17 : En route

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1er octobre 1297, dans la forêt du comté du Poitou


A travers champs et forêts, plusieurs personnes marchaient, tête baissée, vers un endroit inconnu. Ils fuyaient. Le roy qui avait détruit leur maison, qui avait ôté des vies innocentes. Depuis deux semaines qu'ils marchaient, s'arrêtant quelques heures pour se reposer. Celui qui avait été désigné chef des villageois, un certain Gaultier Gardefeu, motivait les siens. Il essayait de se renseigner du mieux qu'il pouvait auprès de son seigneur mais il était la plupart exclus des réunions sur les différentes embuscades réalisées durant leur trajet. Plusieurs hommes de Lantagnac étaient morts durant ces combats et plusieurs tentaient de s'enfuir pour essayer de sauver ce qui leur restait.
Agacé par l'attitude des nobles, Gaultier s'avança vers leur minuscule tente de rassemblement et entra. Il se mit sur un genou devant Pierre de Lantagnac, qui, surpris ne dit rien.

-       Monseigneur, commença le paysan, vous vous devez de nous dire ce qui se passe, ce que nous faisons. Vos hommes sont épuisés, certains veulent partir reconstruire leur vie. Si vous être vraiment notre comte, je vous supplie de ne pas nous délaisser.

Pierre de Lantagnac regarda ses frères d'armes avant de s'approcher vers Gaultier. Il s'agenouilla près de lui et l'aida à se relever, les mains sur les épaules de l'homme. Il s'approcha de la table où était disposée une grande carte.

-       Mon ami, sache que nous devons rejoindre notre allié et ami, Guillaume de Juliers. Un prêtre mais aussi un brillant stratège. Avec lui, nous allons délivrer Guy de Dampierre retenu Dieu sait où. Peut-être en saurons-nous plus dès notre arrivée.

-       Mais, sire, pour quelles raisons toutes ces embuscades ?

-       Pour affaiblir le roy de France.

-       N'est-ce pas un moyen de lui donner notre position ? Se risqua le paysan.

-       Au contraire, nous ne faisons aucun prisonnier, nous enterrons les corps, nous récupérons les objets de valeurs, les marchandises. Ils ne sauront point que c'est nous. Cela répond-il à toutes vos questions ?

-       Oui, monseigneur.

-       Ce fût une erreur de ne point vous accueillir à notre table de commandement. Désormais, vous ferez partie de toutes nos réunions.

-       Merci mon seigneur.

Il se retira ensuite pour annoncer la bonne nouvelle aux hommes et aux femmes.
Pierre fit un signe de tête à ses amis et soldats avant de sortir de la tente. Il respira l'air frais de la soirée puis s'avança vers la rivière pour se laver le visage et les mains, pour profiter du calme du soir avant de rejoindre ses hommes pour dîner autour du feu. Il prit de l'eau dans ses mains et s'aspergea le visage avec. Le jeune comte réfléchissait en même temps, sur la guerre, le roy de France, son frère mais surtout, Marie. Sa femme. Il ne savait pas ce qu'il lui avait pris de la gifler, il ne pouvait trouver d'excuses à ce qu'il avait fait. Il souffla longuement et se décida à aller la voir, pour la énième fois afin de s'expliquer avec elle.
Il marcha, tout en réfléchissant aux paroles qu'il allait prononcer, et se dirigea vers le feu de camp que les villageois avaient allumé. Il les voyait danser autour des flammes pour célébrer leur victoire du dernier combat. Soudain, il s'arrêta et fronça les sourcils. Avec qui dansait-elle ? La colère monta encore plus rapidement lorsqu'il reconnut le jeune homme. Guillaume. Pendant qu'il était en train de réfléchir à ce qu'il allait dire pour que Marie et lui retrouve leur complicité, voilà que son frère faisait la cour à sa demoiselle, sa femme.
Que dire de celle qu'il aimait ? Elle avait un grand sourire et Pierre pouvait voir qu'elle s'amusait. Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait vu rire de cette manière. Ce devait être avant son départ, sous le pont, alors qu'ils étaient deux jeunes amants qui venaient de se marier dans le secret. Il s'approcha d'un homme qui tenait une gourde d'une vinasse prise au français et la prit de ses mains. L'homme en question se leva près à en découdre mais une dague sur son ventre le stoppa net.

-       Un seul mot et je te perce ta grosse panse, est-ce clair ?

-       Oui mons...mon seigneur.

Il tapota la tête de l'homme en lui murmurant un « c'est bien » avant de boire tout en marchant et en regardant sa femme avec son frère. Comment osait-il ? Il lui avait pourtant répété que c'était sa femme.
L'alcool embrumant de plus en plus son cerveau, laissant place à toute la haine qu'il avait en lui. Envers son père, qui l'avait envoyé loin du château, de sa mère, qui ne l'avait pas soutenu, de son frère et de sa jalousie. Guillaume aimait peut-être Marie mais elle, elle ne l'aimait pas. Sa femme l'avait épousé. A moins que ce ne soit pour ses richesses et son titre ? Un grondement sourd sortit de sa gorge et il dégaina son épée pour commencer à s'avancer vers son frère. Il n'était qu'à quelques mètres du couple qu'une main se posa sur l'avant de son épaule et l'arrêta. Il releva les yeux, prêt à tuer l'insolent qui venait de l'interrompre.

-       Que fais-tu donc mon ami avec ton épée ?

-       Laisse-moi passer Robert. J'ai quelque chose à accomplir.

Robert ne mit pas longtemps à comprendre ce que cherchait à faire Pierre. Le regard de ce dernier était posé sur son frère et sa femme qui avaient fini de danser et parlaient, dos à eux. Robert de Namur posa son autre main sur le poignet qui tenait l'épée.

-       Pierre, lâche ceci. Tu sais très bien que ce n'est pas une bonne idée.

-       Qu'en sais-tu ? Répliqua le comte, que sais-tu de l'Amour ? Que sais-tu du mariage ?

-       Bien plus que toi. Je suis marié depuis treize années avec une femme que j'ai appris à aimer. Je n'ai pas eu la chance d'épouser celle qui avait pris mon cœur, mais petit à petit j'ai appris à connaître ma femme et elle a désormais, une place importante en moi.

-       Et où est-elle ?

-       Allons-nous asseoir d'abord mon ami, bailla Robert en l'aidant à se diriger vers un morceau de tronc pour s'asseoir, nous parlerons ensuite de nos vies tout en buvant.


* Je sais que ce dernier gif ne correspond pas vraiment à l'âge de Robert dans le livre mais bon j'aime bien cet acteur

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* Je sais que ce dernier gif ne correspond pas vraiment à l'âge de Robert dans le livre mais bon j'aime bien cet acteur...

* Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?

* Marie semble s'être rétablie (en tout cas lorsqu'elle est avec Guillaume). Ne s'éloignerait-elle pas de son mari ?

* Pierre va-t-il réussir à lui parler ?

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant