9 : Jugement

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Quelques jours plus tard, Marie se promenait dans le village près du castel. Comme tous les mercredi, elle allait au marché faire plusieurs emplettes. Alors qu'elle choisissait des fruits pour la semaine, une main frôla sa taille. Sursautant, elle se tourna et regarda de tous les côtés pour voir qui l'avait touchée. Lorsqu'elle vit son sourire, celui de Pierre, elle ne put s'empêcher de sourire aussi.

-      Que fais-tu... Que faites-vous ici monseigneur ?

Sans répondre, il la prit par le bras et courut près de la rivière. Ils descendirent sous le pont. Essoufflée Marie s'adossa dos contre le mur et Pierre posa ses deux mains à côté de son visage fin.

-      Pierre ! Que t'arrive-t-il ? Pourquoi cette précipitation ?

-      Je ne pouvais attendre de te voir. Je ne veux plus te quitter, je ne veux plus qu'on se cache. Pourquoi se cache-t-on d'ailleurs ? Dit-il en prenant un air interrogateur.

-      Peut-être parce que tes parents te déshériteraient s'ils apprenaient que tu t'étais marié avec une paysanne...

Il ne répondit pas et se pencha vers elle pour l'embrasser tendrement. Marie sourit et répondit à son baiser lorsqu'un bruit de pas précipités la ramena sur terre. Repoussant Pierre assez brutalement, elle lui posa un doigt sur la bouche pour qu'il se taise.

-      Tu as entendu ? Manda-t-elle.

-      Quoi donc ? Dit-il en fronçant les sourcils.

-      Ce bruit de pas...

-      Beaucoup de personnes passent sur ce pont Marie. C'est l'unique chemin vers le village.

A ce moment-là, un bruit de sabots s'arrêta juste au-dessus d'eux et un homme parla. Le nom du fils aîné du comte se fit entendre dans la conversation. Les deux amants tendirent leurs oreilles pour mieux écouter ce qui se disait.

-        ... Messire de Lantagnac... Père...  cherche...

Ce fut les seuls mots qu'ils purent distinguer avant que les deux personnes ne se séparent, le cheval se dirigeant vers le village et l'homme à pied vers le castel. Pierre regarda Marie, les sourcils froncés :

-       Je pense qu'il faut que j'y aille. Dirige toi calmement vers ta maison comme si tu revenais du marché.

-       Pourquoi t'inquiéter ? Il te cherche sûrement pour l'entraînement avec le fils Dampierre.

-        Je préfère être sur mes gardes. À plus tard mon amour, bailla-t-il en l'embrassant sur le front.

Marie opina du chef, prit son panier avec ses emplettes dedans et sortit de sous le pont calmement. Après avoir remis son jupon comme il le fallait, elle s'avança vers chez elle en chantonnant.
Pierre l'observa un moment en secouant le chef avec un sourire. Il marcha tranquillement vers son cheval, attaché à l'entrée du village, pour trotter jusqu'au castel. Arrivé à l'intérieur, il descendit de son destrier et s'avança vers les écuries, rênes à la main. Après s'être occupé tranquillement de sa monture, il fit un passage dans sa chambre pour se changer et être présentable devant son père.

Trois coups frappés et un « entrez » plus tard, Pierre fit face à son père debout devant sa mère qui, elle, était assise un peu plus loin. Les mains dans le dos, le fils aîné attendait le sermon.

-       Pierre... Je suis déçu... Nous sommes déçus. Je pensais t'avoir enseigné, avec ta mère, les valeurs de cette famille mais je crois m'être trompé. Devenir chevalier n'est pas à la portée de tous : il faut avoir un cœur noble, du courage mais aussi faire honneur à sa famille. Te souviens-tu de notre devise ?

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant