7 : Demande(s)

519 56 12
                                    

Le lendemain matin, Marie se dépêcha de se vêtir. Puis elle s'assit sur un tabouret et prit du papier avec une plume et de l'encre. Après avoir écrit, elle sortit et chercha un enfant des yeux.

-      Grégoire !

Lorsque le petit homme leva les yeux vers elle, Marie prit ses jupons et courut vers lui. Cet enfant, elle le considérait comme son petit frère. Il avait perdu ses parents dans un incendie quelques années plus tôt et il avait été confié au monastère. Il s'était échappé prestement et vivait depuis ce jour dans la rue, dérobant bourses et bijoux lorsqu'il le pouvait. Elle arriva à sa hauteur et s'accroupit auprès de lui pour lui tendre le morceau de papier.

-      Peux-tu porter ceci à sieur Pierre de Lantagnac je te prie ?

-      Que me donnes-tu en échange ?

La bachelette réfléchit quelques secondes et murmura quelque chose à son oreille. Le garçon eut un grand sourire et acquiesça du chef avant de partir.

-      Bon jour Marie.

A l'entente de son nom, Marie se retourna un grand sourire aux lèvres. Elle le perdit bien vite en voyant qui se tenait devant elle.

-      Jean, n'es-tu pas à la forge aujourd'hui ?

-      Exceptionnellement, je ne le suis pas. Puis-je te parler quelques instants je te prie ?

-      Tu ne demandes jamais habituellement, mais oui, or i va1.

Jean s'avança vers elle et prit sa main. Ils marchèrent jusqu'à arriver au pont où il s'arrêta. Il prit sa main dans la sienne et regardant au loin, déclara :

-      As-tu remarqué que je te faisais la cour... Marie ?

-      Oui, bien sûr mais... bailla-t-elle en fronçant les sourcils d'incompréhension.

-      Avant que tu n'ajoutes quelques paroles, je veux t'avouer que depuis que nos parents nous ont fait jouer ensemble, j'ai ressenti quelque chose. Etant petit, je ne pouvais savoir que c'était de l'amour mais...

-      Jean... Je t'en prie.

-      Attends ! Chaque jour j'ai voulu te prouver que je t'aimais et toi que faisais-tu ? Tu acceptais en me remerciant mais sans rien dire. Je sais que je ne suis pas quelqu'un de riche mais j'ai un salaire qui me permet de vivre. Je ne suis pas forcément le meilleur homme mais je sais prendre soin des choses qui me sont chères. Alors Marie,...
Il mit un genou à terre tout en tenant sa main dans la sienne, si tu veux bien de moi, sache que je m'occuperai de toi et assurerai toutes tes dépenses. Mon cœur est tien comme ma maison est tienne.

Marie ouvrit la bouche surprise et inspira lentement. Elle ferma les yeux et se demanda pourquoi cela arrivait à elle et maintenant. Elle rouvrit les yeux et s'agenouilla elle aussi pour être à sa hauteur.

-      Jean... Oh mon cher Jean. Je suis honorée de ta proposition. Je t'apprécie mais mon cœur appartient déjà à un autre. Je l'aime énormément et je risque de le perdre et tôt2 si je n'agis pas. Je veux quand même que tu saches que tu es un ami précieux que je ne veux pas perdre et je suis sûre qu'une damoiselle sera digne de toi. Je suis désolée.

Ils se relevèrent tous les deux et elle lui sourit en posant une main sur son visage. Des larmes montaient à ses yeux. Voyant qu'elles coulaient le long de ses joues, elle ne réfléchit pas et le prit dans ses bras en frottant son dos.

Le petit Grégoire courut jusque chez Marie et entra sans même frapper à la porte.

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant