4 : Hélène

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Le chant du coq réveilla Marie et elle se dépêcha de se vêtir pour ne pas être en retard comme toutes les fois. En sortant de la maison, elle prit le panier qui contenait des fruits pour en distribuer aux orphelins qu'elle croisait chaque jour. Sur son chemin, elle vit de nouveau Jean qui, cette fois, lui avait apporté une petite statuette en bois. Elle sourit et s'arrêta devant lui. Il s'agenouilla et tendit son cadeau vers elle en disant :

- Tiens. Voici une statue qui te représente et qui t'es destinée.

- Merci Jea...

- Elle nous portera chance.

- Nous... ?

- Oui dans notre amour.

Marie Castel leva les yeux au ciel et s'apprêta à lui dire de nouveau qu'elle n'avait aucun sentiments pour lui mais le jeune homme se releva et après l'avoir baisée sur la joue, il partit en courant vers le centre du village. D'un geste, la servante essuya sa joue, la bouche pincée et elle continua son chemin vers le castel. La hâte la prenait petit à petit à l'idée de voir Pierre de Lantagnac.
Sur le sentier rocailleux, elle donnait les quelques nectarines qu'elle avait pu cueillir la veille, aux enfants qui en réclamaient. Après quoi, elle passa la lourde porte en chêne de la cuisine et posa son panier sur la grande table.

- Ne pose pas ça ici, vilaine ! J'ai besoin de la table pour cuisiner.

Marie sourit à la cuisinière et laissa son panier où il était. Elle se dirigea vers Maria et l'embrassa sur la joue avant de partir vers l'aile ouest du château pour récupérer le linge sale des seigneurs. Après avoir tout mis dans un panier, elle posa tout sur la table et s'avança vers sa mère. Elle la baisa sur la joue et lui sourit. Sa mère lui répondit par un sourire aussi et un baiser sur le front. Elle hocha de la tête et reprit le panier pour aller retrouver celui qu'elle aimait près du lac.
Elle décida de s'arrêter près de l'arène où Pierre se battait, non pas contre son frère, mais contre Robert de Namur, fils du comte. De treize années son aîné, Robert dominait le combat. Il enchaînait passe sur passe et boutait son ennemi vers les barrières de l'arène. Marie regarda Pierre perdre son épée puis partit près du lac pour laver les défroques. Quelques instants plus tard, d'une manière habile et rapide, Robert vainquit Pierre. Le dos de ce dernier était contre le torse du vainqueur, une dague sur la gorge, prête à le pourfendre. Le vaincu tapa sur la main du damelot1 pour avouer sa défaite.

- Félicitations, félicitations ! Voici donc l'homme qui a battu mon fillot2 dans cette bastaille, bailla le comte de Lantagnac, j'espère que tu apprendras quelques stratégies à Pierre.

- Avec plaisir monseigneur. Je serais ravi de l'entraîner, répondit le fils Dampierre en inclinant le chef3.

- Tu odis4 cela Pierre ? Robert va t'entraîner afin que tu deviennes meilleur.

- Oui... Père. Pierre se tourna ensuite vers le jeune noble et inclina aussi le chef. Je vous suis reconnaissant de m'apprendre quelques passes. Si vous voulez bien m'excuser.

Il fit un bref sourire aux hommes avant de se diriger en-dehors de l'arène. Pensant rejoindre rapidement Marie, il fut, malheureusement, accosté par Hélène de Dampierre qui lui sourit en tendant un linge propre :

- Vous avez été très vaillant monseigneur et je suis persuadée que vous le battrez la prochaine fois.

- Merci damoiselle, votre frère est un habile guerrier, répondit Pierre en prenant le linge pour essuyer son visage, j'aimerais vous présenter votre servante qui vous aidera. Si vous êtes libre de toute occupation.

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant