28 : Décision

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Plusieurs jours passèrent et Pierre réfléchissait toujours. Il n'avait pas parlé à Marie de son dilemme préférant la laisser en-dehors de tout cela. Il pesait le pour et le contre, préférant s'isoler pour réfléchir. De temps en temps, il croisait le fer avec ses hommes pour éviter de discuter avec les autres chefs. Il passait du temps avec son fils et sa femme, profitant de chaque petits moments.

Une semaine s'était écoulée et les chefs décidèrent de se réunir pour discuter du sort de Robert. Pierre entra en dernier dans la tente, les yeux baissés.

- Mes amis, un messager vient d'arriver. Ce que nous avons prévu se passe, déclara l'archevêque en posant un parchemin sur la table. Le roy propose de libérer Robert si nous nous rendons, que Dampierre ploie le genou devant lui et... que Pierre lui soit envoyé. Vivant.

- Je crois donc que nous n'avons pas le choix, dit Jean de Namur.

- Si vous parlez d'accepter, sachez que je suis prêt à le faire. Si cela peut...

- Arrêtez de dire des foutaises ! Je vous croyais plus intelligent que cela comte. En aucun cas je ne parlais de se rendre. Le roy a peut-être conquis Bruge et les villes principales de Flandre mais le peuple est avec nous.

- Vous vous lobez Jean, dit Guillaume de Juliers. Pierre écoutez moi. Si vous vous rendez, le roy n'épargnera pas Robert. Il sait qu'il est peu connu en Flandre, son père est vieux et ne sera donc point libéré. Il contrôle beaucoup de villes. Le peuple l'a soutenu dans ses conquêtes mais mes espions m'ont annoncé que les dépenses étaient grandes à chaque venue du roy, que les récoltes étaient mauvaises, que beaucoup d'hommes avaient péris. Nous n'avons pas l'avantage par rapport au roy. La guerre coûte cher.

- Vous allez me dire que nous n'allons rien faire ?! Dieu sera avec nous, dit Jean en tapant du point sur la table.

- Paix mes enfants, déclara calmement le clerc, nous devons être unis et non nous diviser. Nous allons refuser cette demande.

- Et qu'adviendra-t-il de Robert ? Nous allons l'abandonner ? S'il meurt, vous n'aurez plus aucun comte pour régner sur la Flandre.

- Nous en trouverons un autre soyez en sûr.

- Comme dit hier, je ne suis point votre homme. Donc sachez que malgré vos offres, je refuserai toujours cette place de comte de Flandre.

- C'est votre choix Lantagnac mais s'il ne revient pas en vie, nous devrons en choisir un, déclara Jean de Namur. Vous nous avez prouvé votre valeur sur le champ de bataille. De plus, je crois me souvenir que vous n'avez plus de fief.

- Mon cœur appartiendra toujours à la Gascogne, dit Pierre en se levant brusquement. Je récupérerai mon domaine dès que ce roy sera descendu du trône.

- Nous n'en doutons point mon ami, dit d'une voix douce l'archevêque. Ce n'était point une attaque envers votre fierté. Pour l'instant, élaborons un plan d'attaque pour notre revanche. Nous reparlerons de tout ça plus tard.

Palais du Louvre, France

Philippe le Bel était installé sur son fauteuil, sa femme à côté de lui et ses enfants dispersés autour d'eux. Une coupe de vin de Bordeaux à la main, il observait ses gens fêter leur victoire sur la plaine de Hainaut. Il avait capturé les Dampierre qui le menaçait, avait proposé un échange. Pourtant, les flamands continuaient de résister. Pourquoi ? Il était un bon roy, l'Église le soutenait dans ses démarches, les Templiers ne lui posaient pas de problèmes et ses nobles semblaient être contents de lui et de ses lois. Alors pourquoi les flamands ne le désiraient pas ?

Jeanne de Navarre, voyant son trouble, posa une main sur la sienne.

- Allons mon ami, pourquoi ne pas danser un petit peu ? Vos gens sont contents. Soyez le aussi.

- Je ne peux m'empêcher de penser à ce Pierre de Lantagnac. Je sais qu'il reviendra chercher son comté un de ces jours. Et si ce n'est pas lui ce sera ses enfants. Il faut que je profite du fait qu'il n'en ait pas pour me débarrasser de lui rapidement.

- N'êtes-vous point au courant ? Sa femme a mis au monde un petit garçon.

Le roy se tourna vers sa femme, les yeux grands ouverts par l'annonce faite.

- Comment êtes-vous au courant de cette information ? Mes espions ne m'ont pas prévenus.

- Une femme apprend plus de choses grâce à ses atouts et à ses amies que le roy et ses fidèles serviteurs, répondit Jeanne avec un sourire moqueur. Comment ai-je réussi à vous séduire et à apprendre différentes choses secrètes ?

- Nul doute que vous êtes meilleure que mes espions. Je devrais peut-être vous envoyer à leur place.

- Je ferai un ravage parmi vos ennemis mon ange. Pour revenir à ce Lantagnac, sachez que tôt ou tard, il mourra. Sur un champ de bataille. Il nous faut juste réfléchir au bon moyen de le faire.

- Et je suis persuadé que vous en trouverez un, ma mie.

- J'ai déjà ma petite idée !

Jeanne le regarda en souriant avant de l'embrasser. Puis le roy se leva et invita la reine à danser avec lui pour célébrer la victoire de la bataille et peut-être bientôt la fin de la guerre. Personne ne se doutait que la guerre ne faisait que commencer et que des plans se préparaient.
 

 

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant