41 : La Fête

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La fête battait son plein et tous les nobles français, seigneurs des terres, profitaient de cette soirée donnée en l'honneur de la victoire du roy. Philippe IV était assis sur son trône, aux côtés de son épouse, Jeanne de Navarre. Ils discutaient des derniers jours passés et de la jeune femme qu'ils avaient ramenés pour leur fils.
Ce dernier était debout, près des marches, attendant que la comtesse de Lantagnac soit annoncée et passe les grandes portes de bois. Beaucoup de nobles venaient discuter avec lui et plus le temps passait, plus il expédiait rapidement ceux qui discutaient. Les minutes défilaient et la comtesse n'était toujours pas arrivée.

- La comtesse de Lantagnac.

Aussitôt les troubadours s'arrêtèrent de jouer et les nobliaux de parler. Le dauphin Louis de France se redressa et observer la comtesse qui avançait, droite, son regard porté au loin. A cet instant, le désir s'empara de lui et il ne ressentait qu'une seule chose envers elle : de la passion. Sa robe verte mettait en valeur le haut de ses seins ainsi que sa taille fine. Un voile était sur sa tête et encadrait son visage blanc doux. Instinctivement, il descendit les quelques marches qui séparait la jeune femme de lui et une fois arrivé devant elle, il s'inclina. Aussitôt, tous les ducs, comtes, barons et autres nobles murmurèrent à l'oreille de leur voisins pour parler de la jeune femme et du dauphin.

Marie fut surprise devant l'action du jeune homme et elle voyait que malgré son caractère brutal, il n'était encore qu'un enfant de dix-neuf années. Elle posa sa main dans la sienne et ensemble, ils avancèrent vers le souverains de France et de Navarre. Ils s'inclinèrent et attendirent que le roy leur donne l'autorisation de se redresser.

- Eh bien, eh bien. Si l'on m'avait dit que toutes les servantes du comté de Lantagnac étaient aussi jolies, je ne les aurais pas fait pendre.

Tous rirent aux éclats pour suivre leur souverain qui trouvait sa phrase drôle. Au fond d'elle-même, Marie n'avait qu'une seule envie : prendre un couteau et tuer ce roy cruel et odieux avec ses gens. Comment un souverain pouvait-il dire cela à voix haute. Et même le penser. Elle se redresse sans attendre l'autorisation de Philippe le Bel et le défia du regard.

- Ma dame, votre tenue vous va à ravir. Je suis heureux que vous la portiez, dit le roy en souriant avant de se détourner et de clamer haut et fort, mes amis, voici la comtesse de Lantagnac. Elle nous fait l'honneur de sa présence en cette douce et chaleureuse soirée. N'hésitez point à discutailler avec elle. Je vous souhaite une bonne soirée comtesse.

En disant cela, il leva son verre à sa santé et prit la main de sa femme pour la baiser. Marie lui tourna le dos et se dirigea vers le buffet. Depuis son arrivée, elle n'avait pu manger un bout et son ventre réclamait des forces. Le garde François lui avait conseillé d'aller au banquet après leur action, afin de ne pas éveiller les soupçons. Surtout que l'autre garde les avait vu descendre les escaliers.

- Comtesse, vous êtes en beauté ce soir.

A ces mots, Marie sursauta avant de tourner la tête vers son interlocuteur. Le baron Foulques de Merle avait changé depuis leur dernière rencontre. Il faut dire qu'après plusieurs jours de voyage, un homme qui avait bataillé n'était pas le même que lors des banquets.

- Je vous remercie Maréchal. Vous êtes bien plus beau que lors de notre déplacement. Vous portez mieux ces habits là que votre armure.

- Ma dame, essayez de porter une armure pendant plusieurs jours, sur un cheval et peut-être reparlerons nous de nos habits, dit Foulques avec un sourire. Vos appartement vous plaisent-ils ?

- Ce sont mes tout premiers appartements donc je suis plutôt bien logée. Il ne me manque que quelque chose.

- Quoi donc ?

- Ma famille, avoua-t-elle en le regardant, les larmes aux yeux.

- Je ferais en sorte que votre séjour soit agréable comtesse, promit-il en s'inclinant légèrement.

- Quoi que vous fassiez, il ne le sera point. Pas tant que lui viendra me rendre visite, dit Marie en montrant d'un signe de tête le dauphin.

Foulques tourna son regard vers Louis et acquiesça. Ils discutèrent encore un long moment lorsque le dauphin s'avança vers eux et chassa le Maréchal d'un geste de la main. Marie commença à partir mais Louis l'attrapa et la força à se retourner pour qu'elle le regarde droit dans les yeux.

- Où comptez-vous partir comtesse ?

- Loin de vous monseigneur. Vous sentez fort l'alcool et je méprise les gens qui se saoulent pour mieux profiter de leur soirée.

- Croyez-moi, je n'ai pas fini d'en profiter, dit-il en la détaillant d'un regard plein de désir.

- Vous êtes encore plus répugnant que je ne le pensais, murmura Marie en se dégageant brutalement.

- Vous ne direz point les mêmes mots dans quelques heures.

- Jamais vous ne me toucherez, vous entendez ?

Louis sourit et l'attrapa de nouveau pour la tirer de force vers le trône. Il s'inclina et hurla devant son père :

- Majestés, la comtesse de Lantagnac aimerait se reposer. Je m'en vais la raccompagner jusque dans sa chambre.

Le roy approuva d'un signe de tête et Louis se tourna et marcha rapidement jusqu'aux portes, tirant Marie qui se débattait. Elle croisa le regard de nombreuses personnes mais tous baissaient les yeux. Sauf un. Le Baron de Merle. Dans ses yeux, elle pouvait voir la peine qu'il avait pour elle. Elle le supplia de l'aider muettement mais il secoua la tête, montrant par là qu'il n'avait aucun pouvoir pour lui venir en aide.

Une fois les escaliers montés, les deux gardes ouvrirent la porte et Louis poussa Marie à l'intérieur, qui tomba sur le sol. Louis s'arrêta à l'entrée et ordonna aux deux soldats :

- Si vous entendez crier, ne rentrez sous aucun prétexte. Je ne veux pas être dérangé.

- Bien monseigneur.

Il claqua la porte et ferma à clé puis il se tourna vers Marie qui se redressait.

- Et maintenant, à nous deux comtesse.

- Et maintenant, à nous deux comtesse

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant