8 : Union

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19 juillet 1297

Pierre faisait face à son reflet dans sa chambre. Sa chemise, son bliaud étaient déjà sur lui. Il enfila ses bottes que son serviteur avait fait briller la veille. Pierre s'apprêtait à accrocher son mantel à son surcot quand on toqua à la lourde porte en chêne. Il soupira et commanda à la personne d'entrer. Il s'arrêta net en voyant sa mère venir à lui.

- Mère ? Que se passe-t-il ?

- Comme tu es beau mon fils. Pourquoi avoir enfilé ton armure ? Pour plaire à ta future femme ?

- Entre autre mère. Vous désiriez me voir ?

- Assieds-toi mon enfant.

Pierre s'exécuta et dame Blanche le fit aussi. Elle posa une main sur celles de son fils et l'autre sur sa joue pour la caresser du pouce.

- Mon chéri, je sais que tu ne veux point épousailler damoiselle Hélène. Nous te faisons faire des choses que tu n'apprécies point forcément. Mais...

- Mère, je...

- Pierre ! Ce que nous faisons est pour le bien de la France, pour le bien du comté.

- Vous avez trahi le roy de France mère.

- Ton père pense qu'il ne peut se mêler des affaires de la Flandre et il est prêt à soutenir son ami le comte de Dampierre. Tu ne penses peut-être point comme lui mais tu es encore sous sa tutelle. Je suis persuadée que tu ferais la même chose pour ton frère.

- S'il trahit le roy et donc Dieu, je ne peux approuver une telle chose. Même s'il fait partie de ma famille.

- Pierre...

- Non ! Déclara Pierre en se levant. Nous avons prêté serment en tant que vassal devant Philippe le Quatrième, petit-fils du grand roi Louis IX. Nous ne pouvons nous parjurer mère.

Blanche de Lantagnac se leva à son tour et posa une main sur l'épaule de son fils pour le calmer.

- Mon cher Pierre. Je suis navrée que vous ne pensiez comme nous. Que vous pensiez que nous sommes des traîtres. Je vous laisse tranquille en espérant vous voir au banquet de ce soir.

Elle le baisa sur le front en faisant le signe de croix de son pouce sur l'arrière de son chef. Après qu'elle fut sortie, Pierre soupira et s'assit de nouveau sur son lit, mains sur son visage, pour réfléchir. Il se frotta le visage et finit par appuyer son menton sur ses mains jointes pour réfléchir devant la flambée. Lorsque les cloches sonnèrent, il passa son mantel autour de ses épaules et accrocha son épée à son baudrier. Puis il partit vers la forêt, s'assurant de ne pas être suivi.

Marie venait de revêtir la plus belle robe qu'elle avait : rouge bordeaux. Ses manches étaient collées jusqu'à ses poignets et le bas de la jupe s'arrête au niveau des chevilles. Même si le tissu était rugueux au toucher, Marie le portait à merveille. Une ceinture blanche en tissu entourait sa fine taille et ses souliers étaient blancs montrant sa pureté. Pendant que Marie lissait les plis de sa robe, sa mère passa derrière elle et déposa sur ses cheveux une couronne de fleurs composés de marguerites et de cyclamens. Une toile blanche était accrochée sur le dessus et descendait jusqu'à ses épaules. Elle la fit se retourner vers elle puis la serra dans ses bras. D'un geste, elle essuya une goutte qui quittait son œil pour rouler le long de son visage.

Elles sortirent par la porte et partirent rejoindre Pierre. Entre les arbres, la mère et la fille s'avancèrent vers le futur époux et son témoin, Guillaume de Lantagnac.
Pierre, entendant un bruissement, se tourna et aperçut Marie. Il attendit qu'elle s'approche de lui pour prendre sa main. Ils s'avancèrent tous deux vers le moine et s'agenouillèrent devant lui. Pendant ce temps, la mère et le frère prirent place aux côtés du membre de leur famille. Le prêtre fit le signe de la croix devant les futurs époux et dit :

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant