26 : Naissance

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Quelques heures après la bataille, dans le campement de Guillaume de Juliers

Des cris se faisaient entendre dans l'une des tentes du campement. Deux soldats gardaient l'entrée tandis que des femmes allaient et venaient. Certaines avec des bassins d'eau chaude, d'autres avec des linges. Pierre, quant à lui, attendait à quelques mètres, en taillant un morceau de bois. Il réfléchissait à tout ce qui était arrivé en quelques heures. Les français avaient tués bon nombre de leurs soldats mais aussi des femmes. Certaines étaient encore sous le choc et leurs maris n'arrivaient pas à les approcher pour les rassurer. Et puis il y avait Marie.

Entendant de nouveau un cri, il se leva rapidement et regarda la tente rouge. Pierre commença à marcher de long en large tout en priant pour qu'elle ne souffre pas. C'était trop tôt, beaucoup trop tôt pour qu'elle mette au monde leur enfant. Il aurait tellement voulu être auprès d'elle mais les hommes n'étaient pas admis à cette étape de la grossesse. Alors il priait. Pour que sa femme reste en vie et pour que leur enfant aussi. Guillaume de Juliers s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.

- Courage mon fils ! C'est un moment difficile à passer.

- Pardonnez mon insolence Monseigneur mais que savez-vous de l'accouchement ? Vous êtes un homme de Dieu !

- Je m'intéresse à tout. Après, je ne dis point que j'ai étudié de bout en bout la mise bas de l'enfant mais je me suis renseigné.

Des cris se firent à nouveau entendre, se faisant tourner les deux hommes. Pierre se leva et fit quelques pas vers la tente où était sa femme.

- Il faut que je lui vienne en aide.

- Dans ce domaine, nous n'avons, malheureusement, aucun pouvoir. Seules les femmes peuvent accomplir ce devoir.

Guillaume posa une main sur l'épaule de Pierre et ensemble, ils marchèrent, attendant que le travail fut terminé.
Au bout de quelques heures, une servante ressortit, un lange posé contre sa poitrine. Elle s'avança vers Lantagnac et fit une révérence avant de lui tendre ce qu'elle tenait. Lorsqu'il prit ce qu'elle lui tendait, la chose dans le draps se débattit et Pierre dut le maintenir fermement.
Ses yeux s'embuèrent tandis que l'abbé s'approcha de lui :

- Un magnifique nouveau-né. Un futur chevalier ou une future femme ?

- Un nouvel homme dans la famille, murmura-t-il en souriant à son fils.

Il releva la tête et remercia la servante avant de lui demander :

- Comment va-t-elle ?

- Elle a été très courageuse monseigneur. Elle s'est endormie juste après et n'a pas eu le temps de voir l'enfant. Elle connaît seulement le sexe.

- Merci énormément d'avoir été auprès d'elle. Je ne sais ce que nous ferions sans vous Agathe.

La femme s'inclina à nouveau et partit dans la tente pour ranger le matériel. Après avoir regardé l'abbé, il se dirigea à la suite de la servante et passa les pans de la tente. Une fois ceci fait, Pierre s'arrêta pour s'accoutumer à la pénombre. Sa femme était là, allongé sur la couche, un bras levé et son visage appuyé dessus. Elle dormait d'un sommeil paisible. En s'humidifiant les lèvres et en souriant, il s'approcha de la couche et s'assit dessus. Il posa ensuite une main sur la joue de Marie. Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, il sourit puis il se pencha vers elle et baisa sa joue.
En sentant quelque chose de doux sur elle, Marie cligna plusieurs fois des yeux avant de se réveiller entièrement. Elle sourit en voyant son mari au-dessus d'elle. Elle se mit en position demi-assise et posa sa main sur celle de son mari puis dit :

- Bon jour.

- Comment te sens-tu mon amour ? Murmura-t-il en caressant de nouveau sa joue.

- Je suis harassée mais te voir me procure le plus grand bien. Où est notre enfant ? Comment est-il ?

En entendant ces mots, Pierre la regarda et sourit. Puis il tendit le lange et le posa dans les bras de sa femme. Émerveillée par ce qu'elle tenait, Marie laissa couler ses larmes. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire et elle regarda son mari.

- Il ... Il est magnifique !

- Tu as fait du bon travail ma puce.

- Nous avons fait un beau travail, tu ne penses pas ? Comment allons nous l'appeler ?

- Que penses-tu de Thibaud ?

- C'est un joli prénom en effet. Pourquoi celui-là ?

- Mon grand-père s'appelait comme cela. Il était très proche de mon frère et moi-même. J'aimerais lui rendre hommage. Si tu es d'accord bien entendu.

- Je le suis, dit-elle avant de regarder son fils. Bienvenue dans la famille Thibaud.

Elle releva les yeux et regarda amoureusement son mari et Marie s'avança pour embrasser tendrement son mari. Lorsque leur enfant se mit à gigoter, ils se séparèrent et le regardèrent. Marie se pencha vers son fils et l'embrassa sur le front.
La famille fut interrompue par la servante qui s'avançait vers eux.

- Monseigneur, ma dame, veuillez me pardonner mais il est temps de nourrir votre fils. Une nourrice attend à l'extérieur.

Marie releva les yeux et regarda son mari.

- Comment ? Une nourrice est inutile, je peux l'allaiter moi-même.

- Ma chérie, cela ne serait point raisonnable.

- Mais Pierre, c'est mon fils. Je peux le faire. En quoi cela ne serait point raisonnable ?

Pierre baissa les yeux et prit sa main dans la sienne. Du pouce il caressa le dos de la main de sa femme avant de la regarder :

- Depuis que tu es mariée avec moi, tu es comtesse. Tu fais donc partie de la noblesse. C'est un honneur de ne pas à avoir allaiter nos enfants. De plus, tu es fatiguée. Si tu nourris notre fils, tu vas te fatiguer encore plus. Tu te dois de te reposer. Nous partons dans quelques jours.

Marie acquiesça et tendit le nouveau-né à la nourrice, non sans un pincement au cœur. Une fois que la servante sortit, Pierre baisa le front de sa femme et partit lui aussi pour laisser sa femme se reposer. Marie ferma les yeux et sentit que quelque chose manquait auprès d'elle. Son enfant lui manquait déjà. Sa mère l'avait allaitée et elle avait vu d'autres villageoises le faire. C'était un moment de rapprochement entre une mère et un enfant. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues et elle gémit de tristesse. Au bout d'un moment qui lui sembla interminable, elle finit par s'endormir, rêvant de sa vie d'avant, dans le comté des Lantagnac. 

Ça y est, Marie a accouché

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Ça y est, Marie a accouché. La famille Lantagnac commence à se reformer et il y a (enfin) un héritier. 

Petit hommage à Loraline_Bradern pour son personnage de Thibaud de Landéan ! Comme je l'aime beaucoup eh bien j'ai décidé de l'appeler pareillement. 😊

Merci de votre lecture et à bientôt 

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant