un l'autre puis l'aîné enchaîna coup sur coup forçant son frère à reculer prestement. Son dos buta au bout d'un moment contre la barrière qui encadrait l'aire d'entraînement et Pierre le désarma d'un coup brutal avant de le faucher avec son épée pour qu'il tombe dos contre le sol. Le bout de son épée sur sa gorge, Pierre de Lantagnac déclara d'une voix posée :

- Renonces-tu... Mon frère ?

Le cadet hocha de la tête et son frère tendit sa main pour l'aider à se relever. Ils se serrèrent l'un contre l'autre en riant puis ils levèrent tous deux leurs bras vers le haut, paumes jointes afin de saluer les soldats et écuyers qui s'étaient rassemblés autour de la barrière. Tous les acclamèrent. Après un tour sur lui-même, Pierre vit Marie les observer et il lui sourit en enlevant une mèche mouillée de son front.

Marie rougit légèrement et se dirigea vers le lac pour accomplir sa tâche quotidienne.
Elle frottait et frottait encore le linge sur sa planche à laver lorsqu'elle s'arrêta un instant pour remettre ses cheveux en place. Quelque chose la frappa alors à la tête. Elle tourna son regard vers la pomme de pin qui était à côté d'elle et sourit.

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant