32 : Les Retrouvailles

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Durant un long moment, les mariés restèrent assis l'un contre l'autre. Au bout d'un certain temps, Pierre se leva et pris Marie dans ses bras en l'embrassant tendrement. Ils passèrent la nuit au cœur de la forêt se retrouvant seuls au milieu des hiboux et autres animaux de la nuit. Et ils s'aimèrent de toute leur âme et de tout leur corps.

Arras, 20 mars 1303

En pratiquement un an, les flamands avaient réussi à reprendre une bonne partie de la Flandre. Philippe le Bel, ne voulant pas paraître pour un roy faible, avait levé un autre impôt pour pouvoir monter une nouvelle armée. En six mois, tout était prêt et il avait envoyé ses hommes, sous le commandement de Gaucher de Châtillon.
Les troupes flamandes étaient parties à leur rencontre mais, au lieu de se battre, les commandants des troupes s'étaient rencontrés pour discuter. Actuellement en pleine discussion, Guillaume de Juliers tentait de raisonner Châtillon et trouver un moyen d'arrêter la guerre.

Les autres nobles attendaient dans le campement. Pierre était actuellement en train de combatte Jean de Namur. Les deux étaient torses nus car malgré la fraîcheur du printemps, les deux hommes étaient en sueurs. Avec ses dix années d'écart avec Pierre , Jean mettait en difficulté son adversaire. Après plusieurs passes d'armes, Pierre fit tomber son adversaire à terre et posa la pointe de son épée sur le torse de Jean.

- Pouvons-nous déclarer que je suis le vainqueur ?

- Je ne faiblirai point devant un Gascon !

Avec un grand sourire, Pierre retira son épée et recula de quelques pas pour continuer la joute. Jean, furieux de s'être fait avoir, récupéra son épée et se mit en garde.

Pendant ce temps, Marie étendait le linge avec Thibaud à ses côtés. Le petit garçon était âgé de trois ans depuis janvier. Il était assis dans l'herbe, en train de jouer avec une statuette en bois que son père lui avait sculptée. Cette dernière représentait un chevalier sur son destrier.

- Thibaud, viens nous rentrons, dit Marie en tendant la main vers son fils.

- Papa ?

- Nous passerons devant papa, promis.

Le petit garçon se redressa sur ses deux jambes tant bien que mal et avança avec difficulté vers sa mère. Elle attrapa de justesse sa main avant qu'il ne tombe. Tout doucement, ils marchèrent vers le campement et vers les hommes qui s'entraînaient. Anne, la nourrice, s'avança vers Marie :

- Ma dame, souhaitez-vous que je m'occupe de Thibaud ?

- Il voudrait aller voir son père s'entraîner, pourriez-vous l'emmener s'il vous plaît ?

Elle s'inclina et prit par la main Thibaud, ravi d'aller voir les hommes.
Marie le suivit du regard pendant un moment jusqu'à ce que son œil soit attiré par un mouvement rapide. Elle tourna la tête et vit deux hommes sortir de la tente. Elle ouvrit en grand la bouche lorsqu'elle reconnut la personne qui discutait avec Guillaume de Juliers. Les battements de son cœur et son souffle s'accélérèrent. Que faisait-il ici ? Depuis quatre ans qu'elle ne l'avait vu. Était-ce une épreuve ?
Elle se souvenait parfaitement de son nom : Gaucher de Châtillon. L'homme envoyé par Philippe le Bel pour réduire en cendre Castelroc. L'homme qui avait tué le comte de Lantagnac, sa mère, ses amis et qui par dessus-tout l'avait salie. A tout jamais.

Guillaume se tourna vers elle et le français aussi. Leurs regards se croisèrent et ce fût la chose de trop lorsqu'un sourire apparut sur son visage. C'était un sourire de politesse mais pour elle, c'était celui de vainqueur. Le même qu'il avait le jour du basculement.
Elle lâcha son panier à linge et poussa un grand cri aigu avant de tomber à terre, évanouie.

Pierre qui prenait le dessus, entendit le cri et il s'arrêta net. Dans sa tête, un seul prénom résonnait « Marie ». Il lâcha son épée, sauta par dessus la barrière installée et poussa les différentes personnes qui se tenaient là. Il chercha du regard sa femme et la vit allongée sur le sol, Guillaume de Juliers et le français à ses côtés.
Il arriva aux côtés de l'archidiacre et demanda :

- Que s'est-il passé ?

- Je ne sais mon enfant, elle nous a vu et une seconde après elle s'évanouissait.

Pierre passa ses bras sous les aisselles et les jambes de sa femme, et la souleva de terre. Il l'emmena jusque dans leur tente et la déposa sur le lit de fourrure. Il enleva une mèche de ses cheveux et l'embrassa sur le front, sa main toujours dans la sienne.

- Marie, mon amour, réveille toi.

Sa respiration était calme mais elle n'ouvrait toujours pas les yeux. Alors, Pierre attendit que le médecin du camp arrive. Lorsqu'il arriva, il s'inclina devant le comte et s'approcha de sa femme. Après un rapide diagnostic, le médecin se tourna vers Pierre et lui dit :

- Monseigneur, votre femme s'est évanouie.

- A quoi cela est dû ?

- Un choc ? Elle a remarqué quelque chose qui a provoqué cet état. Le mieux est de la laisser se reposer et de lui faire boire un bouillon dès qu'elle se réveille.

- Je vous remercie mire 1!

- Une dernière chose Monseigneur. Je lui conseille de trop éviter les agitations et les sources d'angoisse.

- Pour éviter qu'elle ne soit dans le même état ?

Avec une lueur de malice dans les yeux, le médecin répondit :

- Surtout pour qu'elle soit au mieux pour accueillir votre second enfant.

Il s'inclina et sortit de la tente, laissant Pierre bouche-bée. Lentement, il se tourna vers sa femme qui dormait toujours. Il s'allongea à côté d'elle et posant une main sur son ventre, il s'endormit à ses côtés.

1 : Mire : terme désignant un médecin.

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La Revanche de LantagnacOù les histoires vivent. Découvrez maintenant