46 : La Vérité Avouée

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Le soldat français sourit et sauta à terre. Tout en lâchant son arbalète, il sortit l'épée du fourreau. Il se positionna face à François et hurla en chargeant vers lui. Un duel s'ensuivit alors et les deux hommes s'affrontèrent férocement. Marie, à côté de son cheval et les rênes à la main, était anxieuse à l'idée de perdre François. Ce dernier fut blessé à la jambe lors d'un moment d'inattention et tomba sur un de ses genoux.

- Rends-toi traître et je t'épargnerai, je n'accomplis que les ordres du roy. Et mes ordres sont de récupérer cette femelle !

- Tu crois que je ne connais point les stratégies de la garde française ? Je sais bien que tu ne tiendras point parole, tu me tueras et qui sait ce que tu feras d'elle.

Et sur ces mots, François se releva et lança une dague en direction du soldat. Ne s'y attendant pas, il n'eut pas le temps de s'écarter de la trajectoire de la lame, qui vint se planter en pleine poitrine. Il baissa les yeux et attrapa le manche de la dague. Il la retira doucement tout en tombant, sur ses deux genoux, au sol. Il releva la tête vers François et eut un rictus mauvais avant de s'effondrer sur le sol, le cœur arrêtant de battre.

François s'écroula de nouveau au sol, essoufflé. Marie courut vers lui et l'enlaça du mieux qu'elle pouvait. Elle se recula soudainement en voyant la pâleur de l'homme.

- François... Tu es si pâle.

Le soldat se laissa tomber en avant sur Marie, la respiration sifflante. La jeune femme chercha pourquoi il se trouvait aussi faible et ses yeux s'arrêtèrent au niveau de la jambe où il avait été touché plus tôt. Une flaque de sang s'étendait sur le sol, près de son membre inférieur. Marie hoqueta de stupeur.

- Ta jambe...

Elle allongea François sur le sol, l'installant confortablement et entreprit de faire un garrot. Elle n'avait pas oublié les leçons de sa mère durant son adolescence. Bloquer le saignement pour essayer de sauver le soldat. Et cet apprentissage fut très utile lors des différentes batailles menées par les flamands. Marie revint vers le visage de François et le caressa tendrement, murmurant des mots doux en même temps.

- Marie... Écoute moi, dit-il difficilement.

- François, tais-toi. Tu vas t'en sortir, je te le promets.

- Non... Je suis un soldat. J'ai frôlé la mort de nombreuses fois. Mais cette fois-ci, elle ne doit pas être repoussée. Il est trop tard de toute façon, murmura-t-il en souriant.

- Ne dis... Ne dis point ça, je t'en prie. Reste avec moi, dit Marie en pleurant, ses mains sur son torse.

- Écoute... Ton mari, tes enfants, ceux que tu aimes vraiment. Ils sont en vie.

- Tu délires François. Ils sont morts depuis des mois, je t'assure. Le roy les a exécutés.

François attrapa le bras de Marie et le serra fortement tout en la regardant intensément.

- Non Marie. J'ai fait des recherches, ils se sont établis en Écosse. Ton époux a rejoint ... Il a rejoint le camp du prétendant au trône, Robert Bruce.

- Pourquoi... Pourquoi l'as-tu point dit plus tôt ?

- J'avais peur Marie... Peur de te perdre si je t'avouais tout. Je pensais que nous vivrions ensemble jusqu'à notre mort sans que tu le saches. Pardonne mon égoïsme, pardonne moi.

Marie ferma les yeux et baissa la tête, les larmes coulant le long de ses joues. L'homme qu'elle avait toujours aimé était en vie. Ses enfants l'étaient. Et la deuxième personne à qui elle avait partagé un peu de son cœur lui avait caché cette vérité. Elle ne pouvait le détester alors qu'il était à l'article de la mort. Si elle ne lui pardonnait pas, il n'irait peut-être pas au Ciel. Aussi, elle le regarda, et posant la main sur son front, elle lui murmura ces trois mots :

- Je te pardonne.

François lui sourit avant de grimacer sous la douleur des organes qui peinaient à continuer de fonctionner. Il leva la main vers la joue de Marie et lui murmura un dernier je t'aime avant de soupirer lentement. Il laissa tomber sa tête contre la poitrine de Marie. Une dernière larme roula tandis que la jeune femme déposait sa tête au sol. Ses yeux reflétèrent les nuages blancs du Ciel où elle espérait qu'il se trouvait à présent.

Marie le regarda et ouvrit grand la bouche pour hurler sans qu'aucun son ne sortit. Elle tapa de ses poings l'herbe près d'elle, en arracha des touffes et pleura. Elle pleura toutes les larmes de son corps. Elle avait perdu François celui qui l'avait aidée. Celui qui l'avait soutenue pendant ces mois de captivité. Mais il était aussi celui qui avait dissimulé la vérité et cela était lourd de conséquences.
Elle se releva difficilement et tituba, comme se trouvant dans une sorte d'inconscience. Elle murmurait le nom de son époux : Pierre. La jeune femme trébucha et tomba l'herbe. Se mettant sur le dos, elle regarda les nuages défiler dans le ciel. Son mari et ses enfants étaient en vie. Dieu lui donnait une dernière chance d'être heureuse.

Elle se releva sur ses coudes et fronça les sourcils, ses pensées se clarifiant dans sa tête. Il était temps de retrouver son amour de toujours : Pierre, comte de Lantagnac. Il était temps pour elle de le rejoindre dans ce pays qu'était l'Écosse. La comtesse lissa sa robe et s'avança vers le corps de François. Composant un bouquet, elle l'apporta près du corps. Son épée était posée sur son torse, les mains entourant la poignée de fer, elle glissa son bouquet entre ses doigts. Une prière sortit du bout de ses lèvres et une fois le signe de croix fait, Marie se dirigea vers son cheval et grimpa, non sans mal, dessus. Par un coup de talon, elle lança au trot son cheval jusqu'à la ville la plus proche où un un bateau voudrait bien l'emmener jusqu'au pays souhaité. Dans sa tête se déroulait mille scénarios possible. Comment se comporterait Pierre en la revoyant ? L'avait-il oubliée ? Était-il passé à autre chose ?

Elle regarda le Ciel et pria de toutes ses forces la Vierge Marie pour lui donner le courage d'affronter les épreuves qui l'attendaient. Une chose était sûre, plus jamais elle ne reverrait le Dauphin. 

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant