37 : L'Adieu

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Pierre observait autour de lui les combats qui avaient lieu. Il se trouvait dans une bien mauvaise posture, à genoux, sur le sol, le roy de France en train de le menacer. Ce dernier savourait sa victoire. Même si beaucoup de ses hommes s'étaient fait massacrer, il savait que la victoire était maintenant la leur. Il toisa le comte de Lantagnac et dit :

- Ainsi donc, j'ai affaire au fils de Lantagnac. Vous êtes traîtres de père en fils à ce que je peux voir.

- Comme si vous ne le saviez point. Vous nous avez tout pris et après vous souhaitez que je me soumette à vous ? Jamais !

- J'ai réfléchi longuement à ton sort. Peut-être vais-je te décapiter pour trahison. Ou bien t'exiler en faisant en sorte que tu ne reviennes jamais. Peut-être vais je t'emprisonner et tuer devant toi tes deux enfants ainsi que ta femme. D'après les rumeurs, tu as épousaillé une servante. Est-ce la vérité ?

- Ma femme a plus de sang noble que vous ou que votre reine.

- Insolent ! Je vais donc choisir la troisième option pour toi.

A ce moment, une clameur s'éleva et les deux nobles tournèrent la tête vers cette dernière. Les soldats français avaient leurs épées levées à l'endroit où le groupe dirigé par Guillaume de Juliers combattait. Au bout d'une main, la tête de son ami et grand soldat ballottait. Pierre hurla puis se releva et prit son épée. Le roy fit un signe à ses acolytes et d'un coup de pommeau, le corps du comte tomba net sur le sol.

- Les Gascons... Toujours le sang aussi chaud.

- Sire, Sire !

Philippe le Bel tourna sa tête vers la voix et vit son maréchal galoper vers lui, une femme devant lui. Il fronça les sourcils et ordonna à un de ses soldats d'aider la jeune femme à descendre. Une fois que Marie fut descendue, elle courut vers Pierre et caressa ses cheveux en murmurant des mots doux afin qu'il se réveille.

- Qui est cette jeune femme Foulques ? Que fait-elle sur le champ de bataille ?

- Elle est l'épouse du traître de Lantagnac monseigneur. Elle a quémandé l'arrêt de la bataille en échange de sa prise d'otage. Nous étions à l'arrière au camp des blessés.

Le roy regarda Marie puis descendit de son cheval pour s'approcher d'elle. Il mit un genou à terre et posa une main sur l'épaule de la jeune femme.

- Ma dame, votre mari s'est parjuré. Il a trahi son roy et sa patrie. Vous n'êtes pas obligé de le suivre dans sa sanction comtesse. Pensez à vos enfants.

Marie tourna ses yeux vers Philippe IV et montra toute sa détresse avec ses larmes. Ses longs cheveux s'étaient détachés le temps du chemin et ils encadraient parfaitement son visage ovale et clair. En l'observant, le roy ne put s'empêcher de penser au fait que Lantagnac avait bien choisi sa femme.

- Je vous en prie Sire. Laissez-le vivre, sa famille a été décimée, la mienne aussi. Je n'ai plus que lui. Mes enfants n'ont plus que lui.

Nul ne sut ce qui se passa dans la tête du roy mais il fronça les sourcils, se releva et donna sa main à Marie pour qu'elle se lève et se retrouve à la même hauteur que lui. Marie le regarda en reniflant et essayant d'arrêter de pleurer pour retrouver un peu de fierté.

- Comtesse, votre demande m'a émue. Mais, ajouta le roy en voyant un sourire percer sur le visage de Marie, en échange vous me devez une faveur.

- Co... Comment ça Sire ?

- Venez à la Cour avec moi et rencontrez les nobles français. Vous ferez sensation et vous retrouverez vos terres.

- Qu'allez-vous faire de mon époux ? Et... Et mes enfants ?

- Ils partiront. Là où le vent les guidera.

- Sire... J'ai épousaillé cet homme, je lui suis fidèle jusqu'à ma mort.

- Ou bien à sa mort. Que je peux régler directement. Vous semblez être une jeune femme avec beaucoup de talents et de diplomatie. Vous me seriez très utile à la Cour de France, au Louvre.

- Promettez-moi alors que jamais vous ne commanditerez leur assassinat, que leur voyage sera assuré.

- Un roy n'a qu'une parole et de nombreux témoins sont présents.

Alors que le roy tendait sa main pour que Marie pose la sienne, Pierre cligna des yeux et fut abasourdie par le spectacle qui se déroulait devant lui. Sa femme était aux côtés du roy et ce dernier avait une main posée sur sa hanche, un grand sourire aux lèvres. Il se mit sur ses genoux en se tenant la tête et observa Marie d'un air soucieux.

- Marie, dis-moi s'il t'a fait du mal. Alors...

- Alors vous ne ferez rien comte. Nous avons fait un accord. Cette guerre se termine enfin pour de bon. Vous pouvez remercier votre femme. Elle a joué un rôle important.

- Qu'avez-vous fait ?

- Nous avons gagné Lantagnac. Cette bataille était décisive et nous avons tué plusieurs chefs des flamands. Ils ne s'en remettront point.

- Je suis un de leur chef, dit fièrement Pierre. Pourquoi ne suis-je donc point mort ?

- Grâce à elle, répondit le roy en regardant narquoisement Marie de Lantagnac.

- Je n'avais point le choix Pierre. Tu seras en sécurité et les enfants aussi.

- Qu'as-tu accepté Marie... ?

- Votre femme viendra à la Cour auprès de moi et de mon fils, tandis que vous et vos rejetons partiront en Ecosse. Loin de tous. Oubliés de tous.

- Vous n'avez pas le droit !

Pierre se leva rapidement et fit un pas vers le couple mais le sang redescendit tellement vite vers ses jambes qu'un voile noir apparut devant ses yeux. Il retomba sur ses genoux et essaya de chasser ce voile. Le roy et ses soldats rirent tandis que Marie regardait son mari tristement. Philippe IV fit un signe de tête à deux soldats qui soulevèrent Pierre pour le tenir face au roy.

- Emmenez ce chien puant chez les barbares et faites en sorte qu'il ne revienne jamais !

Marie comprit à cet instant que le roy allait trahir sa parole. Elle ouvrit grand les yeux et commença à courir vers son mari pour tenter de le libérer. Deux chevaliers la rattrapèrent et la maintinrent loin de Pierre. Ce dernier dodelinait de la tête mais n'arrivait pas à se concentrer plus de quelques secondes. La seule chose qu'il entendit pour la dernière fois fut le hurlement de Marie. 

Pensez-vous que Pierre va mourir ? Peut-être que l'histoire va donc suivre les aventures de Marie à la Cour de France

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Pensez-vous que Pierre va mourir ? Peut-être que l'histoire va donc suivre les aventures de Marie à la Cour de France... Je peux être sadique ! 


Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Que va-t-il se passer ? Va-t-on revoir Pierre ? Et pour Marie ? 

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant