18 : Oublier

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Le jour suivant, la marche reprit sur la route vers les Flandres. Pierre de Lantagnac était en tête avec son frère et son ami. A la soirée, Pierre avait longuement discuté de sa situation avec Robert et une chose en particulier l'avait interpellé : « le couple heureux qui se reconnaît dans l'amour défie l'univers et le temps, il se suffit, il réalise l'absolu. » Qu'est-ce que cela voulait dire ? Il avait tenté de lui demander mais Robert était resté muet, préférant fixer les flammes. Il avait donc pris une décision. Il parlerait à Matie quoi qu'il arrive. Pierre tourna la bride de son cheval pour remonter la colonne des villageois jusqu'à la trouver elle. Il stoppa et descendit de son cheval pour la prendre par le bras et l'entraîner un peu l'écart.

Surprise, Marie se laissa faire, se demandant ce que Pierre faisait. Ce dernier lui prit la main et ensemble ils marchèrent sur le côté afin de ne pas être dérangé. Après avoir pris une grande inspiration, le jeune homme décida de se lancer :

-       Marie je pense que nous devons parler. Avant que tu ne me coupes, sache que je suis désolé de ce que je t'ai fait. Je suis désolé d'être parti et de ne pas avoir pu tenir tête à mes parents, je suis désolé de ne pas avoir pu affirmer devant tous que je t'aimais et que je t'aime toujours. Je ne sais ce qui s'est passé pendant mon absence mais je comprends que tu ne veuilles pas en parler. Je veux juste te dire qu'à partir de maintenant je ne te laisserai plus seule. Après tout, devant le moine je t'ai dit : « A tout jamais dans la Foi de Dieu et dans la mienne, saine ou malade, je promets de la garder.» Je t'aime et je t'aimerai toute ma vie Marie, ma très chère Marie.

Pierre ne la regardait pas lorsqu'il lui adressa ces mots. Il avait peur de sa réaction, peur qu'elle lui lâche sa main, peur qu'elle ne lui fasse plus jamais confiance, mais surtout, peur qu'elle n'aille se réfugier dans les bras de Guillaume. Au lieu de cela, Marie se plaça devant lui, sans lâcher sa main, et elle posa ses doigts fins sur la joue du jeune homme. Un petit sourire aux lèvres elle lui dit :

-       Pierre... Ce n'est pas à toi de t'excuser mais bien à moi. Je t'en ai voulu de m'avoir laissée seule pendant ces longues semaines, la vie au castel n'a pas été très facile mais avec Guillaume, que tu as chargé de me protéger, j'ai pu me ressaisir.
Marie baissa les yeux tout en enlevant sa main de la joue de son mari.
Ce qui s'est passé le jour de l'attaque restera gravé dans ma mémoire pour toujours, mais je veux avancer. Non pas seule, mais avec toi, mon mari. Comme l'a dit le moine, que nous conservions fidélité entière et que nous vivions toujours dans l'amour mutuel. Je t'aime Pierre mais j'ai peur de ne pas te mériter.

-       Tu te trompes, si je ne t'avais connu, je serais malheureux. Acceptes-tu ?

-       Accepter quoi ? Demanda Marie, les yeux humides.

-       De bien vouloir me pardonner et de revenir auprès de moi ?

-       Oui, répondit-elle après un silence.

Pierre lui sourit, heureux qu'ils aient fait un grand pas en avant. Il se pencha vers elle pour l'embrasser tendrement. Marie se mit sur la pointe des pieds, une main sur la nuque de celui qu'elle aimait. Ils étaient sur le point de s'embrasser lorsqu'un sifflement sourd se fit entendre et que le cheval du comte se cabra. Pierre se recula rapidement en sortant son épée du fourreau. Un cri derrière, lui fit tourner la tête. Un des villageois tomba à terre en tenant la flèche qui lui avait transpercé la poitrine.

-       Une embuscade ! Une embuscade ! Tout le monde en rang, hurla Guillaume de Lantagnac en galopant vers eux.

-       Guillaume, va mettre Marie ainsi que les femmes et les enfants en sûreté, dit Pierre en montrant du doigt un endroit où aller.

La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant