6 : Alliance

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       Juillet 1297

-       Messeigneurs, dames et damoiselles. C'est avec grande fierté que je soutiendrai mon ami et allié Guy de Dampierre ici présent. Un mariage sera célébré entre mon fillot Pierre de Lantagnac et la fillote du comte, Hélène de Dampierre afin de sceller devant Dieu notre alliance. Il sera célébré par Monseigneur Larcher, sabattum1 qui suit.

Tous les nobles conviés se levèrent et tapèrent dans leurs mains pour féliciter les fiancés. Pierre prit la main d'Hélène et il salua la foule en inclinant la tête. Son regard croisa celui de Marie et il inspira en la contemplant. Alors qu'il voulait continuer à la regarder, il fut accosté par son frère Guillaume qui le félicita dans un éclat de rire, ses mains sur ses épaules. Pierre lui répondit par un sourire et tourna les yeux vers l'endroit où était Marie, mais celle-ci avait disparue.
Lorsque les convives se furent assis de nouveau, les plats portés par les serviteurs furent posés sur la table. Les poulardes brûlantes attendaient d'être mangeaillées, venant tout juste d'être sorties du feu, et la vinasse gouleyante coulait à flots dans les verres. Tous ripaillaient en parlant des prochaines épousailles de leur futur seigneur.
A la table des Lantagnac, le comte parlait avec Guy de Dampierre de la guerre qui s'annonçait, leurs épouses respectives discutaient entre elles de leurs broderies, tapisseries en cours. Guillaume de Lantagnac discutait avec Hélène de Dampierre ainsi que son frère Robert. Seul Pierre ne partageait pas leur joie.

Quelques jours plutôt, son père s'était entretenu avec lui à propos de l'alliance. Ne pouvant refuser, surtout après ce que lui avait dit Marie des semaines tant tôt, il alla mander la bénédiction au père d'Hélène. Ce dernier la lui accorda et alors, il se présenta devant elle pour la mander de l'épousailler.

Fontainebleau, juillet 1297

-      Comment osent-ils me défier, moi le roy de France et de Navarre ? N'ai-je pas été bon avec eux ? Ils ont osé s'allier avec Dampierre ! Ce traître qui voulait marier sa fillote au fillot d'Edouard d'Angleterre !

-      Mon époux, cet affront se doit d'être puni, déclara la reine, Jeanne Ière de Navarre, les amis de nos ennemis devront faire face à votre courroux et à celle de Dieu ! Puisse notre armée les vaincre et montrer qui règne sur la fille aînée de l'Eglise.

-      Vous avez raison ma chère, nous allons prouver que le roy de France est tout puissant. Dieu sera avec moi.

Philippe le Quatrième se leva de son siège et fit les cent pas autour de la table.
Ils étaient tranquillement en train de dîner lorsqu'un messager les avait interrompu pour annoncer la nouvelle. La fillote du comte de Dampierre, son ennemi qui avait voulu s'allier avec le roy d'Angleterre, avait établi une alliance avec le comte de Lantagnac. Son père, Philippe III le Hardi, avait donné les terre du comté de Lantagnac, en Gascogne, à son allié et ami, Charles de Lantagnac. Ce dernier l'avait accompagné dans la huitième croisade contre les infidèles à Tunis, en 1270.
Philippe, de rage, jeta ses couverts au sol et tapa de son poing l'âtre de la cheminée. Il resta face au feu, à le contempler.
Son épouse, fille d'Henri Ier de Navarre et de Blanche d'Artois, finit son verre de vin puis essuya délicatement ses lèvres avec sa serviette. Elle se leva ensuite et s'approcha de son mari pour l'encercler de ses bras, le chef posé sur son dos. Le roy ferma les yeux et posa une de ses mains sur celles de sa femme.

-      Vous vaincrez ! Pour l'avenir de la France et de notre fils héritier, vous vaincrez Philippe.

Philippe Le Bel, nommé comme cela pour sa beauté, se tourna vers elle et sourit. Il la baisa ensuite sur le front avant de murmurer, contre elle :

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant